15 juin 2021

Victor Hugo était-il aussi bon dessinateur qu’écrivain ?

En plus de ses carrières d’écrivain et d’homme politique menées simultanément durant la seconde moitié du XIXe siècle, Victor Hugo était aussi un excellent dessinateur. À l’occasion de sa réouverture, la Maison Victor Hugo, située sur la place des Vosges à Paris, expose jusqu’au 21 novembre 200 de ses productions graphiques. 

Toute sa vie, Victor Hugo n’a pas tenu à exhiber publiquement ses dessins, les partageant uniquement avec un cercle restreint d’intimes. Juliette Drouet, sa maîtresse, qu’il fréquenta pendant les cinquante dernières années de sa vie, en reçu ainsi un nombre considérable. Pourtant, le dessin est plus qu’une pratique secondaire de l’auteur des Misérables et de Notre-Dame de Paris. À partir des années 1830 et jusqu’à son décès en 1883, il en produit en effet une quantité impressionnante. À l’occasion de la réouverture de la maison parisienne de Victor Hugo sur la très touristique place des Vosges, après 18 mois de rénovation, un peu moins de 200 dessins réalisés de sa main seront exposés jusqu’au mois de novembre. Un petit nombre, lorsque l’on sait que le musée en possède 700 dans ses archives.
 

Un lavis d’encre brune en imbibe la plupart. Le geste est sûr, le trait précis… tout montre qu’il ne s’agit pas d’une œuvre d’amateur. Exercée par Victor Hugo au cours de cinquante années, la pratique du dessin se loge dans une vie déjà bien remplie. À son abondante œuvre littéraire – romans, pièces de théâtre, poésies –  s’ajoute en effet une importante carrière politique, durant laquelle l’écrivain est successivement pair de France, maire du 8e arrondissement de Paris, député et sénateur. Pour quelques uns de ses dessins seulement, il eut recours à des graveurs, comme pour le Burg à la croix, représentation sombre d’un château en déshérence surmontant un lac gris et non moins austère.

 

Du paysage gothique à la caricature humoristique en passant par le carnet de voyage, le visiteur découvre ou redécouvre dans l’exposition des thèmes chers à l’auteur. Fervent opposant à la peine de mort, comme en atteste son roman Le Dernier Jour d’un condamné publié en 1829, l’homme public glisse du combat politique et littéraire à la contemplation esthétique avec ce dessin nommé Ecce Lex (1854), figuration d’un corps avec la corde au cou, suspendu à quelques centimètres du sol, ses membres sans vies encore agités d’un imperceptible et funeste balancier. Une même mélancolie proprement romantique traverse chacune de ces œuvres graphiques, qu’elle transparaisse dans la représentation de ruines abandonnées ou de de paysages ténébreux, peuplés de végétations tortueuses.

 

 

Exposition “Victor Hugo, dessins. Dans l’intimité du génie”, Maison de Victor Hugo, 6, place des Vosges, Paris 4e, du 10 juin au 21 novembre 2021.