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David Mallett, un coiffeur star à Paris

David Mallett, une star de la coiffure
Depuis plus de vingt ans, ce salon de coiffure situé dans le 2e arrondissement de Paris est l’un des secrets les moins bien gardés de la capitale parisienne. Au deuxième étage d’un bel immeuble de la rue Notre-Dame-des Victoires, le coiffeur David Mallett s’affaire avec ses équipes.
Bien qu’il soit aujourd’hui à la tête de trois autres salons – un à l’hôtel Ritz et deux à New York, et une ligne de soins à son nom, cet Australien aux allures de dandy reste fidèle au poste. Numéro l’a rencontré pour qu’il revienne sur son parcours exceptionnel.

Les débuts du coiffeur australien
Quel est votre premier souvenir lié aux cheveux ?
Je n’ai pas le souvenir d’un moment où les cheveux n’auraient pas fait partie de ma vie. Ma première source d’inspiration, c’est ma mère. Quand j’étais jeune, je la voyais mettre des bigoudis, porter des postiches. Ou alors, je l’accompagnais le samedi dans le salon de mon oncle Lee… Tout cela m’a ouvert un monde dans lequel je me suis immédiatement senti chez moi.
Devenir coiffeur était une vocation ou vous imaginiez une autre carrière ?
Honnêtement, il n’y a jamais eu de débat. Coiffer m’a toujours rendu heureux.
Avez-vous eu un mentor à vos débuts ?
Oui, Graham Sylvester, du salon Sloane’s à Sydney. Il m’a aiguisé l’œil et m’a appris à respecter profondément chaque client. Cette idée que le geste est artistique, mais aussi une responsabilité, ne m’a jamais quitté.

Et ensuite, qu’est-ce qui vous a influencé ?
Ceux qui m’ont formé ont façonné mon regard. Pour la coupe, Vidal Sassoon, sans hésiter. Sa méthode est devenue ma grammaire de base. Dans la mode, j’ai été marqué par une manière très ouverte, internationale et éclectique de diriger, mais toujours avec une signature forte. Et puis il y a eu les magazines. Les photos de Bruce Weber et Steven Meisel, Ray Petri et les magazines de musique aux looks expérimentaux. Tout cela m’a tellement inspiré que j’ai fini par quitter l’Australie pour créer ce genre d’images moi-même.
Comment résumeriez-vous votre parcours jusqu’à aujourd’hui ?
C’est difficile à raconter, parce que je regarde toujours plus vers l’avenir que vers le passé. J’ai vécu dans plusieurs pays, appris des langues, découvert des cultures. J’ai gardé de chacune ce qui résonnait le plus en moi, et c’est tout cela qui compose mon style aujourd’hui.
Le moment le plus marquant de votre carrière ?
Impossible d’en choisir un seul. Mais je dirai que la campagne Chanel avec Karl Lagerfeld et Christy Turlington reste inoubliable. Ces tresses ornées de camélias ont été exposées dans toutes les vitrines du monde. Le calendrier Pirelli en Afrique avec Peter Beard aussi. Deux expériences différentes, mais tout aussi extraordinaires.

Un salon aux allures d’appartement
Où coiffiez-vous avant d’ouvrir votre salon ?
Je travaillais en indépendant pour des magazines, campagnes, actrices… Et je coiffais chez moi, littéralement dans mon salon et ma salle de bain. À un moment, rincer des cheveux dans une baignoire n’était plus possible.
Comment est né ce concept d’un salon-appartement ?
Mes clients détestaient l’idée des salons traditionnels. J’ai donc voulu recréer l’atmosphère intime de chez moi, mais avec l’équipement d’un vrai salon comme des bacs, l’électricité ou des séchoirs. Un mélange de chaleur et de fonctionnalité.
Selon vous, pourquoi est-il encore l’un des salons les plus prisés de Paris ?
Parce que je suis présent. Six jours sur sept. Je supervise tout, de l’équipe, l’énergie, l’expérience. C’est pareil dans mes quatre salons internationaux. La curation est essentielle. C’est exigeant, mais c’est la seule manière de garantir le niveau que je veux offrir.

