Prix Marcel-Duchamp : qui sont les artistes nommés pour la 25e édition ?
Prestigieuse récompense et référence pour l’art contemporain en France, le Prix Marcel-Duchamp vient tout juste de dévoiler l’identité des quatre artistes finalistes de sa vingt-cinquième édition. Leurs projets inédits seront réunis fin septembre au musée d’Art moderne de Paris, dans la traditionnelle exposition des finalistes.
Par Matthieu Jacquet.
Le Prix Marcel-Duchamp dévoile les 4 artistes nommés de sa 25e édition
Il est aujourd’hui l’une des plus prestigieuses récompenses artistiques de l’Hexagone. Créé en 2000 par l’ADIAF, le prix Marcel-Duchamp couronne tous les ans une figure reconnue de l’art contemporain en France, la gratifiant notamment d’une dotation de 90 000 euros. Vingt-quatre artistes au total, de Thomas Hirschhorn à Gaëlle Choisne, ont ainsi été récompensés au fil de ces vingt-quatre dernières années, et ont pu exposer leurs œuvres aux côtés de celles de leurs concurrents au Centre Pompidou, permettant au prix de s’imposer comme véritable tremplin mais aussi comme référence pour apprécier la vivacité de la scène française.
Ce jeudi 9 janvier marque la première étape tant attendue de l’édition 2025 : la révélation des quatre artistes retenus par le comité de sélection. Ainsi, Bianca Bondi, Eva Nielsen, Xie Lei et Lionel Sabatté – deux femmes et deux hommes, pour rester paritaires – viennent ainsi compléter la liste d’une centaine d’artistes émérites qui ont marqué l’histoire du prix au fil des vingt-cinq dernières années. On compte en effet parmi ses lauréats Dominique Gonzalez-Foester, Kader Attia, Lili Reynaud-Dewar, Mimosa Echard ou encore Tarik Kiswanson, mais aussi parmi ses finalistes des artistes de renom tels qu’Adel Abdessemed, Camille Henrot et Mohamed Bourouissa. En octobre dernier, l’artiste française Gaëlle Choisne était la dernière à remporter la prestigieuse récompense pour son installation L’Ère du Verseau, mêlant sculpture, films et collage.
Bianca Bondi et Xie Lei : des univers oniriques et mystiques
Véritable fenêtre sur la diversité de la création artistique en France, le Prix Marcel-Duchamp continue de défendre avec ces nouveaux finalistes une grande multiplicité de pratiques et d’univers. En atteste l’œuvre de la première nommée, Bianca Bondi, connue depuis une dizaine d’années pour ses installations multisensorielles presque chamaniques reposant sur l’utilisation de sel, de plantes ou encore de pierres semi-précieuses, et souvent altérées par des réactions chimiques.
Présenté à la Biennale de Lyon, chez Reiffers Art Initiatives – elle fut l’une des finalistes du prix remis par la fondation en 2022 – ou encore à Lafayette Anticipations, son travail a également fait l’objet d’une exposition personnelle à la Fondation Louis Vuitton (2021), tout comme Xie Lei fin 2023.
Également finaliste du 25e Prix Marcel-Duchamp, le peintre chinois basé à Paris avait alors invité les visiteurs dans un bois peuplé de corps spectraux aux silhouettes éblouissantes et évanescentes. Un univers aussi intime que magique décliné toile après toile, comme en attestent celles qu’il présente actuellement à la galerie Semiose.
Eva Nielsen et Lionel Sabatté, des artistes touche-à-tout obsédés par la nature
À travers ses collages mêlant peinture, photographie et sérigraphie, la troisième finaliste Eva Nielsen ouvre quant à elle une dimension parallèle où des fragments de nature et architecture se transforment pour former des paysages mentaux. Exposée au Mac/Val, aux Rencontres d’Arles, mais aussi au Kunsthaus Baselland à Bâle et au LACE à Los Angeles, la plasticienne française n’hésite pas à multiplier les techniques et les supports pour brouiller encore davantage les frontières du réel et dérouter le spectateur par des effets de trompe-l’œil. Une polyvalence plastique dont fait également preuve le quatrième et dernier finaliste de l’édition 2025, Lionel Sabatté, aussi doué pour sculpter le bronze que pour imprimer des photographies à l’aide de poussière ou encore peindre par oxydation. Forêts touffues, cerfs, ours ou encore créatures préhistoriques sont autant de motifs récurrents de ses productions étranges.
Alors qu’il y a deux ans, les travaux des quatre nommés du Prix Marcel-Duchamp – dont Bouchra Khalili et Bertille Bak – se recroissaient autour des questions d’exil et de migrations, ceux des finalistes de l’an passé – dont Noémie Goudal et Abdelkader Benchamma – se rejoignaient plutôt dans des lectures novatrices du paysage et de ses mutations. Face au cru 2025, il semblerait que la question du rêve et du fantastique constitue un axe rassembleur des quatre artistes, dont les univers proposent tous une échappatoire du monde réel autant qu’ils accompagnent un retour poétique voire mystique à la nature.
L’exposition des quatre finalistes au musée d’Art moderne de Paris
Si le déroulement de son processus de sélection reste identique aux années précédentes, l’édition 2025 du Prix Marcel-Duchamp s’annonce toutefois “singulière”, comme le déclarait ce soir Claude Bonnin, directeur de l’ADIAF. Le 15 octobre dernier dans le hall du Centre Pompidou, avant de dévoiler l’identité de la nouvelle lauréate, ce dernier annonçait déjà cette nouvelle ère : “La vie ne s’arrête pas, le Prix Marcel-Duchamp ne s’arrêtera pas !”.
En effet, pour la première fois de l’histoire du prix, les travaux des finalistes ne seront plus présentés au Centre Pompidou, où il l’étaient depuis 2000. Ce sera dans les salles non moins emblématiques du musée d’Art moderne de Paris que sera désormais installée la traditionnelle exposition des nommés, pendant que Beaubourg fermera ses portes pour cinq années d’importants travaux. Rendez-vous donc le 26 septembre pour découvrir l’exposition des quatre nommés de cette vingt-cinquième édition, et le jeudi 23 octobre, en pleine la semaine de l’art à Paris, pour connaître l’identité de celui ou celle qui succèdera à Gaëlle Choisne et entrera à son tour dans le panthéon de l’art contemporain français.
Exposition des quatre nommés du Prix Marcel-Duchamp 2025, du 26 septembre 2025 au 22 février 2026 au musée d’Art moderne de Paris, Paris 16e.