11 juin 2021

David Uzochukwu, le jeune photographe qui fusionne l’humain et la nature

À tout juste 22 ans, le photographe austro-nigérian David Uzochukwu a déjà été exposé aux quatre coins du monde, de Berlin à New York en passant par Milan. S’il devient professionnel à seize ans, photographiant des artistes telles que FKA twigs, il s’est depuis lancé dans des études de philosophie, pour répondre aux nombreuses questions qui l’habitent. Cette année, le jeune homme dévoile sa dernière série photographique “Mare Mostrum”, un corpus visuel puissant où le mythe fantastique embrasse la cruelle réalité des migrants en Méditerranée.

Le parcours de David Uzochukwu est marqué par la précocité. S’il commence à tirer le portrait de ses amis à l’âge de dix ans, il entame sa carrière professionnelle à seize puis, seulement un an plus tard, photographie la chanteuse FKA Twigs qu’il transforme en gorgone au Mexique pour une campagne Nike. Ce succès fulgurant, le photographe austro-nigérian le doit d’abord à sa nature perfectionniste. “Je travaille à un rythme lent. Une seule image me prend plusieurs jours de préparation, et je ne shoote pas avant d’être sûr que je vais obtenir l’image que j’ai imaginé. Sinon, je recommence tout.”, confie-t-il. Autodidacte, le jeune homme se forme grâce à des tutoriels sur internet et construit peu à peu une esthétique fantastique qui met la retouche au service d’un rendu surréaliste, créant des compositions qui fusionnent les éléments naturels au corps humain. “J’ai toujours été fasciné par la nature, et par la connexion entre la nature et les humains. Elle fait partie de nous, nous la reflétons, et pourtant nous la façonnons pour qu’elle nous reflète à son tour.” Dans son portfolio se succèdent alors une femme à la queue de sirène, un visage dont les cheveux se fondent à une fumée vaporeuse ou encore un vieillard dont la chevelure se mêle à une flopée de serpents, autant de tableaux à la composition inquiétante ou onirique témoignant tous d’une volonté de créer un univers où l’humain et la nature se rencontrent sans limite.

 

D’abord, c’est son propre corps que le photographe métamorphose. S’il se délecte de pouvoir projeter sur d’autres modèles ses rêveries d’enfant, David Uzochukwu avoue apprécier l’autoportrait en ce qu’il lui permet d’abandonner la nécessité de mettre des mots sur ce qu’il imagine, affranchi de toute intervention intermédiaire entre lui-même  et sa création. Alors, il échafaude un monde où il se dévoile seul, souvent dénudé, tantôt plongé dans le sang, dans les cristaux ou le désert, jusqu’à adopter des bras de mante religieuse et les dresser devant une mer calme. Les yeux clos, en posture foetale ou allongée, le photographe s’oublie dans un état qui mêle force et vulnérabilité, féminin et masculin.“À un moment, lorsque l’on réalise que le genre n’est plus important, on peut commencer à s’amuser. À créer des images qui ne ressemblent à rien d’autre, et qui pourtant semblent familières.”

Le parcours de David Uzochukwu est marqué par la précocité. S’il commence à tirer le portrait de ses amis à l’âge de dix ans, il entame sa carrière professionnelle à seize puis, seulement un an plus tard, photographie la chanteuse FKA Twigs qu’il transforme en gorgone au Mexique pour une campagne Nike. Ce succès fulgurant, le photographe austro-nigérian le doit d’abord à sa nature perfectionniste. “Je travaille à un rythme lent. Une seule image me prend plusieurs jours de préparation, et je ne shoote pas avant d’être sûr que je vais obtenir l’image que j’ai imaginé. Sinon, je recommence tout.”, confie-t-il. Autodidacte, le jeune photographe se forme grâce à des tutoriels sur internet et construit peu à peu une esthétique fantastique qui met la retouche au service d’un rendu surréaliste, créant des compositions qui allient les éléments naturels au corps humain. “J’ai toujours été fasciné par la nature, et par la connexion entre la nature et les humains. Elle fait partie de nous, nous la reflétons, et pourtant nous la façonnons pour qu’elle nous reflète à son tour”, explique-t-il. Dans son portfolio se succèdent alors une femme à la queue de sirène, un visage dont les cheveux se fondent à une fumée vaporeuse, un vieillard dont la chevelure se mêle à une flopée de serpents, autant de tableaux à la composition inquiétante ou onirique, qui témoignent toutes de sa volonté de créer un univers où la nature et l’homme se fondent sans limite.

 

 

D’abord, c’est son propre corps qu’il métamorphose. S’il se délecte de pouvoir donner vie à ses rêveries d’enfant, il avoue apprécier cette pratique car elle lui permet d’abandonner la nécessité de mettre des mots sur ce qu’il imagine, affranchi de toute intervention intermédiaire entre sa pensée et son œuvre. Alors, il crée un monde d’abord peuplé de lui seul, à l’aide d’autoportraits où il apparaît souvent dénudé, plongé dans le sang, les cristaux ou le désert ; ou même étendant des bras vengeurs de mante religieuse, dressé devant une mer calme. Les yeux clos, la posture foetale ou allongée, le photographe s’oublie dans un état qui mêle force et vulnérabilité, féminin et masculin.“À un moment, lorsque l’on réalise que le genre n’est plus important, on peut commencer à s’amuser, explique-t-il, à créer des images qui ne ressemblent à rien d’autre, et qui pourtant semblent familières.

« Styx ». © David Uzochukwu / Galerie Number 8

Ces dualités – entre homme et nature, entre force et vulnérabilité, féminin et masculin –, amènent le photographe à se poser des questions métaphysiques. Alors, celui qui a commencé à se professionnaliser en photographie très jeune entame des études de philosophie à vingt ans, qu’il suit à Berlin. Sur les bancs de l’université, l’artiste nourrit son esprit de la pensée d’auteurs – entre les réflexions sur le genre et la nature de Joseph Butler et la pensée radicale du philosophe post colonial Achille Mbembe – puis incorpore ses trouvailles métaphysiques dans son art ; et c’est en se plongeant dans les livres qu’il a réalisé combien son travail revêtait un sens politique.

 

 

Car si l’air, le feu et la terre étaient déjà au cœur de son travail, c’est autour de l’eau, élément aussi salvateur que cruel, que David Uzochukwu a construit sa dernière série de photographie, Mare Mostrum, commencée en 2016. À travers cette série d’images, réalisée sur les côtes italiennes et sénégalaises, le photographe s’est approprié l’imagerie fantastique des merpeople (“gens de la mer”), incarnée par des modèles noirs, qu’il voit comme un moyen de reprendre le contrôle sur leur représentation. “Il y a du pouvoir politique dans cette façon de libérer son imagination, de se réapproprier un folklore”, déclare-t-il. Une sirène aux écailles émeraudes à peine immergée dans une eau noirâtre, un dos recouvert d’une nageoire dorsale scintillante, et autres créatures hybrides et douces évoluent alors dans le décor somptueux d’une mer immense, tantôt salvatrice, tantôt destructrice. “La mer est devenue le symbole du drame des migrants ces dernières années, s’érigeant en barrière naturelle entre les hommes et les pays, constate le photographe. Je voulais montrer cet aspect, mais également la façon dont l’eau, et sa traversée, transforme les gens”. Alors le photographe s’est appliqué à créer des tableaux crépusculaires aux couleurs douces, dont la lumière, théâtrale et subtile, diffuse une mélancolie lancinante, miroir d’une douleur bien réelle.

 

 

Découvrez le travail de David Uzochukwu sur son site internet.