16 oct 2023

Who is Mohamed Bourouissa, one of the greatest artists of his generation featured on the cover of Numéro art 13?

En couverture du Numéro art 13, Mohamed Bourouissa est mis à l’honneur cette saison au LaM près de Lille et au Palais de Tokyo à Paris. Une double exposition événement qui lèvera le voile sur de nouvelles productions tout en rassemblant certaines pièces iconiques, à l’instar de son film Temps mort, coréalisé avec un détenu en prison. Fin septembre, il dévoilait également sa première mise en scène d’une pièce de théâtre, Quartier de femmes, écrite par Zazon Castro.

Portraits by Daniel Roché.

Portraits by Daniel Roché.

Text by Ingrid Luquet-Gad.

Text by Ingrid Luquet-Gad.

With Franco-Algerian artist Mohamed Bourouissa, you immediately feel that a classic retrospective wouldn’t be quite the ticket. “I believe my works can always evolve, that they’re not necessarily finished,” he says, sidestepping the issue when asked about the prospect of a back-to-back pair of solo exhibitions at two major French art institutions. Instead, we find him dealing in metamorphoses or even metempsychoses as strategies to evade museums’ embalming tendencies. The first of his shows to open, on 29 September at LaM, near Lille, combines “remixed” old pieces with brand-new works under the title Attracteur étrange (Strange Attractor). 

Avec Mohamed Bourouissa, on pressent d’emblée que l’idée d’une rétrospective classique ne colle pas. Au moment où deux institutions françaises s’allient pour déployer sa vision, il botte en touche; “J’estime que mes œuvres peuvent toujours évoluer, qu’elles ne sont pas forcément finies.” Alors, cela sera autre chose; la métamorphose ou même la métempsycose contre la muséification, quand bien même l’automne n’en sera pas moins placé sous le signe du plasticien franco-algérien. À partir du 29 septembre, le LaM, à côté de Lille, ouvrira le bal avec “Attracteur étrange”, une proposition qui lie les pièces anciennes – remixées, donc – à de nouvelles productions. Là, notamment, quelque chose de la méthode Bourouissa s’observe déjà en acte.

With Franco-Algerian artist Mohamed Bourouissa, you immediately feel that a classic retrospective wouldn’t be quite the ticket. “I believe my works can always evolve, that they’re not necessarily finished,” he says, sidestepping the issue when asked about the prospect of a back-to-back pair of solo exhibitions at two major French art institutions. Instead, we find him dealing in metamorphoses or even metempsychoses as strategies to evade museums’ embalming tendencies. The first of his shows to open, on 29 September at LaM, near Lille, combines “remixed” old pieces with brand-new works under the title Attracteur étrange (Strange Attractor). 

Avec Mohamed Bourouissa, on pressent d’emblée que l’idée d’une rétrospective classique ne colle pas. Au moment où deux institutions françaises s’allient pour déployer sa vision, il botte en touche; “J’estime que mes œuvres peuvent toujours évoluer, qu’elles ne sont pas forcément finies.” Alors, cela sera autre chose; la métamorphose ou même la métempsycose contre la muséification, quand bien même l’automne n’en sera pas moins placé sous le signe du plasticien franco-algérien. À partir du 29 septembre, le LaM, à côté de Lille, ouvrira le bal avec “Attracteur étrange”, une proposition qui lie les pièces anciennes – remixées, donc – à de nouvelles productions. Là, notamment, quelque chose de la méthode Bourouissa s’observe déjà en acte.

Naturally, his greatest hits are all present, those that made his name in the second half of the 2000s, such as Temps mort, the movie he directed in 2008–09 while still a film student at Le Fresnoy. Co-created with a prisoner, Al, it features photos that the artist had him take with his cell phone (which wasn’t yet “smart” back then) of the everyday details of life inside, something we don’t usually see represented. Other career highlights take their place in the rooms that follow, whose hang may surprise by the number of drawings displayed, serial works in nervous graphite or fluid watercolour. Then there are the pieces that morph over time, like the installation Les Oiseaux de Paradis, begun in 2013 under the title The Whispering of Ghosts – as it was labelled in 2018 at the Tenth Liverpool Biennial – before being renamed Pas le temps pour les regrets at the Marcel Duchamp Prize exhibition that same year. Since then, it has continued its metempsychoses as a sounding board for uncomfortable questions about the Blida-Joinville psychiatric hospital in Algeria, the writer and psychiatrist Frantz Fanon, and how minds may be colonized. 

Certes, les “hits” sont présentés, ceux qui l’auront fait connaître dans la seconde moitié des années 2000. C’est le cas de Temps mort, le film qu’il réalise en 2009, alors qu’il est encore étudiant au Fresnoy, selon un procédé de cocréation avec un détenu, Al, à qui l’artiste demande de réaliser des images au téléphone portable – pas vraiment encore “smart” – d’un quotidien d’ordinaire privé de représentation. Mais surtout, ils le sont dans l’enchaînement d’autres pièces, celles qui surprennent peut-être, par la place accordée à la pratique du dessin sériel, au graphite nerveux ou à l’aquarelle fluide; celles également qui, matériellement, mutent et se défilent, à l’instar de l’installation Les Oiseaux de paradis. Initiée en 2013, elle aura auparavant été connue sous le nom de The Whispering of Ghosts (lors de la 10e Biennale de Liverpool en 2018), puis Pas le temps pour les regrets (à l’occasion de l’exposition du prix Marcel-Duchamp la même année), poursuivant sa métempsycose et faisant résonner ses questionnements lancinants, à propos de l’hôpital de Blida-Joinville, de l’écrivain et psychiatre Frantz Fanon et de la colonisation des esprits.

