Hommage à John Baldessari, pionnier de l’art conceptuel
Ce 2 janvier, l'artiste californien John Baldessari s'est éteint à l'âge de 88 ans. Pour Numéro, Philippe Vergne, directeur du musée d’Art contemporain de Los Angeles jusqu'à mars dernier, avait décrypté l'une des œuvres de cette figure éminente et internationale de l'art contemporain.
Propos recueillis par Thibaut Wychowanok.
Pas la peine de regarder. Passez votre chemin. This Is Not to Be Looked at, le titre de cette œuvre de John Baldessari est une exhortation paradoxale. Ne faut-il pas la regarder, justement, cette œuvre, pour y lire cette phrase inscrite en noir et blanc qui lui donne son titre ? Et que ne faut-il pas regarder ? Au-dessus de cette assertion cinglante, le public découvre une reproduction photographique sur toile d’une couverture du magazine Artforum, elle-même reproduction d’une peinture de l’artiste Frank Stella. Cette œuvre nous dit finalement une chose très simple : la peinture n’est peut-être plus la chose à regarder. Ce modèle conventionnel est à dépasser. Nul n’est besoin de regarder ce “faux tableau” de Baldessari ni cette peinture de Frank Stella. Mais cette phrase de Baldessari n’est pas seulement un dénigrement de sa propre œuvre ou de la peinture. La revue Artforum, en tant que symbole de la critique d’art, n’échappe pas à la fronde de l’artiste. Les conventions de l’art, tout comme celles de sa critique, doivent être repensées. Cette œuvre de la collection du musée d’Art contemporain de Los Angeles est particulièrement importante à mes yeux car elle est, en un sens, programmatique. Ce tableau est un emblème de la manière de penser et de réfléchir à l’art, à laquelle nous essayons de nous astreindre. Au MOCA, nous présentons des œuvres historiques, bien sûr, des Pollock, des Rauschenberg… autant d’artistes qui, à un moment donné, ont repensé les conventions de leur art. Mais si l’ambition d’un musée d’art contemporain est d’être en phase avec son temps, il doit lui aussi repenser les modèles et les conventions. Il faut continuer, pour cela, à être à l’écoute des artistes d’aujourd’hui, des artistes qui proposent les avancées esthétiques les plus intéressantes. Voilà ce à quoi nous invitait déjà John Baldessari.
Pas la peine de regarder. Passez votre chemin. This Is Not to Be Looked at, le titre de cette œuvre de John Baldessari est une exhortation paradoxale. Ne faut-il pas la regarder, justement, cette œuvre, pour y lire cette phrase inscrite en noir et blanc qui lui donne son titre ? Et que ne faut-il pas regarder ? Au-dessus de cette assertion cinglante, le public découvre une reproduction photographique sur toile d’une couverture du magazine Artforum, elle-même reproduction d’une peinture de l’artiste Frank Stella. Cette œuvre nous dit finalement une chose très simple : la peinture n’est peut-être plus la chose à regarder. Ce modèle conventionnel est à dépasser. Nul n’est besoin de regarder ce “faux tableau” de Baldessari ni cette peinture de Frank Stella. Mais cette phrase de Baldessari n’est pas seulement un dénigrement de sa propre œuvre ou de la peinture.
La revue Artforum, en tant que symbole de la critique d’art, n’échappe pas à la fronde de l’artiste. Les conventions de l’art, tout comme celles de sa critique, doivent être repensées. Cette œuvre de la collection du musée d’Art contemporain de Los Angeles est particulièrement importante à mes yeux car elle est, en un sens, programmatique. Ce tableau est un emblème de la manière de penser et de réfléchir à l’art, à laquelle nous essayons de nous astreindre. Au MOCA, nous présentons des œuvres historiques, bien sûr, des Pollock, des Rauschenberg… autant d’artistes qui, à un moment donné, ont repensé les conventions de leur art. Mais si l’ambition d’un musée d’art contemporain est d’être en phase avec son temps, il doit lui aussi repenser les modèles et les conventions. Il faut continuer, pour cela, à être à l’écoute des artistes d’aujourd’hui, des artistes qui proposent les avancées esthétiques les plus intéressantes. Voilà ce à quoi nous invitait déjà John Baldessari.