Le galeriste Emmanuel Perrotin ouvre un immeuble entier consacré au second marché
Implantée à Paris, New York, Tokyo, Seoul, Hong Kong et Shanghaï, la galerie d’art Perrotin ne cesse d’étendre son empire. Alors qu’elle célèbre cette année ses 31 ans d’existence, son fondateur Emmanuel Perrotin inaugurait ce mardi 7 septembre un tout nouvel espace sur cinq étages dans un immeuble de l’avenue Matignon. Un pendant complémentaire de son antenne historique du Marais, qui accueillera son activité consacrée au second marché.
Par Matthieu Jacquet.
En cette rentrée, tous les regards du marché de l’art parisien se posent sur l’avenue Matignon. Et pour cause : la voie du huitième arrondissement située entre l’Arc de Triomphe et le Palais de l’Elysée, qui accueille notamment les bureaux du premier ministre, a vu s’installer récemment de nombreuses galeries d’art contemporain. Ce mardi 7 septembre, le galeriste français Emmanuel Perrotin y célébrait l’ouverture de son neuvième espace au total, en complément de ses locaux historiques du Marais et de son showroom plus étroit ouvert en 2020 sur cette même avenue. Une migration inscrite dans une dynamique globale des acteurs du métier, souvent résidents de l’est parisien et désormais soucieux de se rapprocher d’une partie de leurs collectionneurs parisiens basés à l’ouest, de plus en plus rebutés par la nouvelle circulation dans la capitale française. Ainsi, après l’installation des galeries Lelong et Kamel Mennour il y a quelques années, ce fut au tour de la Londonienne White Cube d’inaugurer avenue Matignon sa première antenne parisienne, pensée d’abord comme un showroom avant d’être ouverte au public, puis Almine Rech et Nathalie Obadia, qui inaugure ce jeudi 9 septembre son tout nouvel espace à deux pas de cette même avenue et bientôt l’Américaine Mariane Ibrahim, qui signera quant à elle son implantation en France en parallèle de son activité à Chicago.
Mais si la plupart de ces espaces se limitent à des appartements ou un rez-de-chaussée, Emmanuel Perrotin s’est offert de son côté un immeuble entier qu’il consacrera au second marché – soit la revente d’œuvres déjà acquises une première fois avant d’être remises en vente. Au numéro 8 de l’avenue Matignon, le galeriste reprend l’adresse anciennement occupée par la galerie Yoshii : au total, cinq étages et 400 m2 de surface d’exposition situés en face de la maison de vente Christie’s, à quelques mètres seulement des autres géants des enchères Sotheby’s, Artcurial et Piasa, et même du Grand Palais, qui accueille chaque année la Fiac. Toutes les conditions semblent réunies pour que la galerie développe ce secteur jusqu’alors plus confidentiel de son activité. Davantage connue pour l’art contemporain et le premier marché, la galerie a développé son implication dans le second marché en 31 ans d’existence à mesure que son réseau de collectionneurs s’est étendu et que leurs attentes se sont diversifiées, en acquérant de nombreuses pièces d’exception d’artistes présents dans les collections les plus prestigieuses. Aujourd’hui, en plus de ses 56 artistes vivants, la galerie représente par ailleurs six estates d’artistes disparus, tels qu’Alain Jacquet, Jesús Rafael Soto ou encore Hans Hartung, récemment mis à l’honneur entre ses murs à travers une exposition d’ampleur composée de plusieurs toiles exceptionnelles.
Pour l’épauler dans cette entreprise très spécifique, Emmanuel Perrotin s’est associé à deux jeunes spécialistes de ce marché, Dylan Lessel et Tom-David Bastok, cofondateurs de leur propre société Bastok-Lessel qui formeront désormais un trio avec le galeriste. Dévoilé ce mardi 7 septembre, l’accrochage inaugural de ce nouvel espace est délibérément éclectique, intégrant des œuvres datées de la moitié du XXe siècle à aujourd’hui pour offrir un vaste aperçu de la collection. On y retrouve aussi bien un mobile de Calder qu’un portrait de Georg Baselitz, des sculptures en pierre d’Ugo Rondinone qu’une toile de Lee Ufan, mais également des pièces de Maurizio Cattelan, Keith Haring, Yves Klein et Lucio Fontana. Le tout a été mis en espace par la scénographe Cécile Degos, habituée à investir des institutions muséales aussi prestigieuses que le Palais de Tokyo ou le Guggenheim Museum. Pendant ce temps dans le Marais, Perrotin accueille des peintures de l’artiste sud-coréenne Gahee Park et de l’Américain John Henderson, et propose une exposition de photographies extraites des films du cinéaste danois Lars Von Trier. L’occasion de découvrir d’impressionnants tirages grand format des scènes les plus magistrales de Melancholia, Nymphomaniac ou encore Antichrist.
Perrotin Second Marché, ouvert depuis le 7 septembre au 8 avenue Matignon, Paris 8e.