L’immense photographe James Barnor à l’honneur chez Saint Laurent Rive Droite
De mars au courant du mois d’avril, la boutique Saint Laurent Rive Droite met en avant l’œuvre de James Barnor, l’un des photographes ghanéens plus célèbres et reconnus, à travers une série de portraits en couleur et en noir et blanc.
par Nathan Merchadier.
Depuis son ouverture en juin 2019 au cœur de Paris, la boutique “arty” de Saint Laurent Rive Droite invite régulièrement des photographes et artistes de renom à exposer leur travail, de Sho Shibuya à Vanessa Beecroft récemment. Dans la lignée du concept store Colette, qui fermait ses portes en 2017 et dont la boutique Saint Laurent a repris l’emplacement au 213 de la rue Saint Honoré, le directeur artistique de la maison Anthony Vaccarello ambitionne plus généralement d’offrir un panel de la culture contemporaine. Ce mois de mars, il y présente le travail du photographe ghanéen James Barnor (aujourd’hui âgé de 93 ans) à travers une série de clichés et de portraits, en noir et blanc et en couleur, caractérisés par la quête d’un mouvement et emprunts d’une émotion forte.
Du photojournalisme à la photographie de mode, une pratique prolifique à la reconnaissance tardive
Basé entre Accra et Londres, le photographe James Barnor s’est attaché durant toute sa vie à capturer l’effervescence d’une époque d’après-guerre marquée par des bouleversements sociaux mais aussi à travers des personnalités : l’artiste né en 1929 a, entre autres, célébré dans de nombreux clichés la beauté des femmes issues de la diaspora africaine et récemment installées au Royaume-Uni. Au-delà de ses qualités visuelles et esthétiques, l’œuvre de James Barnor se distingue pour sa dimension politique. L’homme est en effet reconnu pour avoir été l’un des premiers photojournalistes ghanéens, notamment grâce à ses clichés des manifestations qui ont conduit à l’indépendance du Ghana (proclamée en 1957) publiés dans le quotidien Daily Graphic. S’étendant du reportage et du documentaire au portrait, en passant la photographie de mode, le travail de James Barnor, bien que prolifique, n’aura connu qu’une reconnaissance tardive. C’est en effet la Serpentine Gallery qui, en 2021, le consacre en présentant sa première rétrospective avant que celle-ci ne voyage à Lugano (Suisse) et à Detroit. Dans le cadre du très attendu festival des Rencontres de la photographie à Arles l’été dernier, son œuvre fait également l’objet d’une exposition personnelle à la fondation LUMA Arles, continuant d’asseoir sa notoriété et de l’affirmer comme l’un des photographes ghanéens les plus importants de son époque.
Le dialogue du photographe Campbell Addy avec son mentor James Barnor
En exposant le travail de James Barnor dans les deux boutiques Saint Laurent Rive Droite, à Paris et à Los Angeles, la maison célèbre également le destin d’anonymes et de célébrités passées devant l’objectif et l’œil affûté du photographe, à l’instar du boxeur Mohamed Ali et de l’animateur de radio Mike Eghan. L’exposition qui lui est consacrée dans la boutique Saint Laurent Rive Droite présente donc une vingtaine d’images, parfois inédites représentatives de l’esthétique de son travail dans les années 1960. À l’occasion de cette mise en lumière de l’artiste est aussi l’occasion pour Saint Laurent d’inviter le photographe londonien Campbell Addy à discuter avec James Barnor, qu’il considère comme son mentor, dans le cadre d’une interview. Revenant sur les débuts de James Barnor en tant que photographe de mode jusqu’à la création de son studio Ever Young, à Accra, cet échange passionnant est d’ores et déjà disponible sur la chaîne YouTube et le site internet de la maison.
L’exposition de James Barnor se tiendra de la fin mars jusqu’au courant du mois d’avril à la boutique Saint Laurent Rive Droite, Paris 1er.