24 août 2021

Les immenses poutres de Bernar Venet envahissent le Louvre-Lens

Un an et demi après avoir érigé en Belgique la plus grande sculpture publique d’Europe, l’artiste français envahit cette fois-ci l’espace intérieur et extérieur du Louvre-Lens. Jusqu’au 10 janvier 2022, les visiteurs pourront y découvrir ses immenses arcs et poutres en acier emblématiques, empilés au sol ou bien érigés dans le parc.

En 1979, le jeune Bernard Venet crée ce qui fera plus tard sa notoriété dans le monde de l’art : des sculptures en métal, courbes ou droites, traçant dans l’espace des lignes interrompues parfois sinueuses. Depuis, le plasticien français n’a cessé de décliner ces formes désormais emblématiques dans des proportions parfois monumentales afin d’y de déployer en trois dimensions sa vision graphique et structurée de l’environnement. Sa démarche inspire de nombreuses villes qui l’invitent à réaliser des commandes extérieures partout dans le monde, de Grenoble à Pékin en passant par San Francisco, et même à créer la plus grande sculpture publique d’Europe : en octobre 2019, l’un de ses Arcs incomplets de 60 mètres de haut est en effet inauguré sur les bords d’une autoroute en Belgique.

 

A quelques heures de route de cet édifice, c’est désormais au Louvre-Lens que Bernar Venet dévoilait le 11 juillet dernier sa dernière installation inédite. Dans l’enceinte et le parc du musée pas-de-calaisien inauguré en 2012, l’artiste fait selon ses mots “la démonstration la plus aboutie de toutes les œuvres [qu’il a] créées ces dernières années” : au sol de son Pavillon de verre, d’immenses poutres incurvées s’amoncellent tandis qu’à travers ses grandes baies vitrées, dans les vingt hectares de verdure extérieure, on voit s’élever des arcs de cercles de diverses inclinaisons. Comme à son habitude, l’homme qui fête cette année son quatre-vingtième anniversaire a réalisé toutes les composantes de cette installation en acier corten, son matériau de prédilection – également utilisé par Richard Serra – qui permet à ses œuvres de survivre dehors aux aléas climatiques et les dote d’une teinte rouillée orangée caractéristique.

 

A travers cette installation inédite, Bernar Venet joue avec les contrastes entre horizontalité et verticalité mais aussi entre intérieur et extérieur que lui offrent l’architecture du lieu. Imaginée par l’agence japonaise SANAA, celle-ci déploie en effet le musée dans sa longueur plutôt que sa hauteur, sur un seul étage de plain-pied. Régulièrement hôte d’installations d’art contemporain, comme celle en 2019 du plasticien-alchimiste Hicham Berrada, le Pavillon de verre profite d’une surface de 1000 m2 ouverte également sur la Galerie du temps, où sont rassemblées des centaines d’œuvres de l’immense collection du Louvre. Par son installation faussement chaotique baptisée “L’hypothèse de la gravité”, le sculpteur français perturbe ainsi la circulation du spectateur tout en lui donnant à réfléchir sur l’histoire de l’art, mais aussi de notre perception de l’espace et du temps.

 

 

Bernar Venet, “L’hypothèse de la gravité”, jusqu’au 10 janvier 2022 au Louvre-Lens, Lens.