Concours Ajap 2018 : à la recherche des architectes de demain
Ils sont jeunes, talentueux, issus de divers horizons et soufflent un vent nouveau sur l'architecture. Portrait de quatre lauréats du concours Ajap 2018, organisé tous les deux ans par le ministère de la Culture, qui met à l'honneur des architectes et paysagistes européens de moins de 35 ans.
Par Laura Catz.
À la tête de sa propre agence d'architecture, à Paris, depuis 2014, Jean-Benoît Vétillard est diplômé de l’ENSAB (École nationale supérieure d’architecture de Bretagne). Une fois son diplôme en poche, c'est à Venise qu'il décide d'aller parfaire sa formation. Il réalise des travaux graphiques notamment pour des revues spécialisées de référence telle Domus. Pointilleux, il voit le dessin qui amorce chaque projet presque comme un geste sacré : "dessiner, c'est un moment rituel. C'est le premier acte construit”, souligne-t-il. Pour lui, l'aspect narratif du dessin est fondamental : "C'est une manière d'ouvrir l'architecture aux autres", résume-t-il. Son objectif : stimuler les usagers de ses projets par des idées originales. Par exemple, lorsqu'il se voit chargé par l’agence de communication BETC de reconfigurer l'espace, il n’hésite pas à détourner les duveteux rideaux à lanières qu'il a repérés à Venise dans la boutique de son boucher, pour en réchauffer les salles de travail.
Charlotte Lovera, Élise Giordano et Louise Dubois ne se sont pas perdues de vue depuis leur année Erasmus à Helsinki. De retour en France, elles s’impliquent bénévolement dans la rénovation de foyers modestes en échange d’une formation sur la construction en terre, avant de fonder l’Atelier Aïno à Marseille, en 2016. Deux architectes associées à une designer textile : leur profil est unique. Adeptes de “l’autoconstruction”, elles considèrent le déchet comme une ressource, la construction comme un acte social. L’ensemble de 350 logements du quartier des Fenassiers à Colomiers (Haute-Garonne) va être démoli ? Elles bâtissent une “mémothèque”, sorte de kiosque éphémère dédié à la mémoire vive des lieux, rebaptisé “l’endroit paisible” par les habitants.
Amis fidèles depuis le lycée, Arthur Ozenne et Mathilde Gaudemet quittent leur vie de salariés pour fonder leur agence, Dixneufcentquatrevingtsix. Du grand musée au pavillon du coin de la rue, ils ne boudent rien. Une posture qu’ils prolongent en refusant d’abandonner les aménagements intérieurs aux designers et les maisons individuelles aux promoteurs. Du comptoir doré imaginé pour un cabinet d’avocats qui a pignon sur rue dans le Golfe Persique aux arbres montés sur roulettes dans un parc au Canada, ils ne reculent devant aucune idée folle… S’ils créent, c’est pour questionner. Leur rêve ? Travailler sur l’extension du palais de l’Élysée.
C’est dans un quartier très résidentiel de Nancy, les Trois-Maisons, que Ludovic Zacchi a décidé de créer sa galerie. Une masse opaque, dense et introvertie, qui reprend la minéralité des murs et dont les salles d’expositions s’organisent autour d’un patio ouvert sur un jardin aromatique. Une ouverture qui témoigne de son attraction pour la lumière, devenue son matériau de prédilection : lorsqu'elle ne construit pas les espaces de ses projets fictifs, elle dévoile ceux qu’il dessine pour les autres. Ne lui parlez pas de bâtiment idéal, mais plutôt d’un lieu qui s'efface au profit du confort et du plaisir.