Le mobilier fantastique de Vincenzo De Cotiis chez Carpenters
Architecte et designer depuis plus de 30 ans, Vincenzo De Cotiis allie lumière et matières pour composer des environnements poétiques. Sa première exposition personnelle en France se tient jusqu'au 21 décembre à Paris, à la Carpenters Workshop Gallery : une collection d'objets inédits traversés par les influences nippones et son goût pour l'iridescence.
Par Matthieu Jacquet.
Des lampes suspendues flottent comme des nuages cotonneux pendant que leur lumière se reflète dans des tables basses aux allures de rochers miroitants polis par l’eau salée. Voici un aperçu des créations de Vincenzo De Cotiis qu’expose la Carpenters Workshop Gallery à Paris, où la beauté du naturel résonne avec son époustouflante technique. Un monde poétique composé de guéridons, tables, chaises, banc, buffet, tabourets et lustres présenté, jusqu’au 21 décembre, au sein de sa première exposition personnelle en France, Éternel, dévoilant de nombreuses pièces inédites réalisées durant ces derniers mois.
Âgé de 61 ans, Vincenzo De Cotiis présentait à la dernière Biennale de Venise une œuvre fascinante : un mur en fibres de verre recyclé, miroir et cuivre argenté, long de 17 mètres, qui s’intégrait remarquablement au décor de la Galleria Giorgio Franchetti alla Ca' d'Oro, occupée dans sa totalité par la colossale exposition Dysfunctional de Carpenters. Une œuvre qui témoignait d’une des spécificités de l’artiste : aussi bien architecte que designer, l’Italien a en effet de l’espace une vision totale ; pour lui, un siège et une table ont d’autant plus de sens lorsqu’ils reflètent l’éclairage et répondent au décor qui les accueille. À Paris, c’est donc en toute logique que Vincenzo De Cotiis retapisse l’espace de la galerie de papier peint gris et va jusqu’à en modifier les lumières, pour présenter ses créations dans des conditions optimales.
Réfléchir la lumière et la couleur en soulignant l’aspect organique du matériau : telle est l’ambition du designer italien dans cette nouvelle collection. Fortement inspiré par le Japon, il y fait aussi bien référence dans les structures en cuivre de ses luminaires rappelant les branches du bambou que dans l’épurement de ses volumes et leur apparente simplicité. C’est là que triomphe son précieux talent : une capacité à rendre évidents des assemblages et des techniques laborieuses et complexes, qui génèrent dans le détail de ses pièces d’étonnants paysages abstraits.
Vincenzo De Cotiis emploie en effet des méthodes sophistiquées : il condense des fibres de verre recyclées, les enveloppe dans de la gaze et y injecte de la résine sous vide; sculpte un granit spécial extrait du Brésil pour faire apparaître l’améthyste qu’il contient; ou bien recouvre ses volumes (moulés dans l’aluminium) de couches de cuivre, de nickel et de zinc avant de les polir, pour obtenir l’effet iridescent qui le fascine tant. Unique, chacune de ses pièces, par sa patine particulière, porte alors la trace d’une inscription dans le temps, sublimée par ces effets de matières, et transcende sa fonction pour s’établir en véritable œuvre d’art.
Vincenzo De Cotiis, Éternel, du 16 octobre au 21 décembre à la Carpenters Workshop Gallery, Paris 4e.
À l’occasion de l’exposition paraît également une monographie très complète du designer, enrichie par un grand nombre de ses croquis : Vincenzo De Cotiis : Works, édité par Rizzoli Electa (2019).