8 juin 2021

La lettre de rupture d’Edith Piaf à Yves Montand en vente chez Christie’s

La maison Christie’s organise le 16 juin la première vente aux enchères en France uniquement dédiée aux artistes femmes, du XVIe au XXIe siècle, des livres aux tableaux en passant par les lettres manuscrites. La maison expose ces 90 lots au public, du 12 au 15 juin, dans ses locaux du 8e arrondissement de Paris, où se côtoient Edith Piaf, Yayoi Kusama, Dorothea Tanning, Berthe Morisot, Marie Curie et George Sand.

C’est un événement historique. Pour la première fois en France, une maison d’enchères organise une vente uniquement dédiée à des artistes femmes. Devant le constat de l’inégale représentation des femmes et des hommes dans le domaine de l’art, Christie’s présentera dans son antenne parisienne “Women in art”, une sélection de 110 pièces, allant du 16e au 21e siècle, tous médiums confondus. La maison parisienne exposera au grand public ces lots, dans ses locaux du 12 au 15 juin. Les enchères se dérouleront quant à elles, le 16 juin à 17h. Parmi les pièces offertes à la vente figurent bien sûr de grands noms  de l’art : la peintre Sonia Delaunay, l’artiste française Nikki de Saint Phalle ou encore la photographe Dora Maar (redécouverte il y a deux ans au travers d’une rétrospective historique au Centre Pompidou). Toutefois, la maison de vente a conçu cette soirée d’enchères avec une volonté d’ouverture sur des artistes peu médiatisées. Ainsi une Nature morte (1636) de Louyse Moillon – pionnière méconnue du genre de la vanité – sera notamment mise en vente. Retour sur trois artistes femme mises à l’honneur dans cette exposition. 

 

 

1. Les lithographies surréalistes de Dorothea Tanning (1950)

Pétrie d’influences surréalistes, l’artiste new-yorkaise Dorothea Tanning compose en 1950 Les 7 périls spectraux, un recueil de 7 dessins pour lesquels elle utilise pour la première fois de sa carrière la technique de la lithographie. Usant de cette méthode d’impression sur pierre, l’artiste prête au minerai des vertus mystiques voire oraculaires : il lui communique des visions toutes plus étranges les unes que les autres. Sur l’une de ces images, une énigmatique silhouette féminine, représentée de dos, ouvre une porte, qui est en même temps la couverture d’un livre géant. Sur une autre, un tournesol se métamorphose en assiette. En tournant les pages de ce livret qui n’a été tiré qu’à 50 exemplaires, son futur propriétaire entrera dans un imaginaire onirique… ou cauchemardesque.

 

C’est à New York que Dorothea Tanning croise le cercle des surréalistes, exilé de l’Europe en guerre des années 40. Progressivement, la peintre d’origine suédoise, formée à l’école de Chicago, se fait sa place dans le groupe alors formé autour des figures d’André Breton et de Marcel Duchamp et se laisse contaminer par leur imaginaire fantasmagorique. Ses toiles sont hallucinatoires, elles explorent la psyché humaine par des associations déroutantes. L’une d’entre elles, intitulée Birthday (1942), est emblématique de son univers labyrinthique. Dans une entrée, une sorte de griffon miniature aux pieds – créature mythologique possédant des ailes sur un corps de lion -, une femme dévêtue ouvre une porte qui débouche sur d’autres portes. Par un effet de répétition à l’infinie, comme lorsque deux miroirs se font face, le tableau enferme le spectateur dans une composition sans issue.

 

 

2. La lettre de rupture d’Édith Piaf (1945)

Lettre de rupture d’Édith Piaf à Yves Montand, 1945

« Pour la dernière fois, Pupuce ». C’est ainsi qu’Édith Piaf signe sa lettre de rupture à Yves Montand. Elle est déjà une chanteuse reconnue, lui débute dans le milieu : il la suit dans ses tournées où il anime ses premières parties. Tout en lui annonçant qu’elle fréquente d’autres hommes, Édith Piaf conserve beaucoup de tendresse et de bienveillance à l’égard de son ex-amant, comme le montre ce sobriquet. On dit que l’amour dure trois ans, celui-ci n’aura tenu que deux années, de 1943 à 1945. Les visiteurs de l’exposition des lots de la vente Women in Art, pourront lire ces mots émouvants, écrits de la main de la chanteuse parisienne emblématique du 20e siècle.

 

 

3. La citrouille à pois de Yayoi Kusama (1980)

Yayoi Kusama, “Citrouille” (1980), aquarelle sur papier.

Ce sera l’un des lots les plus coûteux de la vente, estimé entre 30 000 et 50 000 euros. Une citrouille peinte sur papier avec la technique du lavis et couverte de pois. La cucurbitacée a une place particulière dans l’imaginaire de l’artiste japonaise Yayoi Kusama, née en 1929, qui les voyait pousser dans les champs avoisinant sa maison familiale. “J’aime les citrouilles, pour leur forme pleine d’humour, leur côté chaleureux et leur aspect presque anthropomorphique” déclare-t-elle dans un entretien filmé accordé au musée danois Louisiana en 2015. Quant au motif du pois, elle le reproduit dans de nombreuses œuvres, pour des raisons artistiques mais aussi médicales : il s’agit pour elle d’échapper à ses hallucinations en se concentrant sur une activité minutieuse et répétitive. 

 

 

Exposition des lots de la vente “Women in art”, du 12 au 15 juin 2021 chez Christie’s,

9 avenue Matignon, Paris 8e.

La totalité des lots mis en vente le 16 juin à 17h seront exposés.

Une soirée de discussions aura aussi lieu, le 15 juin à partir de 19h.