Sotheby’s : pourquoi faut-il visiter le nouveau flagship de la maison d’enchères à Paris ?
Leader des enchères, la maison Sotheby’s inaugurait le 12 octobre dernier son nouveau flagship sur la rue du Faubourg Saint-Honoré. Emblème de l’Art déco, ce bâtiment historique de cinq étages proposera, au-delà des ventes, une expérience complète, entre expositions, restaurant et autres événements.
Par Matthieu Jacquet.
Sotheby’s ouvre son nouveau flagship à Paris durant la Semaine de l’art
Du 12 au 19 octobre derniers, des passants de la célèbre rue parisienne du Faubourg Saint Honoré ont eu l’étrange impression d’être observés. Depuis une grande fenêtre du deuxième étage du bâtiment situé à l’angle de l’avenue Matignon, un œil géant lorgnait sur la rue avec, en lieu et place de sa pupille, un ciel bleu parsemé de nuages. Certains auront reconnu l’œil dépeint par Magritte dans son tableau Le Faux Miroir (1928) : désormais animé sur un écran pour veiller sur le carrefour, ce dernier incitait surtout à poser le regard sur l’ensemble du bâtiment flambant neuf. Sur ses stores bannes bleu roi s’écrit depuis quelques semaines, en lettres dorées, le nom de son nouveau propriétaire : “Sotheby’s”.
Nous voilà devant le nouveau flagship de la célèbre et historique maison de vente aux enchères. Le 12 octobre, à l’orée de la Semaine de l’art, celle-ci inaugurait ce nouvel espace devant de nombreux collectionneurs, professionnels du milieu et autres curieux. Jusqu’alors, et ce depuis 1998, l’adresse parisienne de l’enseigne se situait à seulement quelques pas, au numéro 76 de la rue. Un espace déjà généreux, qu’elle troque désormais pour un immeuble de cinq étages disposant d’une surface de 3300 m2, soit près de 30% supérieure à la précédente.
Un bâtiment historique Art déco, rénové par Architecturestudio
Motifs géométriques, successions de lignes droites et courbes, structures en laiton dorées et boiseries remarquables à l’intérieur, ferronneries à l’extérieur… Le bâtiment investi par Sotheby’s Paris, construit dans les années 20, porte sur lui les stigmates du mouvement architectural majeur de son époque : l’Art déco. Un héritage qu’a souhaité mettre en valeur le cabinet d’Architecturestudio, en charge des travaux colossaux de restauration et réaménagement. Pour réaliser ce tour de force, l’agence d’architecture, à laquelle on doit également la salle symphonique de la Maison de la Radio et l’Institut du Monde Arabe, a travaillé avec de nombreux artisans, entre tailleurs de pierre et paysagistes.
“Ce nouvel écrin reflète non seulement notre engagement envers le marché français mais aussi notre passion pour la Ville Lumière”, commente Mario Tavella, président de Sotheby’s France. Et “lumière” il y a : au-delà de la façade beige et des suspensions cubiques aériennes du designer français Hubert Le Gall dans l’entrée, la salle de vente au rez-de-chaussée bénéficie, grâce aux grandes fenêtres, d’une ouverture inédite sur la rue, ainsi que d’un puits de lumière du jour permis par la grande verrière dans le toit.
Réparties sur plusieurs étages, les salles d’exposition des lots donnent, telles les loges d’un opéra, sur cet atrium qui s’affirme comme le cœur du bâtiment et l’épicentre de son activité. Il est bon de rappeler qu’avant Sotheby’s, le bâtiment fut longtemps occupé par la galerie Bernheim-Jeune, institution parisienne dédiée à l’art moderne fermée en 2019, et donc déjà propice à la présentation d’œuvres et objets d’art.
Une vente inaugurale atteignant près de 60 millions d’euros
Quelques jours seulement après l’ouverture du lieu, les deux premières ventes tenues dans le bâtiment ont profité de l’effusion de la semaine. Alignée sur la célébration des cent ans du surréalisme à Paris, et notamment l’exposition-événement du Centre Pompidou consacrée au mouvement, la première, “Surrealism and its Legacy”, présentait des dizaines de lots exceptionnels de ses artistes phares, qui ont atteint plusieurs records.
Parmi eux, on retiendra la Rose méditative (1958) de Salvador Dalí, adjugée 3,9 millions d’euros, La Leçon de choses de René Magritte – adjugée 3,5 millions d’euros –, ou encore une toile fascinante de la peintre Kay Sage, dont les enchères ont triplé l’estimation, témoignant du succès croissant des femmes surréalistes sur le marché. Le montant total de cette vente historique, qui contenait également des sculptures de Joan Miró et des toiles de Leonor Fini et Francis Picabia, ajouté à celui de la vente “Modernités” qui l’a suivie, a presque atteint la somme de 60 millions d’euros.
Du restaurant aux salles de détente, une expérience complète
“Notre nouveau siège parisien ne saurait se résumer à ses bâtiments ; il manifeste également la transformation de notre relation aux collectionneurs, ajoute Marie-Anne Ginoux, directrice générale de Sotheby’s Paris. Cette destination culturelle prestigieuse offrira à nos clients une expérience de tout premier ordre.” Enrichie d’un restaurant, le 83 Café, ouvert lors des ventes et des expositions, et d’espaces de détente et d’accueil propices à des cocktails, concerts, conférences et autres événements, cette nouvelle adresse traduit une orientation déjà concrétisée par de nombreuses structures du marché de l’art : faire du lieu de vente et d’exposition une véritable destination, en proposant des expériences allant au-delà de l’aspect purement transactionnel qui affirmeront encore davantage leur identité.
Fondée en 1744 à Londres, Sotheby’s est en effet la plus ancienne maison de vente aux enchères d’objet d’art au monde, et entend bien rester à l’avant-poste dans le milieu. En juillet dernier, elle ouvrait Sotheby’s Maison, un nouveau flagship en plein cœur de Hong Kong, là aussi pensé pour accueillir aussi bien des ventes que des expériences plus immersives et singulières. En 2025, Sotheby’s New York s’installera quant à elle dans le Breuer Bulding, chef-d’œuvre d’architecture brutaliste.
Sise à quelques pas du célèbre hôtel Bristol, la nouvelle adresse parisienne de la maison bénéficie quant à elle d’une proximité avec des galeries phares du marché telles que Hauser & Wirth, Gagosian, Perrotin ou encore Continua, qui inaugurait récemment un espace à quelques mètres de ses locaux. Un cadre idéal et vivace qui continue d’affirmer Paris comme une capitale mondiale de l’art contemporain.
Sotheby’s Paris, 83 Rue du Faubourg Saint-Honoré, Paris 8e.