L’avenir de la photographie est au Festival de Hyères
Pour la première fois cette année, le Prix American Vintage récompensait un des talents du Festival de Hyères 2017. Retour en images sur le lauréat et les 9 autres photographes finalistes, qui ont réalisé pour l’occasion un tirage unique à partir d’une sélection de pièces du label, partenaire principal de l'évènement.
Par La rédaction.
Grand partenaire du 32e Festival international de la mode et de la photographie à Hyères, le label français crée pour l'occasion le “Prix de la photographie American Vintage”. Parmi 10 finalistes, le lauréat a perçu une dotation d’une valeur totale de 15 000 euros, incluant la réalisation d'une campagne pour le label. Une belle initiative qui célèbre et soutient les jeunes prodiges de la photographie. "Découvrir et aider la jeune création est quelque chose qui me tient a cœur", commente, en effet, Michaël Azoulay, le fondateur du label.
Grand gagnant du Prix American Vintage 2017: Luis Alberto Rodriguez
Danseur de formation né à New York, Luis Alberto Rodriguez a appris la photographie en autodidacte. Ses clichés sur le corps en mouvement font se rencontrer différents domaines artistiques comme la danse, le cinéma et la mode entre tension et sensualité. L’anonymat de ses modèles, dont le visage est souvent recouvert d’un bout de tissu pose la grande question de la déstructuration de l’être. Des réflexions qui lui ont d’ailleurs aussi valu de remporté le Prix du Public de la ville de Hyères. Pour le Festival de Hyères et American Vintage, Luis Alberto Rodriguez a réalisé le portrait d’un jeune homme prêt à partir à l’aventure, en pleine nature et en toute liberté. Un artiste “en mouvement perpétuel, comme ses photos, qui correspond à la philosophie d’American Vintage”, commente Michaël Azoulay.
Les autres finalistes : Daragh Soden
Daragh Soden étudie actuellement la photographie documentaire à Newport (Pays de Galles). Sa première série Young Dubliners exposée à Hyères s’intéresse au visage de la jeunesse dublinoise actuelle. Sans filtre ni mise en scène, ses portraits du réel questionnent l’identité, le multiculturalisme ou encore le difficile passage de l’adolescence à l’âge adulte. Pour American Vintage, la photographe joue la carte de la mise en scène épurée et d'un casting jeune.
Lucie Khahoutian
Lucie Khahoutian est une artiste arménienne, membre du collectif artistique “Live Wild”, connue pour ses collages inspirés du dadaïsme. Deux de ses collages issus des séries Pomegranate et With All this Darkness Round Me I Feel Less Alone (titre emprunté à Samuel Beckett) seront exposés à Hyères. Des œuvres qui intriguent par leur caractère mystique et fantasmagorique, flirtant avec l’absurde pour mieux révéler les thèmes majeurs de l’artiste, comme la tradition caucasienne, la place de la femme en Arménie… La photographe joue avec ses influences orientales pour American Vintage, où les différentes pièces sont portées à la manière de voiles et de turbans, véritable portrait de touaregs 2.0.
Paul Rousteau
Diplômé de l’école d’art de Saint-Luc (Belgique) et de l’école de photographie de Vevey (Suisse), Paul Rousteau présente à Hyères deux séries : Strawberry Fields et Eurythmy Unfolds. Des clichés à l’univers onirique, qui sondent le réel en jouant avec le flou, la juxtaposition, l’usage de couleurs vives et puissantes. Une identité artistique affirmée, déjà exposée à la Fiac et à la Galerie Agnès b. à l’occasion de l’exposition Eden, Visions of Joy. Pour American Vintage, Paul Rousteau a joué sur le concept de distortion et de flou et propose un cliché à la beauté troublante.
Cordula Heins et Caroline Speisser
Le duo allemand diplômé de l’université des arts de Brême surprend par ses mises en scène absurdes et performances saugrenues : une femme se tient debout sur une armoire, un homme semble en lévitation sur une table, un autre emmitouflé dans une serviette fait face à son lit. Pour ces deux photographes, la chambre devient un huis clos qui cristallise tous les maux de notre société. À l’image de la série Ali qu’elles présentent à Hyères et qui s’attaque aux politiques d'immigration actuelles.
Sofia Okkonen
Sofia Okkonen est une photographe finlandaise spécialisée dans la photographie de mode. Son travail tourne autour de la beauté féminine perçue comme une mascarade et comme un mensonge universel. Avec sa série Rose qu’elle expose à Hyères, la photographe s’intéresse à tous les codes (du plus naturel au plus artificiel) qui construisent le concept de féminité, telles la gentillesse ou encore la sensualité. Une critique très actuelle, illustrée par des clichés rappelant des toiles de maître, au grain très épais comme vieilli par le temps.
Nolwenn Brod
Nolwenn Brod, diplômée de l’École des Gobelins, met en miroir la sensualité des corps et la force des paysages naturels. L’une tente de s’immiscer dans l’autre et inversement, questionnant ainsi la place de l’homme, lové, repoussé, ou distinct de cette nature insaisissable. Réflexion fascinante, l’homme dans le paysage est ici envisagé comme “représentation physique de son univers mental”, donnant un caractère très introspectif au travail de Nolwenn Brod.
Nancy Newberry
Nancy Newberry, photographe américaine basée au Texas, nous plonge dans le folklore adolescent de l’Amérique du milieu. Avec la série Halfway to Midland exposée au Festival d’Hyères, la photographe s’intéresse à l’univers des majorettes, véritable rite social américain. Une série qui semble répondre à son premier travail photographique intitulé Mum, qui s’intéressait à l’univers controversé des concours de beauté. Pour American Vintage, la photographe puise dans l'ADN du label et conjugue univers et folklore américain.
Themba Mbuyisa
Themba Mbuyisa est un jeune photographe originaire d’Afrique du Sud. À la croisée des traditions et des générations, Themba Mbuyisa capture la vie et les paysages de Johannesburg. À la manière d’un photographe de street style, le jeune artiste s’intéresse également au style et au vestiaire de ses sujets, dévoilant ainsi les multiples identités que peut revêtir son pays d’origine.
Roos Quakernaat
La photographe néerlandaise Roos Quakernaat, diplômée de la Gerrit Rietveld Academie d'Amsterdam, détourne avec humour les codes de la mode et de la figure féminine. Sur ses clichés ce n’est pas la femme qui se trouve sexualisée, mais plutôt les vêtements qu’elle porte. Des mises en scène brillantes inspirées d’un livre de bienséance à l’usage des femmes des années 50, que Roos Quakernaat a intitulé A proper Dish.