15 déc 2025

Théâtre : quelles pièces faut-il voir à Paris ?

Découvrez notre sélection de pièces de théâtre et spectacles à voir à Paris. De L’École de danse de Carlo Goldoni à la Comédie-Française à La Cage aux folles avec Laurent Lafitte au Théâtre du Châtelet.

  • par Samuel François.

  • Pétrole d’après Pier Paolo Pasolini, mis en scène par Sylvain Creuzevault

    À l’Odéon, le metteur en scène Sylvain Creuzevault adapte avec passion Pétrole, le dernier opus mythique de Pier Paolo Pasolini, publié en 1992, d’après une traduction de René de Ceccaty). La scénographie, déjà parfaitement radicale, œuvre de Baptiste Bello et Valentine Lê, se voit couplée à un dispositif virtuose de vidéo filmée en direct au plus près des acteurs. Derrière la caméra, on retrouve Simon Anquetil.

    Durant 3h30, une multitude de personnages, de scènes portés par des comédiens au jeu parfait dissèquent les thématiques chères à Pasolini. À savoir, le pouvoir, la corruption, le fascisme et le sexe (homosexuel).

    Les amateurs de l’écrivain et poète italien apprécieront les multiples clins d’œil à sa filmographie. On peut ainsi observer une troublante ressemblance entre Gabriel Dahmani et Ninetto Davoli, son acteur fétiche ; un hommage au principe de narration des conteuses de Salò (1975) ; ou encore la présence de Sharif Andoura, comme sorti tout droit du même film. On retrouve également le Gloria de Missa Luba, utilisé dans L’Évangile selon saint Matthieu (1964), ainsi que le plaisir manifeste des acteurs à incarner ce spectacle total pour un personnage total : Pasolini.

    Pétrole d’après Pier Paolo Pasolini, mise en scène par Sylvain Creuzevault. Jusqu’au 21 décembre 2025 à l’Odéon -Théâtre de L’Europe. Durée 3h30 avec entracte. Billets disponibles ici.


    L’École de danse de Carlo Goldoni à la Comédie-Française

    Pour sa première production depuis sa nomination, Clément Hervieu-Léger, nouvel administrateur de la Comédie-Française fait entrer au répertoire cette pièce méconnue de Goldoni, traduite et mise en prose par Françoise Decroisette, en déplaçant l’intrigue au XIXᵉ siècle. La scénographie, signée Éric Ruf, évoque subtilement l’esthétique de Degas.

    Cette satire sociale délicate et douce-amère nous plonge, au rythme des répétitions accompagnées en direct par le pianiste-répétiteur Philippe Cavagnat, dans le quotidien de l’école de danse de Maître Rigadon. Ce petit tyran avare maltraite ses élèves, tous avides d’amour et d’émancipation.

    Au fil d’une journée qui s’achèvera en apothéose contrariée (comédie oblige) pour le pauvre Rigadon, la galerie de personnages hauts en couleur – et parfois fort en bassesses – est campée avec brio par la troupe de la Comédie-Française. Denis Podalydès excelle dans son rôle de petit tyran, ravissant la salle par son jeu cabotin jusqu’à la tirade finale, mise en abyme jubilatoire du théâtre et de l’art du comédien.

    L’École de danse de Carlo Goldoni, mise en scène par Clément Hervieu-Léger. Jusqu’au 3 janvier 2026 à la Comédie Française. Durée 2 heures sans entracte. Billets disponibles ici.


    La Cage aux folles revient avec Laurent Lafitte

    Cinquante ans plus tard, Zaza revient à Paris” peut-on lire sur le programme. Et c’est sous les traits de Laurent Lafitte que Zaza/Albin nous revient, dans un Théâtre du Châtelet tout entier aux couleurs de La Cage. Virtuose et artiste complet, il compose avec Damien Bigourdan/Georges un duo tendre et entraînant, au cœur de ce véritable musical.

    Les chansons, retravaillées en français, sont interprétées par l’orchestre Les Frivolités Parisiennes, tandis que les numéros de revue sont exécutés par la troupe des “Cagelles” – danseurs en travesti inventés par Olivier Py.

    Quel plus bel écrin que le Châtelet pour cette scénographie éblouissante de Pierre-André Weitz, qui nous entraîne dans un carrousel virevoltant de lumières, de miroirs et de plumes, hommage vibrant aux cabarets légendaires. On y retrouve avec plaisir l’intrigue, les personnages et la scène culte de la biscotte.

    Mais sous les paillettes et la fantaisie, comme lors de sa création à New York pendant les années Sida, ce grand moment de divertissement demeure surtout une ode militante à la diversité, à la tolérance et à l’amour. L’arc-en-ciel de néon brille avec éclat sur tout le second acte.

    La Cage aux folles, adaptation du musical éponyme de Jerry Herman sur un livret d’Harvey Fierstein, d’après la pièce de Jean Poiret, mise en scène par Olivier Py. Jusqu’au 10 janvier 2026 au Théâtre du Châtelet. Durée 2 h10 avec entracte. Billets disponibles ici.