Sean Combs : 5 choses à retenir du documentaire choc sur le rappeur

par Alexis Thibault.

Sean Combs : L’heure des comptes, un documentaire choc

Le documentaire Sean Combs: The Reckoning (2025), disponible sur Netflix depuis le 2 décembre 2025, est bel et bien le choc escompté. Le programme en quatre épisodes d’une heure chacun marque l’aboutissement de deux ans de révélations et de procédures. Toutes visent Sean “Diddy” Combs alias P. Diddy ou Puff Daddy, rappeur, homme d’affaires et producteur de musique de 56 ans originaire de New York.

L’homme a régné en maître sur le hip-hop dès le début des années 1990. Et la réalisatrice américaine Alexandria Stapleton suit la chute de cette icône devenue un détenu fédéral. En 2025, P. Diddy est condamné à cinquante mois de prison pour deux chefs de “transport à des fins de prostitution”. S’ajouteront des accusations d’agressions sexuelles, de violences physiques et d’emprise. La star dénonce alors une calomnie fondée sur des images dérobées.

Une affaire qui a choqué le monde

Maid le producteur du documentaire Netflix 50 Cent, rappeur que l’on ne présente plus et qui a son homologue dans le collimateur depuis plusieurs années frappe un grand coup avec ce film. Son but ? Redonner la parole aux victimes et montrer que, depuis ses débuts, P. Diddy est problématique. Le résultat ressemble moins à un simple règlement de comptes qu’à une dissection sordide de l’industrie musicale. Voici les cinq choses à retenir de cette descente aux enfers qui a scandalisé le monde.

50 Cent révèle des images compromettantes de P. Diddy

Avant même d’entrer dans le vif du sujet, le premier tremblement provient d’images tournées dans une chambre d’hôtel. Elles datent de quelques jours avant l’arrestation de Sean Combs, en 2024. On y découvre le magnat du rap enfermé avec ses avocats et ses proches. On parle stratégie, presse et réputation, entre assurance brute et panique mal contenue. Comme si sa toute-puissance se fissurait pour la première fois…

Ces séquences n’ont pas été prises par un paparazzi. Elles auraient été filmées pour un projet privé commandé par P. Diddy lui-même. Mais alors pourquoi apparaissent-elles dans ce documentaire à charge qui l’incrimine ? L’équipe de 50 Cent, le producteur du film, affirme derechef les avoir acquises légalement. Alors, ces images ont-elles vraiment été dérobées ? Le conflit se poursuivra sans doute sur le terrain juridique.

Un match de basket qui a tourné au drame

La réalisatrice du film Sean Combs: The Reckoning (2025) revient aussi sur l’effroyable drame du City College. En 1991, un match de basket caritatif, co-organisé et promu par le jeune Sean Combs et le rappeur Heavy D, tourne au cauchemar. Près de 5 000 personnes se pressent devant une salle qui ne peut en accueillir que la moitié. Une bousculade éclate dans une cage d’escalier et neuf personnes meurent dans la panique. Des dizaines d’autres sont blessées. Paradoxalement, Sean Combs deviendra ensuite l’une des figures centrales du rap East Coast.

Le film rappelle pourtant les procédures civiles engagées après la tragédie et le jugement de 1998, qui le déclare partiellement responsable de la catastrophe. Il évoque aussi les critiques formulées à l’époque : certains estiment que Sean Combs et les organisateurs auraient cherché à limiter leur exposition financière, notamment en s’abritant derrière la complexité des structures juridiques et des assurances. Plus de trente ans plus tard, cet épisode réapparaît dans le documentaire comme un présage troublant, où la quête d’ascension et de visibilité se paie déjà au prix fort.

Une galerie de témoins poignante

Sean Combs : L’heure des comptes n’est pas un portrait à charge, porté uniquement par des spécialistes extérieurs, mais bien une enquête. On y auditionne ses collaborateurs et d’anciennes artistes de son label Bad Boy Records, parmi lesquelles Aubrey O’Day, chanteuse de R’n’B membre du groupe Danity Kane et Kalenna Harper, issue des Dirty Money. L’ex-chef de la sécurité témoigne lui aussi, tout comme deux jurés du procès fédéral de 2025. Mais que racontent-ils ?

Les récits évoquent toujours des humiliations publiques, des violences physiques et une emprise sexuelle constante. Il fallait tout accepter, même ses “freak offs”, soirées sexuelles très codifiées qui ont affolé les réseaux sociaux il y a plusieurs mois. Des nuits sordides où la frontière entre consentement et contrainte semblait floue, voire inexistante. Et tous les personnages de ce cauchemar ont eu leur carrière brisée… ou pire encore.

Les morts de Tupac et Biggie au cœur du documentaire

L’un des pans les plus brûlants du documentaire est la rivalité East Coast / West Coast. Un climat de tension, allant de 1991 à 1997, opposa les rappeurs de la côte est des États-Unis à ceux de la côte ouest. The Reckoning reprend les déclarations de Keefe D, ancien chef de gang qui persiste et signe : Sean Combs aurait promis jusqu’à un million de dollars à la bande sanguinaire des Crips pour faire tuer les rappeurs Tupac Shakur et le réalisateur et producteur américain Suge Knight. Des accusations que Sean Combs nie en bloc. On y découvre également la pression pesant sur la star du hip-hop The Notorious B.I.G. avant son voyage à Los Angeles, alors que les menaces flottaient déjà dans l’air. 50 Cent est d’ailleurs lui-même le rescapé d’une tentative d’assassinat.

Un documentaire résolument politique

Au-delà du cas Sean Combs, le documentaire surgit comme un #MeToo tardif du hip-hop et du R’n’B. En quelques jours, Netflix annonce des dizaines de millions de vues et Sean Combs: The Reckoning grimpe en tête des classements. 50 Cent et Alexandria Stapleton promettent de reverser les profits à des associations d’aide aux victimes d’agressions sexuelles, geste moral et stratégique, afin d’entériner tout soupçon d’opportunisme. Ce film se présente alors comme une enquête sur différents systèmes d’abus et de prises de pouvoir. La mise à l’épreuve d’un système capitaliste fracturé, pervers et en bout de course.

Sean Combs : L’heure des comptes (2025) d’Alexandria Stapleton, disponible sur Netflix.