23 avr 2021

Un musée de Londres se transforme en supermarché pop et insolite

Alors que les musées britanniques restent encore fermés jusqu’à la mi-mai, le Design Museum à Londres a eu une idée : faire de sa boutique un lieu mêlant commerce et exposition. En collaboration avec la marque Bombay Sapphire, celle-ci ouvre jusqu’au 25 avril les portes d’un supermarché pop où s’achètent des denrées pour la maison sous emballages exclusivement signés par des artistes, à l’instar de Charlotte Edey, Joey Yu, Kentaro Okawara, ou encore Michaela Yearwood-Dan.

Le 20 janvier dernier, l’ouverture de la Galleria Continua dans Paris avait fait grand bruit. Pour inaugurer cette adresse en plein cœur du Marais, la galerie italienne avait invité un grand nom de l’art, le photographe et vidéaste français JR, qui s’est emparé des deux étages de ce nouvel espace avec un concept plutôt inédit : celui d’une galerie-épicerie, où l’on pouvait aussi bien découvrir au fil des rayons des produits alimentaires proposées par un traiteur italien, des peintures, sculptures et vidéos mais aussi des livres des artistes de la galerie. Pendant deux mois, l’exposition fait mouche, amassant devant l’entrée de la galerie une foule constante jusqu’à sa fermeture suite aux nouvelles restrictions gouvernementales. Le commerce alimentaire deviendrait-il alors le nouveau modèle à suivre pour exposer l’art contemporain, à l’heure de programmations institutionnelles très instables ? C’est en tout cas ce que semble confirmer un musée outre-Manche : le Design Museum. Située dans l’ouest de Londres, cette institution reconnue internationalement comme référence pour toutes les formes de design s’est alliée avec la marque de gin Bombay Sapphire pour transformer sa boutique habituelle, seul espace du musée encore autorisé à accueillir du public. Alors que les salles d’exposition des sites artistiques britanniques restent encore fermées en raison des mesures sanitaires, le Design Museum y ouvre ainsi pendant cinq jours, du 21 au 25 avril, un petit supermarché insolite.

 

 

Car l’épicerie du musée n’a rien d’une épicerie comme les autres. À commencer par sa façade, juste devant l’entrée du Design Museum : intégralement repensée par la designer Camille Walala, celle-ci revêt une parure bien plus pop que son mur gris, à base de formes géométriques à contours noirs et couleurs vives,. Étendue jusqu’à un abri à caddie habillé de bleu roi et rose pâle, l’esthétique de la créatrice se prolonge à l’intérieur de la boutique avec des rectangles, ronds et carrés quadrillant l’espace, donnant l’impression de s’immerger dans un comics, un tableau du maître américain du pop art Roy Lichtenstein ou encore dans un espace signé par les architectes du groupe italien Memphis dans les années 80. “Je veux donner le sourire aux gens. J’espère que leur expérience sera joyeuse”, confiait justement Camille Walala au Guardian pour expliquer son projet. Et si les couleurs vives excitent sans aucun doute la curiosité des passants, le contenu de la boutique sait également les surprendre : pendant ces cinq jours, le Design Museum met en vente une sélection de denrées alimentaires et d’objets pour la maison dont les emballages sont signés par des artistes. On peut ainsi y acheter, entre autres, une miche de pain protégée par une illustration onirique de la dessinatrice Charlotte Edey, un rouleau de papier toilette peint par la plasticienne londonienne Michaela Yearwood-Dan, ainsi qu’une boîte de riz décorée par un dessin de l’illustratrice Joey Yu.

 

 

Thé, café, haricots, avoine, ou encore une bouteille de gin tonic sont également à découvrir dans les rayons. Déjà victime de leurs succès, plusieurs ont d’ailleurs vu leurs stocks écoulés depuis mercredi, mais le Design Museum propose également pour compenser une série d’affiches signées par les artistes en édition limitée. “Nos grandes avenues, musées et galeries ont été durement touchés par la pandémie. Ce projet est l’occasion d’inciter les visiteurs à revenir profiter de nos institutions culturelles de façon prudente et créative”, commente Tim Marlow, directeur du musée. En attendant la réouverture de ses portes principales, l’épicerie du musée offre définitivement une opportunité originale pour l’institution de se réinventer, amenant avec elle une nouvelle esthétique qui semble conquérir peu à peu le monde artistique. En octobre dernier, la foire d’art contemporain parisienne Paris Internationale investissait en effetpour la première fois la surface d’un ancien supermarché pour présenter sa sixième édition.


 

Supermarket: Creativity is Essential, du 21 au 25 avril au Design Museum, Londres.