17 août 2022

Du musée Miniature à la “cité du bonheur” de Victor Vasarely, 8 musées à découvrir aux quatre coins de la France

Tout le monde connaît les plus grands : le Louvre, Orsay, le Mucem, le Palais de Tokyo… Mais beaucoup ignorent les plus petits — en termes de m2 ou de nombre de visiteurs —, dispersés dans le territoire français. Pourtant, ces derniers recèlent de trésors surprenants. Tour d’horizon en huit musées singuliers. 

2. Les secrets du cinéma révélés entre deux murs lyonnais

 

 

Au cœur du quartier du Vieux Lyon, une petite bâtisse rouge du XVIe siècle abrite des trésors  contemporains : ceux du musée Cinéma et Miniature, qui réunit les deux passions de son fondateur, Dan Ohlmann, ancien ébéniste et architecte d’intérieur. Dans cette caverne d’Ali Baba du cinéma ouverte depuis 2005, on y découvre, stupéfait, les secrets de fabrication du grand écran, des maquettes et décors en passant par les costumes, les masques et les prothèses de films cultes. Un lieu unique en Europe, au sein duquel on peut croiser Spiderman, Chucky et même Robocop ; à condition de ne pas s’être perdu avant dans la collection des miniatures, dont une grande partie provient de l’atelier du fondateur, spécialiste dans la réalisation de miniatures. On découvrira alors de minuscules salons de coiffure, restaurants, salle de bains et autre lieux du quotidien, dont la précision d’exécution pourrait en surprendre plus d’un. 

 

 

Le musée Cinéma et Miniature de Lyon, 60 Rue Saint-Jean, 69005 Lyon

3. Un bal de costumes à Moulins

 

 

Pour visiter l’un des plus grands musées du costume de scène au monde, il faut se rendre… en Auvergne. À quelques centaines de kilomètres de la capitale, la ville de Moulins abrite pas moins de 10 000 costumes, entre les murs du CNCS (Centre national du costume de scène). Loin des agitations de la scène, les tenues des acteurs de la Comédie-Française et de l’Opéra de Paris y reposent. Dans cette collection riche, on trouve, par exemple, quelques vêtements du 18e siècle, rachetés par la Comédie Française après la Révolution afin de les réutiliser sur les planches. Exceptionnelle, le reste de la collection conserve des costumes de pièces de théâtre et opéras joués de 1850 à aujourd’hui. S’y côtoient ainsi des robes portées par la sulfureuse actrice et muse Sarah Bernhardt (1844-1923) ainsi que des ensembles de la célèbre cantatrice Maria Callas, ou encore des chef-d’œuvres textiles signés Thierry Mugler, Suzanne Lalique et même Cocteau… Le tout est exposé dans un lieu qui les met en valeur, entre deux vitrines ou dans d’immenses salles où sont installés de grands décors, afin de les replacer dans un contexte scénographique. Mais l’institution ne s’arrête pas là, accueillant de nombreuses expositions temporaires sur des thématiques variées comme l’histoire de Molière à travers les costumes portés dans ses pièces.

 

 

Le CNCS, Centre national du costume de scène, Quartier Villars, Route de Montilly, 03000 Moulins
Exposition “Molière en costumes”, jusqu’au 6 novembre 2022.

4. Une sublime villa d’architecte cachée dans les Yvelines

 

 

Le célèbre architecte et designer finlandais Alvar Aalto (1898-1976) n’a construit qu’une seule maison en France, et on peut la visiter dans les Yvelines. Construite en 1959 pour le collectionneur d’art Louis Carré, c’est une pépite tant pour son architecture que pour ses fournitures, elles aussi méticuleusement conçues par Aalto. L’élégante villa aux murs blancs rythmés par des lattes de bois ouvre également ses portes aux artistes contemporains le temps d’expositions temporaires. Par le passé, ils sont en effet nombreux à l’avoir explorée : en 2017, la plasticienne Laëtitia Badaut Haussmann, en 2019 le peintre Kees Visser, ou, plus récemment, la photographe Sanna Kannisto, dont les délicates photographies d’oiseaux ont tapissé les murs jusqu’au mois de juillet dernier. De quoi rendre le lieu encore très vivant.

 

 

Maison Louis Carré , 2 chemin du Saint-Sacrement, 78490 Bazoches-sur-Guyonne.
Exposition “Sanna Kannisto : Sense of Wonder”, jusqu’au 28 août 2022.

1. L’atelier-cabinet de curiosités du peintre Gustave Moreau

 

 

Le peintre Salvador Dalí l’adorait : le musée Gustave Moreau (1826-1898), caché dans le 9e arrondissement de Paris, demeure un must. Peu connu du grand public, le lieu vaut pourtant le détour avec, sur ses murs, des dizaines d’œuvres du peintre symboliste Gustave Moreau, éparpillées comme dans un cabinet de curiosité. Le visiteur est plongé dans l’antre de peintre, où toutes les traces de son passage (ou presque) ont été conservées. L’artiste y a en effet passé une grande partie de sa vie, en famille ou avec ses amis, avant de le transformer en musée dans ses dernières années. Léguée à l’État à sa mort en 1898, la bâtisse a depuis été conservée dans le jus de sa scénographie, chevalet compris. On croirait presque y croiser l’esprit de Gustave Moreau, entre une Apparition dorée et son autoportrait… 

 

 

Musée Gustave Moreau, 14 Rue de la Rochefoucauld, 75009 Paris

5.  De l’art moderne et contemporain dans une abbaye médiévale 

 

 