Naturally, his greatest hits are all present, those that made his name in the second half of the 2000s, such as Temps mort, the movie he directed in 2008–09 while still a film student at Le Fresnoy. Co-created with a prisoner, Al, it features photos that the artist had him take with his cell phone (which wasn’t yet “smart” back then) of the everyday details of life inside, something we don’t usually see represented. Other career highlights take their place in the rooms that follow, whose hang may surprise by the number of drawings displayed, serial works in nervous graphite or fluid watercolour. Then there are the pieces that morph over time, like the installation Les Oiseaux de Paradis, begun in 2013 under the title The Whispering of Ghosts – as it was labelled in 2018 at the Tenth Liverpool Biennial – before being renamed Pas le temps pour les regrets at the Marcel Duchamp Prize exhibition that same year. Since then, it has continued its metempsychoses as a sounding board for uncomfortable questions about the Blida-Joinville psychiatric hospital in Algeria, the writer and psychiatrist Frantz Fanon, and how minds may be colonized. 

Certes, les “hits” sont présentés, ceux qui l’auront fait connaître dans la seconde moitié des années 2000. C’est le cas de Temps mort, le film qu’il réalise en 2009, alors qu’il est encore étudiant au Fresnoy, selon un procédé de cocréation avec un détenu, Al, à qui l’artiste demande de réaliser des images au téléphone portable – pas vraiment encore “smart” – d’un quotidien d’ordinaire privé de représentation. Mais surtout, ils le sont dans l’enchaînement d’autres pièces, celles qui surprennent peut-être, par la place accordée à la pratique du dessin sériel, au graphite nerveux ou à l’aquarelle fluide; celles également qui, matériellement, mutent et se défilent, à l’instar de l’installation Les Oiseaux de paradis. Initiée en 2013, elle aura auparavant été connue sous le nom de The Whispering of Ghosts (lors de la 10e Biennale de Liverpool en 2018), puis Pas le temps pour les regrets (à l’occasion de l’exposition du prix Marcel-Duchamp la même année), poursuivant sa métempsycose et faisant résonner ses questionnements lancinants, à propos de l’hôpital de Blida-Joinville, de l’écrivain et psychiatre Frantz Fanon et de la colonisation des esprits.

Material control, immaterial control: the opposition would seem head-on and dead-end if Attracteur étrange were not to be followed by a second chapter, set to open at Paris’s Palais de Tokyo in February 2024. “Where the first show is rather classic in form, the second has a more conceptual dimension, because I really conceived it in the manner of an an LP,” explains Bourouissa. “At the Palais de Tokyo, I’d like visitors to feel as though they’re inside an album.” And, indeed, it is through sound, and more precisely its therapeutic dimension, that he has opened a new chapter in his oeuvre. “I’ve started sculpting space through sound; sound pieces, or simply music, are now becoming a leitmotif in my work.” 

Contrôle matériel, contrôle immatériel; l’opposition semblerait frontale et sans issue si l’exposition ne se poursuivait pas par un second volet. Au terme de la première, en effet, le Palais de Tokyo emboîtera le pas au LaM dès février 2024. “Là où la première est plus classique dans sa forme, la seconde possède une dimension plus conceptuelle. Au Palais de Tokyo, j’aimerais que le·la visiteur·ice se sente comme dans un album de musique.” Précisément, c’est bien par le son, et sa dimension thérapeutique, que l’artiste amorce une nouvelle phase; “Je commence à sculpter l’espace par le son, et les pièces sonores, ou la musique tout court, sont en train de devenir un leitmotiv dans mon travail.”

Material control, immaterial control: the opposition would seem head-on and dead-end if Attracteur étrange were not to be followed by a second chapter, set to open at Paris’s Palais de Tokyo in February 2024. “Where the first show is rather classic in form, the second has a more conceptual dimension, because I really conceived it in the manner of an an LP,” explains Bourouissa. “At the Palais de Tokyo, I’d like visitors to feel as though they’re inside an album.” And, indeed, it is through sound, and more precisely its therapeutic dimension, that he has opened a new chapter in his oeuvre. “I’ve started sculpting space through sound; sound pieces, or simply music, are now becoming a leitmotif in my work.” 

