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Antoine Reinartz nous raconte Des vivants, la série poignante sur les attentats du Bataclan
C’était l’une des séries francophones les plus attendues de cet automne. Des vivants, la nouvelle création en huit épisodes de Jean-Xavier de Lestrade, avec Benjamin Lavernhe et Felix Moati s’attaque à un sujet brûlant : les attentats du 13 novembre 2015. Un programme aussi touchant que nécessaire, que l’acteur Antoine Reinartz (récemment vu dans Anatomie d’une chute), nous raconte en détails…
par Nathan Merchadier.
Des vivants, une série poignante sur les attentats de novembre 2015
C’était l’une des séries françaises les plus attendues de l’automne 2025. Des vivants, une mini-série poignante sur les attentats du 13 novembre 2015, signée Jean-Xavier de Lestrade – réalisateur oscarisé pour le documentaire Un coupable idéal (2001) – a fait son arrivée sur France TV le 27 octobre dernier. En mettant en scène les destins croisés de plusieurs survivants du Bataclan, il ne raconte pas seulement la tragédie du 13 novembre 2015, mais aussi la lente reconstruction d’une poignée de rescapés après l’horreur.
Portée par un casting d’une justesse rare (Benjamin Lavernhe, Antoine Reinartz, Félix Moati), la série s’attache à montrer l’enfer vécue lors de cette fameuse soirée ainsi que les cicatrices invisibles laissées par ce qui s’est déroulé lors du concert des Eagles of Death Metal. Alors que l’on approche du dixième anniversaire des attentats, Des vivants réveille la mémoire collective sans pour autant tomber dans le pathos.
Si le septième art s’était déjà emparé du sujet des attentats, notamment avec le film Novembre (2022) de Cédric Jimenez avec Jean Dujardin qui s’intéressait à l’enquête en se plaçant du côté des forces de l’ordre, la série En thérapie (2020-2021) de Toledano et Nakache observait quant à elle les blessures du point de vue d’un psychanalyste, brillamment joué par Frédéric Pierrot. Le programme de Jean-Xavier de Lestrade choisit, lui, une voie plus risquée mais subtilement exécutée en se plaçant à hauteur d’otages.

Une fiction à hauteur d’otages avec Antoine Reinartz
L’acteur français âgé de 40 ans Antoine Reinartz, star du film Anatomie d’une chute (2023), interprète l’un des rescapés des attentats du 13 novembre 2015 dans la série. Il nous raconte à ce sujet : “Ce projet m’a permis de prendre du recul par rapport à mon propre vécu. J’habitais dans la rue des attentats, donc comme beaucoup, j’ai longtemps eu cette réaction très instinctive : “Moi, ce soir-là, j’étais là… Et toi ?” C’est humain, on essaie de situer ce qu’on a ressenti. Mais en me plongeant vraiment dans ce qu’ont vécu les victimes, qu’elles aient été présentes ou touchées par ricochet, j’ai eu le sentiment de me décentrer. Et de me détacher de mon expérience personnelle pour mieux comprendre une mémoire collective. C’est comme si les choses s’étaient enfin mises à une juste place.”
L’acteur ajoute : “J’ai toujours eu, moi aussi, un rapport très fort au réel. J’ai un peu peur des conventions, des choses trop fabriquées. J’ai commencé avec 120 battements par minute (2017), un film ancré dans une histoire vraie, à la fois très stylisé, mais d’une vérité presque brute. C’est ce qui me guide depuis toujours. C’est probablement pour cela que Jean-Xavier est venu me chercher. Il a dû reconnaître une filiation, un écho, un truc logique.”

“J’ai toujours eu, moi aussi, un rapport très fort au réel. J’ai un peu peur des conventions, des choses trop fabriquées.” Antoine Reinartz
En huit épisodes, Des vivants nous replonge dans la sidération, l’angoisse et le retour à la vie qui se sont joués les mois qui ont suivi le drame. Plutôt que d’opter pour une simple reconstitution, elle opère une immersion intime dans le traumatisme, celui de femmes et d’hommes ordinaires, qui doivent réapprendre à aimer, à exister après ce qui s’est passé. Et c’est sans doute pour cela qu’elle touche aussi juste, même si certains la jugent indécente. Comme le confie Félix Moati, qui incarne de son côté Sébastien, l’un des rescapés : “Le tournage n’avait rien d’un reportage.”
Antoine Reinartz explique de son côté : “Il faut accepter que l’on va forcément un peu falsifier la réalité. Il y a forcément des moments où je vais avoir des réactions un peu différentes de celles qu’a traversées le vrai Grégory. J’essaie de le comprendre au mieux, je cherche une justesse avec ce que j’aurais fait dans ce contexte, avec toutes les données que je connais de lui. Il y a une part d’universel en nous de laquelle j’essaie de m’approcher. En connaissant au mieux toute cette situation. Mais si on veut l’incarner, on ne peut pas être à distance, donc forcément je reviens aussi à moi. Mais finalement j’ai eu la bénédiction du vrai Grégory.”
Des vivants (2025), créée par Jean-Xavier de Lestrade et Antoine Lacomblez, disponible sur France TV.