Passez la nuit dans une peinture d’Edward Hopper
Dormir dans une toile imaginée par le peintre Edward Hopper dans les années 50 : telle est l’idée originale du Virginia Museum of Fine Arts, dans le cadre d’une exposition consacrée à cet artiste américain majeur du 20e siècle.
Par Matthieu Jacquet.
Une femme se tient assise sur le lit d’une chambre d’hôtel, éclairée par la lumière du soleil levant. Rideaux grands ouverts, ses larges fenêtres laissent voir les montagnes dépouillées de l’ouest américain. Ce décor, c’est celui que représentait en 1957 Edward Hopper, peintre incontournable du 20e siècle aux États-Unis, dans l’un de ses plus célèbres tableaux : Western Motel.
Parfaitement représentative de l’œuvre de l’artiste américain, cette toile met en avant son attention si particulière au réalisme, son goût pour le dépouillement complété par le rôle crucial accordé à la lumière, jusqu’à l’implacable mélancolie découlant de l’“American way of life” d’après-guerre. Comme la plupart des travaux d’Edward Hopper, elle dépeint un monde plus vrai que nature dans lequel le spectateur se trouve happé, sans jamais pouvoir l’atteindre réellement.
Cela était sans compter la nouvelle exposition du Virginia Museum of Fine Arts, qui depuis le 26 octobre invite son public à faire lui-même l’expérience du tableau précité en recréant son décor entre ses murs. Originalité supplémentaire : les visiteurs qui le souhaitent pourront passer une nuit dans cette chambre si particulière, à quelques pas de l’œuvre originale, et ainsi s’imprégner de l’atmosphère des années 50 rappelées par le mobilier et les couleurs choisis méticuleusement.
En payant de 150 à 500 dollars, il sera possible d’accéder à des offres comprenant jusqu’à un dîner, une séance de mini-golf et une visite privée de l’exposition. Le projet de ce musée situé à Richmond, capitale de la Virginie, s’inscrit dans le cadre d’une exposition consacrée à Edward Hopper et sa fascination pour le décor des hôtels dans laquelle sont exposées plus de 60 de ses œuvres.
Si cette proposition audacieuse est la première de ce type pour le musée américain, les décors captivants imaginés par Edward Hopper n’ont eu de cesse d’inspirer d’autres artistes, jusqu’à les inciter à les mettre en mouvement. En 2013, le réalisateur et décorateur autrichien Gustav Deutsch sortait en effet Shirley, un voyage dans la peinture d’Edward Hopper, un long-métrage composé de treize scènes prenant chacune place dans une des toiles de l’artiste américain. Une véritable odyssée filmique et picturale, entre narration et contemplation.
“Edward Hopper and the American Hotel”, jusqu’au 23 février 2020 au Virginia Museum of Fine Arts, Richmond (Virginie), Etats-Unis.