Contrôle matériel, contrôle immatériel; l’opposition semblerait frontale et sans issue si l’exposition ne se poursuivait pas par un second volet. Au terme de la première, en effet, le Palais de Tokyo emboîtera le pas au LaM dès février 2024. “Là où la première est plus classique dans sa forme, la seconde possède une dimension plus conceptuelle. Au Palais de Tokyo, j’aimerais que le·la visiteur·ice se sente comme dans un album de musique.” Précisément, c’est bien par le son, et sa dimension thérapeutique, que l’artiste amorce une nouvelle phase; “Je commence à sculpter l’espace par le son, et les pièces sonores, ou la musique tout court, sont en train de devenir un leitmotiv dans mon travail.”

If, today, Bourouissa is thinking about duration, about how to link the arts of space and those of time, it’s in part because of a new adventure that kept him busy all last year, and whose results were also unveiled this autumn. Namely theatre. “For me, theatre is a bit different to what I’ve been doing up till now. The reality of time is entirely inherent to its progression and this in turn permeated my approach to the exhibition.” Co-written with Zazon Castro and directed by Bourouissa, the play in question, Quartier de femmes, emerged from writing workshops he ran in a women’s goal. The monologue of a female prisoner, the piece premièred at LaM on 1 October. 

 

Mohamed Bourouissa, « Attracteur étrange », until January 21, 2024 at LaM, Villeneuve-d’Ascq. 
« Mohamed Bourouissa », from February 16 to June 30, 2024 at the Palais de Tokyo, Paris 16e.

Et si Mohamed Bourouissa réfléchit aujourd’hui à la durée, à la manière de lier arts de l’espace et arts du temps, cela a tout à voir avec la nouvelle aventure qui l’a occupé l’an passé et dont le résultat a été lui aussi dévoilé cet automne; le théâtre. “Pour moi, le théâtre est un peu différent par rapport aux pratiques que j’ai eues. La réalité du temps est totalement inscrite dans la progression et ça a beaucoup imprégné en retour la manière dont je vois l’exposition.” La pièce en question, Quartier de femmes, est le monologue d’une femme traversant une prison et sa vie. Écrite par Zazon Castro et mise en scène par l’artiste, elle est le fruit d’ateliers d’écriture menés avec des femmes détenues. La première a eu lieu au LaM le 1er octobre.

 

Mohamed Bourouissa, “Attracteur étrange”, jusqu’au 21 janvier 2024 au LaM, Villeneuve-d’Ascq. 
“Mohamed Bourouissa”,  du 16 février au 30 juin 2024 au Palais de Tokyo, Paris 16e.

If, today, Bourouissa is thinking about duration, about how to link the arts of space and those of time, it’s in part because of a new adventure that kept him busy all last year, and whose results were also unveiled this autumn. Namely theatre. “For me, theatre is a bit different to what I’ve been doing up till now. The reality of time is entirely inherent to its progression and this in turn permeated my approach to the exhibition.” Co-written with Zazon Castro and directed by Bourouissa, the play in question, Quartier de femmes, emerged from writing workshops he ran in a women’s goal. The monologue of a female prisoner, the piece premièred at LaM on 1 October. 

 

Mohamed Bourouissa, « Attracteur étrange », until January 21, 2024 at LaM, Villeneuve-d’Ascq. 
« Mohamed Bourouissa », from February 16 to June 30, 2024 at the Palais de Tokyo, Paris 16e.

Et si Mohamed Bourouissa réfléchit aujourd’hui à la durée, à la manière de lier arts de l’espace et arts du temps, cela a tout à voir avec la nouvelle aventure qui l’a occupé l’an passé et dont le résultat a été lui aussi dévoilé cet automne; le théâtre. “Pour moi, le théâtre est un peu différent par rapport aux pratiques que j’ai eues. La réalité du temps est totalement inscrite dans la progression et ça a beaucoup imprégné en retour la manière dont je vois l’exposition.” La pièce en question, Quartier de femmes, est le monologue d’une femme traversant une prison et sa vie. Écrite par Zazon Castro et mise en scène par l’artiste, elle est le fruit d’ateliers d’écriture menés avec des femmes détenues. La première a eu lieu au LaM le 1er octobre.

 

Mohamed Bourouissa, “Attracteur étrange”, jusqu’au 21 janvier 2024 au LaM, Villeneuve-d’Ascq. 
“Mohamed Bourouissa”,  du 16 février au 30 juin 2024 au Palais de Tokyo, Paris 16e.

Shooting credits :

Hair and makeup: Miki Matsunaga. Set design: Benoist Buttin at The Magnet Agency. Assistant director: Elfé Baroso-Bertrand. Retouching: Nitty Gritty Berlin.

Crédits shooting :

Coiffure et maquillage: Miki Matsunaga. Set design: Benoist Buttin chez The Magnet Agency. Assistante réalisation: Elfé Baroso-Bertrand. Retouche: Nitty Gritty Berlin.

Shooting credits :

Hair and makeup: Miki Matsunaga. Set design: Benoist Buttin at The Magnet Agency. Assistant director: Elfé Baroso-Bertrand. Retouching: Nitty Gritty Berlin.

Crédits shooting :

Coiffure et maquillage: Miki Matsunaga. Set design: Benoist Buttin chez The Magnet Agency. Assistante réalisation: Elfé Baroso-Bertrand. Retouche: Nitty Gritty Berlin.