On était au concert gothique et flamboyant de Lady Gaga à Paris

par Violaine Schütz.

Publié le 18 novembre 2025. Modifié le 20 novembre 2025.

Après le succès de son album Mayhem, sorti en mars 2025, la superstar américaine Lady Gaga s’est lancée dans une tournée pharaonique, en juillet dernier. Intitulé The Mayhem Ball, la série de concerts sold out a débuté à Las Vegas (et elle s’achèvera à New York en avril 2026). Entre-temps, l’auteure-compositrice-interprète, productrice et actrice âgée de 39 ans fait une halte en France pour deux dates à Lyon et quatre à l’Accor Arena, à Paris, en novembre 2025. Les 90 000 billets pour Lyon et Paris se sont écoulés en quelques minutes. Et les demandes sur le marché noir étaient très fortes…

The Mayhem Ball, la tournée gothique en diable de Lady Gaga

Nous étions présents lors du premier show, le 17 novembre 2025, et le moins que l’on puisse dire, c’est que Lady Gaga a fait honneur au nom de son dernier opus, Mayhem, que l’on peut traduire par “grabuge”. La star est arrivée aux alentours de 20h30 dans une salle comble, dans laquelle ses fans, les “little monsters”, étaient vêtus de tenues baroques (dentelle rouge, chapeaux, collants résille, robes de princesses dramatiques ou de mariées, recréation de costumes de clips…) du plus bel effet.

Un concert macabre et maximaliste à Paris

Le ball shakespearien croisant Éros et Thanatos commence avec quelques notes d’opéra retentissant sur fond de décor gothique en diable : un théâtre-château avec deux tours-loges d’opéra (à moins qu’il ne s’agisse de deux Colisée). Pour le premier acte de ce show, Of Velvet And Vice, Lady Gaga apparaît perchée sur une énorme robe à crinoline-cage rouge carmin pour entonner Bloody Mary (2011), Abracadabra (2025) et Judas (2011). La chanteuse enflamme alors la scène au sens propre (des flammes surgissent en haut des tours comme au figuré.

Dans ce spectacle original aux airs de production théâtrale, d’opéra et de cirque, tout se veut maximaliste et sombre, explorant des thèmes comme la dualité, la mort et la renaissance. Des danseurs vêtus de noir aux mouvements inspirés de ceux des squelettes en passant par les costumes d’inspiration victorienne, l’extravagante Lady Gaga va sortir le grand jeu du bal dark. La scénographie est grandiose (mais aussi kitsch et grotesque dans les bons sens des termes), à l’image de celle de Poker Face (2008), où la partie de la scène en forme de manche de guitare s’illumine de carreaux d’Harlequin façon Joker.

Une performeuse théâtrale et charismatique

Pour le deuxième acte flamboyant, And She Fell Into A Gothic Dream, la sexy, charismatique et énergique Lady Gaga frappe fort avec un tableau lors duquel elle interprète Perfect Celebrity (2025) couchée dans un tombeau aux airs de bac à sable hanté par des squelettes et des zombies.

Elle enchaîne avec les tubes Disease (2024) et Paparazzi (durant lequel elle avance sur des béquilles), qui confirment son talent pour la comédie (elle interprète vraiment les scénettes racontant le combat du bien et du mal), les chorégraphies (signées Parris Goebel) et le chant. Quand elle danse, la voix de Gaga ne bouge pas, impressionnant par sa puissance.

Le troisième acte burtonien, The Beautiful Nightmare That Knows Her Name, impressionne par ses costumes grandiloquents et ses mises en scènes aussi drôles que poétiques et délirants. Même si certains passages (les changements de tenues) sont un peu longuets. Mais le plus beau (et le plus théâtral) des moments de ce concert reste le quatrième acte, Every Chessboard Has Two Queens.

Un show digne du Hellfest

La chanteuse s’installe sur une barque pour chanter une version poignante de Shallow (2018) et se met au piano pour dévoiler des interprétations intenses de Die with a Smile (2025), Always Remember Us This Way (2019) et The Edge of Glory (2011). La foule est alors en larmes. Et Lady Gaga ne cache pas son émotion.

Avec ce show très rock (voire metal) et démesuré (cf la tête de mort “vanité” géante déposée sur le sol) de plus de deux heures, évoquant un joyeux chaos digne d’une performance au Hellfest, la “mother monster” prouve qu’elle est l’une des meilleures performeuses de sa génération. De celles qui savent aussi bien nous faire danser que nous émouvoir. Et parfois, réaliser les deux en même temps. Des prouesses d’autant plus touchantes que l’artiste souffre de fibromyalgie et qu’elle a survécu à un grave épisode dépressif.

Mayhem (2025) de Lady Gaga, disponible. Lady Gaga est en concert à l’Accor Arena, à Paris, les 18, 19 et 22 novembre 2025.