4 oct 2025

Au défilé Issey Miyake, la vie secrète des vêtements

Ce vendredi 3 octobre, le défilé Issey Miyake printemps-été 2026 imaginait un monde où les vêtements s’émancipent de leur fonction première pour devenir sensibles.

  • par Mélody Thomas.

  • Le vêtement conscient selon Issey Miyake 

    Si les vêtements prennent vie. Si le corps devient objet”, tel est le contexte posé par Satoshi Kondo, le directeur créatif d’Issey Miyake. Présenté au Centre Pompidou, le défilé revient sur une idée souvent discutée dans l’industrie, séparant d’un côté ceux qui portent les vêtements et de l’autre ceux portés par leurs vêtements. Autrement dit, ne pas exister par soi-même, sans ses vêtements. Mais ce n’est pas la définition pour laquelle le designer japonais a opté, préférant explorer l’idée suivante : “Et si les vêtements étaient conscients ?”

    Cette hypothèse n’est pas sans écho : ces dernières années, les vêtements sont pensés au-delà de leur fonction esthétique, jusqu’à se doter de capacités thérapeutiques. Qu’il s’agisse de soutenir le corps ou d’en renforcer le système. Ainsi, ils deviennent une protection du monde extérieur, un moyen d’expression et aussi presque des êtres vivants, dotés d’une volonté propre. Comme précisé par le communiqué transmis à la presse : “À partir de cette hypothèse, l’acte de s’habiller est réinventé, offrant plus de liberté et de nuances dans la façon de se vêtir, et ouvrant une nouvelle relation entre celui qui porte et ce qui est porté.

    Libérer le vêtement, libérer le corps

    Cette vision prend forme à travers Being Garments, Being Sentients (“Être Vêtements, Être Sensibles”, ndlr.), la collection Issey Miyake printemps-été 2026 où 52 silhouettes traduisent la vie “autonome” et “animée” des vêtements comme l’indiquaient deux t-shirts au début du show. On y retrouve des pièces familières, mais avec un twist comme ces chemises dont le boutonnage relie le col au bras de chemise ou encore ces vestes qui dévoilent leurs doublures.

    Jeu de construction et de déconstruction, trompe-l’œil… Les vêtements Issey Miyake semblent être capables d’une transformation perpétuelle, notamment grâce aux manches, placées à différents endroits, permettant de s’approprier une pièce d’une manière qui semble infinie.

    Finalement, Satoshi Kondo réinvente les manières et les raisons de porter un vêtement. Il révèle ce qui, d’ordinaire, reste invisible — autant de nous que des habits eux-mêmes. Une collection sur le choix, la liberté qui donne à voir un monde dépourvu de contraintes vestimentaires. C’est d’ailleurs l’intention derrière Karst Finch, la nouvelle sneaker créée en collaboration avec Camper qui appelle à marcher librement, sans contraintes. Ou comment libérer le potentiel des vêtements est peut-être aussi, à un certain degré, nous libérer nous-mêmes.

    Tous les looks du défilé Issey Miyake printemps-été 2026