Un style devenu signature
Comment décririez-vous votre style ?
Éclectique, bohème, très influencé par les années 70-80 — Bowie surtout. Pour les cheveux, ma signature est discrète, naturelle, bohème, sans effort apparent.
Une coupe ou une couleur qui vous représente particulièrement ?
Les bobs courts, précis, avec des franges et des mèches très définies : j’adore. En couleur : des tons atténués, un peu délavés, avec une ombre douce à la racine.
Comment voyez-vous les tendances capillaires évoluer ?
J’adore l’esprit éclectique actuel. On mélange, on réinvente. J’ai un faible pour le retour des pixies courts, dégradés, très début des années 80. Je viens de cette époque, j’ai résisté au comeback… puis finalement, je l’aime encore plus maintenant.
Une tendance que vous adorez ? Une que vous ne supportez plus ?
Les boucles. Toutes les boucles, au diffuseur, XXL, à la Stevie Nicks, Kate Bush… J’ai officiellement tourné la page des cheveux raides. Et ce que je trouve toujours surcoté ? Les extensions.
Votre conseil pour une transformation audacieuse ?
Si vous êtes émotionnellement prêt(e), foncez. Les cheveux, c’est fait pour jouer. Ils repoussent, ils changent. Prenez des risques et amusez-vous.

Muse, créativité et inspirations
Une muse beauté ?
Linda Evangelista, qui est le caméléon absolu. Elle a montré au monde qu’on peut être rousse, blonde, brune, frangée, bouclée, dramatique ou naturelle… et rester sublime. Elle mérite une ovation.
Comment restez-vous créatif ?
En bougeant, en voyageant et en rencontrant des gens. Je lis énormément, je vais au cinéma plusieurs fois par semaine, je feuillette des magazines tout le temps. J’observe tout, dans le métro, dans les avions, partout. L’inspiration vient du neuf, de l’ancien, et de ce qui n’existe pas encore.
Votre coiffure la plus mémorable ?
Pour Numéro, il y a vingt ans : des cheveux très longs, décolorés, trempés dans du rose pour un effet aquarelle. Cela a lancé la tendance mondiale des pointes roses — et je suis convaincu que nous avons été les premiers.
Le projet dont vous êtes le plus fier ?
Mes collaborations avec Jean-Baptiste Mondino. Il avait ce don de faire ressortir en moi un génie que je ne voyais pas toujours. Travailler à ses côtés me poussait à devenir meilleur.

Les conseils de David Mallett
Votre conseil à un jeune coiffeur rêvant d’une carrière internationale ?
Être tenace et curieux. Mais aussi se nourrir du monde, et intégrer ce qui vous inspire dans votre propre langage.
Le secret d’une belle coiffure ?
Qu’elle soit en parfaite harmonie avec l’instant où elle est faite. C’est là que tout se joue.
Quels sont vos essentiels coiffure ?
Le sérum David Mallett, léger, brillant, irremplaçable. La laque Elnett de L’Oréal Paris., évidemment. Mais rien ne remplace le talent et une vraie esthétique — les produits viennent ensuite.
Le meilleur conseil pour des cheveux sains ?
Notre Salt Scrub et l’Elixir, faits dans les salles de massage : un soin naturel, presque une renaissance pour les cheveux.
Comment gérez-vous les demandes inadaptées ?
Toujours avec douceur. Jamais de négatif. Si je sens qu’une idée ne fonctionnera pas, je guide vers une alternative. Les clients viennent pour mon expertise ; quand ils l’écoutent, ils me remercient.
Le plus beau compliment que l’on puisse vous faire ?
Un bisou sur la joue et un bel avis.
Salon David Mallet, 14 Rue Notre Dame des Victoires, Paris 2e. Plus d’informations sur david-mallet.com