À Reims, Ruinart ouvre les portes de son jardin foisonnant d’œuvres d’art
Adresse historique de la maison Ruinart en plein centre de Reims, le 4 rue des Crayères vient enfin d’ouvrir ses portes au public, invitant à découvrir son vaste jardin et ses dizaines d’œuvres contemporaines signées Eva Jospin, Cornelia Konrads ou encore Dewar et Gicquel.
Par Maïlys Celeux-Lanval.
L’écrin de la maison Ruinart à Reims
À l’écart du centre-ville de Reims, le 4 rue des Crayères est l’adresse historique de la maison de champagne Ruinart. C’est ici que se retrouvent, depuis sa fondation en 1729, les équipes de production, les dirigeants, les petites mains ; c’est aussi ici que, sur rendez-vous uniquement, les visiteurs curieux s’enfoncent dans les profondeurs du sol pour y découvrir les fascinantes crayères.
Mais en voyant approcher son trois centième anniversaire, Ruinart a voulu s’offrir un lieu d’accueil plus ouvert, plus souple. Un bar où les Rémois comme les touristes de passage pourraient musarder, un jardin où ils se baladeraient, s’imprégnant d’un sentiment de nature bien connu de ceux qui travaillent la vigne.
Un jardin boisé, des sculptures, un bar, et des crayères
Après trois ans de travaux, le rêve est devenu réalité : le 4 rue des Crayères n’est plus seulement une adresse mais un nom. Depuis le 5 octobre, on y entre librement, gratuitement et sans réservation pour, d’abord, arpenter un chemin délicat qui serpente dans un jardin conçu par le paysagiste Christophe Gautrand. Puis pour voir apparaître un pavillon, comme une parenthèse évanescente, dessiné par l’architecte japonais Sou Fujimoto, et aménagé et meublé par le designer Gwenaël Nicolas.
Là se tient un bar dont la terrasse s’ouvre sur le parc boisé de 7 000 m2 , où des œuvres émergent comme des surgissements poétiques et étonnants. D’une sculpture monumentale en pierre opérant l’association incongrue d’une chaussure, d’un escargot et d’une flûte à bec (œuvre du duo franco-britannique Dewar et Gicquel), à un arbre fantasmagorique en bronze et verre coloré du plasticien Pascale Marthine Tayou.
Des œuvres signées Eva Jospin, Cornelia Konrads et Jeppe Hein
Il faut ici rappeler que l’histoire de Ruinart est étroitement liée à l’art, surtout depuis que la maison a confié la réalisation de sa première affiche à l’illustrateur bien connu Alfons Mucha. Ces quinze dernières années, elle a tâché de nouer des liens avec la création contemporaine en donnant carte blanche à David Shrigley, Eva Jospin ou Jeppe Hein afin de réaliser des coffrets à bouteilles, mini œuvres en édition limitée. Pour le projet du parc de sculptures, une vingtaine de plasticiens (dont certains déjà familiers de la maison, comme Jospin et Hein) ont été conviés à venir passer du temps sur place, puis à proposer une œuvre de leur choix.
Si les artistes n’étaient pas tenus d’évoquer l’histoire de ces terres de Champagne, certains ont tout de même choisi de le faire. Comme l’Allemande Cornelia Konrads, qui a conçu une arche à partir de ceps de vigne, ou le Britannique Marcus Coates, dont les drapeaux, changés quotidiennement, racontent un peu de la nature du domaine, et ajoutent encore au charme de ce lieu jusqu’alors confidentiel.