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Farida Khelfa met aux enchères 200 pièces de mode exceptionnelles
Muse et icône de mode, Farida Khelfa organise une vente aux enchères exceptionnelle de ses archives personnelles avec Maurice Auction. Deux-cents pièces exceptionnelles, à acquérir du 20 novembre au 11 décembre 2025.
Propos recueillis par Léa Zetlaoui.

Farida Khelfa, muse et icône française
A-t-on encore besoin de présenter Farida Khelfa ? Icône française majeure, figure libre et audacieuse, elle s’impose aussi comme une femme engagée. Et son parcours, qu’elle met en lumière dans son livre Une enfance française (paru en 2024), inspire par sa singularité et sa détermination.
Née à Lyon en 1960 dans une famille nombreuse d’origine algérienne, Farida Khelfa s’enfuit à Paris à l’adolescence pour se construire une vie loin des sentiers battus. Très vite, la nuit parisienne la révèle et la mode l’adopte. Tandis que le photographe Jean-Paul Goude la met en lumière, les créateurs Azzedine Alaïa et Jean-Paul Gaultier en font une muse.
Première mannequin maghrébine à s’imposer sur les podiums, elle bouscule les normes et incarne une nouvelle idée de la beauté, plus libre et plus diverse. Par la suite, elle sera actrice, directrice de salons couture, puis documentariste – elle n’aura de cesse d’utiliser sa voix pour déconstruire les stéréotypes et célébrer l’identité culturelle.
En cette fin d’année, Farida Khelfa dévoile une nouvelle facette de son parcours fascinant à travers une vente aux enchères exceptionnelle. En collaboration avec Maurice Auction, elle met en vente 200 pièces issues de ses archives personnelles, dont une partie des bénéfices sera reversée au Fonds Riace.

Farida Khelfa raconte sa vente aux enchères
Numéro : Qu’est-ce qui vous a poussée à ouvrir vos archives personnelles ?
Farida Kehlfa : À l’occasion d’une série mode pour le magazine L’Étiquette, on m’a demandé d’apporter mes archives. Et en me replongeant dedans, je me suis dit : “Pourquoi ne pas trier ce que j’ai et ce que je ne porterai plus ?” Il y avait une dimension affective dans ces vêtements, et il fallait que je coupe un peu ce lien. Le tri m’a permis de faire un grand nettoyage intime et public aussi.
Pourquoi avoir choisi ce format de vente aux enchères ?
Je trouve ça bien que les vêtements vivent, qu’ils continuent. Je suis sûre que ça plairait à Azzedine [Alaïa] que mes pièces continuent de voyager, qu’elles ne s’arrêtent pas avec moi ou qu’elles finissent oubliées. Une vente, c’est différent du don “par obligation”. Ici, ce sont des gens qui veulent vraiment ces vêtements.
“Je n’ai jamais consommé la mode, je l’ai toujours vécue avec passion.” Farida Khelfa

Vous espérez qu’un nouveau lien va se créer entre l’acquéreur.se et le vêtement ?
Oui, car souvent, quand j’ai donné des pièces, ça ne correspondait pas aux goûts des personnes. Il faut trouver quelqu’un qui partage la même sensibilité que vous. Surtout que j’ai des pièces très particulières. Il faut vraiment aimer la mode pour les apprécier. Après tout, ce sont des pièces exceptionnelles.
Justement, comment avez-vous choisi les 200 pièces proposées ?
J’ai une collection très large avec du Alaïa, du Jean Paul Gaultier des débuts, une robe Halston, du Cardin, du Saint-Laurent vintage… J’ai accumulé énormément de vêtements. Je n’ai jamais consommé la mode, je l’ai toujours vécue avec passion. Et ces pièces, ce sont un peu des morceaux de moi-même.
Une partie des bénéfices sera reversée au Fonds RIACE. Que représente cette cause pour vous ?
Cette association s’occupe des réfugiés en France, surtout des enfants, et les accompagne pour qu’ils puissent s’insérer, apprendre, respecter les règles… et ça marche, c’est vraiment impressionnant. Ce sont des jeunes dont notre société a besoin. Beaucoup viennent de pays en danger, il faut les aider.

Une relation intime avec les vêtements
Finalement, vous entretenez une relation intime avec vos vêtements ?
Oui, je respecte profondément les vêtements. D’ailleurs, c’est en travaillant avec Azzedine Alaïa et Jean-Paul Gaultier que j’ai appris à les préserver. C’est important pour moi d’en prendre soin.
Parmi toutes les créations mises en vente, y a-t-il une pièce que vous chérissez particulièrement ?
J’ai cette veste en agneau de Mongolie, blanche, qu’on appelait “faux singe”, que j’aime énormément et que j’ai beaucoup portée à la fin des années 90. J’ai aussi le trench “Greta Garbo”, très long et très large, qu’Alaïa a créé pour elle dans les années 60 et que j’ai beaucoup porté. Finalement, j’ai toujours eu un truc avec les manteaux, je trouve que ce sont des pièces essentielles.

Mode, élégance et générosité
Selon vous, comment la mode a-t-elle évolué depuis vos débuts ?
Aujourd’hui, c’est une grande industrie. À mon époque, c’était déjà une industrie, mais beaucoup plus artisanale. Maintenant, la mode prend une place énorme dans la vie de tout le monde et tout est devenu business. J’avoue que je regrette un peu les années 90, où les actrices s’exprimaient personnellement. Même si elles étaient très mal habillées sur les tapis rouges, comparé aux années 50 et 60. Aujourd’hui, il y a des stylistes pour les accompagner et tout est rémunéré.
“En réalité, je crois qu’il n’existe pas de définition de l’élégance, si ce n’est d’être généreux.” Farida Khelfa

Quelle est votre définition de l’élégance ?
Je ne pourrais pas vraiment définir l’élégance. Il faut être en accord avec le vêtement, oser, parfois aller contre sa nature. Mais l’élégance, ce n’est pas seulement un look, c’est aussi une attitude. On peut être bien habillé et complètement vulgaire dans son comportement. En réalité, je crois qu’il n’existe pas de définition de l’élégance, si ce n’est d’être généreux. Généreux avec les autres, généreux de sa personne, généreux dans tous les sens du terme.
Ce qui explique cette vente en enchères… Qu’aimeriez-vous que l’on retienne de cet événement ?
J’aimerais d’abord qu’elle ait beaucoup de succès. Ça me ferait très plaisir que des belles pièces soient reconnues comme telles, voire que des musées en acquièrent. Mais surtout, j’aimerais qu’elles soient portées à nouveau. Donner, c’est un vrai plaisir. Je ne le comprenais pas avant, mais aujourd’hui, je trouve que c’est presque plus satisfaisant que de recevoir.
Vente aux enchères en ligne de Farida Khelfa sur mauriceauction.com. Du 20 novembre au 11 décembre 2025 à 14h. Tous les lots seront présentés sur rendez-vous uniquement, chez Maurice Auction, Maison de Ventes aux Enchères, au 60 rue la Boétie, Paris 8e.