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Mara Paris ou quand le bijou transcende la forme
C’est dans leur boutique rue Chapon que Numéro rencontre Ayça Özbank Taskan et Gökçe Taskan, le duo franco-turc fondateur de la marque de joaillerie Mara Paris. Fidèle à l’ADN de leurs creations, l’espace s’impose entre béton, marbre boisé et formes organiques. Enveloppés d’une atmosphère douce et sobre, les bijoux s’y révèlent.
Propos recueillis par Louise Menard,
Photos Nathan Merchadier.


Mara Paris, une joaillerie mue par l’émotion de la forme
Elle architecte, lui designer, Ayça Özbank Taskan et Gökçe Taskan forment un duo détonnant. En couple à l’atelier comme dans la vie, ils fondent la marque de bijoux Mara Paris il y a dix ans, dans le seul et unique but de concevoir une autre façon de s’exprimer. Plus qu’une évidence, la joaillerie devient un nouveau langage.
Depuis, les collections ne cessent de se succéder, riches de bijoux en argent mais aussi en or, diamants et perles, selon les commandes. Infusés de l’atmosphère vibrante des différentes villes où ils ont vécu, d’Istanbul à Venise, en passant par Helsinki et aujourd’hui Paris, ces bijoux répondent à des formes organiques et fluides, presque mouvantes. Ce sont des créations qui enveloppent le corps et se fondent sur ses courbes.
“J’ai toujours voulu construire une communauté de formes”, nous confie Ayça Özbank Taskan. Chez Mara Paris, en effet, le bijou ne vit jamais seul : il s’inscrit dans une collection et parfait une harmonie d’ensemble. Le bijou n’est pas accessoire, il est une forme en suspens, une petite sculpture portée. Animés par une volonté de créer insatiable, mais aussi de se challenger, Ayça Özbank Taskan et Gökçe Taskan révèlent des pièces toujours plus nobles et élaborées. Rencontre.

Interview des fondateurs de Mara Paris
Numéro : Comment est née votre envie de créer des bijoux ?
Ayça Özbank Taskan : Ayant grandi au sein d’une famille d’artistes – mon grand-père était antiquaire et mon père photographe -, j’ai toujours nourri une forte sensibilité pour les objets et l’art. Il y a dix ans, alors que j’exerçais encore en tant qu’architecte, j’ai décidé de me lancer dans la confection d’une collection de bijoux. Je crois que je voulais penser la forme autrement, la penser portée. Ce qui m’a plu aussi à travers la joaillerie, c’est cette notion de transmission qu’elle insuffle. Puis, en comparaison avec l’architecture, le dynamisme de création, ainsi qu’une certaine immédiateté du résultat, m’ont séduite.
Comment se déroule votre processus de création ?
Ayça Özbank Taskan et Gökçe Taskan : Tout part de la forme et de son énergie. On commence par chercher quelque chose sans savoir exactement quoi. Au début, c’est vraiment très conceptuel, puis l’envie apparaît, telle une impulsion, les lignes et les courbes se dessinent timidement, jusqu’à ce que la forme devienne matière. Chaque nouvelle pièce provoque une émotion forte et troublante.


Le bijou architectural et organique
Quelles sont vos principales sources d’inspiration?
Ayça Özbank Taskan : Nos inspirations sont multiples et peuvent surgir de partout : de la nature, de la danse, de l’art… Mais c’est vrai que, de part notre formation, nous sommes très ancrés dans l’architecture et le design. J’aime beaucoup l’architecte vénitien Carlos Scarpa, une grande figure du modernisme italien, ainsi que l’architecte finlandais Alvar Aalto, que j’admire depuis de nombreuses années. J’aime également les architectes constructivistes, à l’instar de Frank Gehry, sans oublier la sculpture moderne qui me fascine. En d’autres termes, je crée mon propre millefeuille d’inspirations que je modèle ensuite à ma manière.
Comment décririez-vous le style de vos collections en trois mots ?
Ayça Özbank Taskan et Gökçe Taskan : Architectural, sensuel et singulier.


Qu’est-ce que le bijou représente pour vous ?
Ayça Özbank Taskan : À partir du moment où il est en rapport étroit avec le corps, je perçois le bijou comme quelque chose de foncièrement intime et précieux. Je ne le considère absolument pas comme un accessoire ou un produit de mode. Les bijoux sont pour moi de petites sculptures en métal, chargées de sens.
Qu’est-ce qui vous rend fiers aujourd’hui, quand vous revenez sur votre parcours ?
Ayça Özbank Taskan et Gökçe Taskan : L’ouverture de notre première boutique il y a trois ans demeure pour nous une étape importante de notre parcours. Aujourd’hui, on expédie dans plus de 90 pays et ça aussi c’est une vraie victoire. Le fait que notre communauté ne cesse de s’élargir, c’est un cadeau : nous sommes toujours très fiers de réussir à toucher les gens avec nos créations.
Mara Paris, 29 rue Chapon, Paris 3e.