L’abbaye royale de Fontevraud est un petit bijou d’histoire : fondée en 1151, il faut arpenter les confins de l’Anjou, de la Touraine et du Poitou pour la trouver. D’abord abbaye, le lieu abrite sous la Révolution Française une prison, et devient, à la fin du XXe siècle, un important centre culturel. La seule visite de ce lieu classé au patrimoine mondial de l’UNESCO promet une traversée dans le temps : son église abbatiale, qui abrite les gisants d’Aliénor d’Aquitaine, Henri II Plantagenêt et Richard Cœur de Lion, son cloître et sa crypte archéologique… Autant d’endroits historiques au sein desquels cohabitent des œuvres d’artistes contemporains, invités à réactualiser les lieux. En ce moment, Françoise Pétrovitch expose au cœur de l’autel des Étendus, peintures de corps allongés aux côtés des tombes des Plantagenêt. Et l’artiste en résidence à l’abbaye, Laure Forêt, envahit quant à elle la crypte de ses iridescentes Pensées… Depuis 2021, l’abbaye accueille également son propre musée d’art moderne, riche du legs du couple de collectionneurs Cligman à l’État : Henri de Toulouse-Lautrec, Edgar Degas, Maurice de Vlaminck, Albert Marquet, Robert Delaunay, Juan Gris, André Derain, Germaine Richier… Autant de pointure de l’histoire de l’art, qui côtoient en ce moment, le temps d’une exposition temporaire, des œuvres de Claude Monet

 

 

L’abbaye royale de Fontevraud, 49590 Fontevraud-l’Abbaye. Métamorphoses.
Expositions “Dans l’art de Claude Monet” et “Étendu par François Pétrovitch”, jusqu’au 18 septembre 2022.

6. Un musée de la mode niché dans un couvent

 

 

Situé dans le Sud-Ouest de la France, en Occitanie, le couvent des Annonciades conserve dans la fraîcheur de ses pierres une collection insoupçonnée : c’est ici que le musée de la mode d’Albi s’est en effet installé depuis une dizaine d’années. L’institution y remplit annuellement ses cinq salles d’expositions aux thématiques variées, explorant ses collections de plusieurs milliers de vêtements et accessoires, provenant du XVIIIe siècle jusqu’aux années 2000. Sa visite est ainsi toujours unique, puisque chaque pièce n’y est exposée qu’une année, avant de repartir dans les réserves… Avant de revenir à l’occasion d’une prochaine exposition. Au gré de son programme, des gilets brodés ayant été portés au temps du comte de La Pérouse peuvent ainsi côtoyer des manteaux de plumes portés par Isabelle Adjani ou encore des archives de la créatrice de mode Jeanne Lanvin… En ce moment, le musée fête ses dix ans avec une exposition éclectique, réunissant les plus belles pièces de sa collection.

 

 

Musée de la mode d’Albi, 17 Rue de la Souque, 81000 Albi.
Exposition “10 ans”, jusqu’à décembre 2022.

7. Une « cité du bonheur » à Aix-en-Provence

 

 

C’est l’aboutissement d’un projet nourri par le pape de l’Op Art tout au long de sa vie : la fondation Vasarely se visite depuis 1970, date de son ouverture par l’artiste. Baptisée « cité polychrome du bonheur » par Victor Vasarely, le bâtiment est des plus impressionnants, réparti en seize blocs ornés de ronds noirs et blancs mesurant onze mètres de haut chacun. Un complexe architectural qui n’est pas anodin puisqu’il fait partie du projet du peintre, qui a conçu son musée comme une expérience totale, ou, plus précisément, comme un “centre architectonique”. Autrement dit, il s’agit d’une structure mêlant art et architecture au service de la transmission de son art. À l’intérieur, c’est une explosion de couleurs qui attend le visiteur avec plusieurs centaines d’œuvres monumentales de Victor Vasarely, pensées par ce dernier comme des « trésors d’utilité publique ».

 

 

Fondation Vasarely, 1 Av. Marcel Pagnol, 13090 Aix-en-Provence
 

8. Une pluie de sculptures dans l’immense domaine de la fondation Venet

 

 

Installée face au rocher de Roquebrune, la Venet Foundation, fondée en 2014 par Bernar Venet dans sa région d’origine, détonne dans le paysage vallonné de la commune du Muy dans le Var. Aboutissement de soixante années de création, l’institution a été conçue par l’artiste conceptuel français comme une « œuvre d’art totale », composée d’un parc de sculptures, d’une chapelle créée par le peintre américain Frank Stella mais aussi de trois espaces d’exposition… Un immense musée de sept hectares au sein duquel Bernar Venet a installé nombreuses de ses célèbres sculptures d’acier, à découvrir à pieds ou en golfettes, au gré d’une visite riche en surprises — dispersées ci et là de la végétation provençale, des œuvres signées Robert Morris ou encore Richard Long peuplent ce spectaculaire écrin de verdure. 

 

 

Venet Foundation, 53 Chemin du Moulin des Serres, 83490 Le Muy. 
 

Réserves du CNCS | Centre national du costume de scène, Moulins © Pascal François
La Venet Foundation de nuit, Le Muy, 2017 © Luc Castel
Maison Louis Carré, Bazoches-sur-Guyonne. © Jari Jetsonen
Atelier du 2e étage, musée Gustave Moreau, Paris © Jean-Yves Lacôte
La fondation Vasarely, Aix-en-Provence © Fabrice Lepeltier
Abbaye royale de Fontevraud. © Sébastien Gaudard
© Musée de la mode d’Albi