3 oct 2025

Au défilé Givenchy, une femme qui habille des femmes

Au défilé Givenchy printemps-été 2026, Sarah Burton prend ses marques avec une seconde collection à la fois féminine, puissante et sensuelle.

  • par Léa Zetlaoui.

  • Publié le 3 octobre 2025. Modifié le 6 octobre 2025.

    Sarah Burton affirme sa vision avec un sublime défilé

    Ce vendredi 3 septembre 2025, Sarah Burton dévoilait son défilé Givenchy printemps-été 2026, dans l’ambiance intimiste d’une tente installée aux Invalides. Une seconde collection éloquente, à travers laquelle la créatrice de mode britannique affirme et affine sa vision pour la maison parisienne. Dans le sillage de ses 13 années à la tête de McQueen (elle succède au créateur à sa mort en 2010), elle poursuit sa quête d’une mode féminine et puissante.

    Suite au grand remaniement (sans grande révolution) qui a eu lieu ces derniers mois au sein de l’industrie de la mode, Sarah Burton fait partie des rares femmes à la direction artistique d’une marque de luxe. Suite à l’éviction de Maria Grazia Chiuri (Dior), de Silvia Venturini Fendi et de Donatella Versace, il ne reste en effet plus que Miuccia Prada (Miu Miu), Louise Trotter (Bottega Veneta) et Meryll Rogge (Marni).

    Le défi Givenchy

    Très bien accueillie par la presse, la nomination de Sarah Burton chez Givenchy il y a un an s’accompagne néanmoins de nombreux défis. Depuis le départ de Riccardo Tisci en 2017, la maison a connu une certaine instabilité, alors que se sont succédé deux créateurs, Clare Waight Keller (2017-2020) et Matthew M. Williams (2020-2023). Par ailleurs, bien que riche et éclectique, l’héritage de la maison fondée en 1952 par Hubert de Givenchy a peu à peu perdu de sa force.

    Les raisons ? D’abord une instabilité chronique à la direction artistique — avant Riccardo Tisci, John Galliano n’est resté qu’un an en poste et Julien Macdonald, trois. À cela s’ajoute l’empreinte considérable de Riccardo Tisci, dont les douze années de création ont façonné une esthétique radicalement différente de celle du fondateur. Enfin, après vingt-six ans chez McQueen, Sarah Burton s’était confondue avec l’identité même de la maison, au point d’en devenir indissociable.

    Ainsi, en mars dernier, sa première collection (saison automne-hiver 2025) conservait-elle des traces de cette époque. En revanche, avec son sublime défilé Givenchy printemps-été 2026, la créatrice de mode britannique semble prendre ses marques.

    Une femme qui habille des femmes

    Il semblait pourtant difficile de tirer son épingle du jeu durant cette Fashion Week. En effet, de nombreux créateurs mode, nouvellement nommés, présentaient leurs premières collections. Alors qu’elle défile quelques heures après le début – très réussi – de Jack McCollough et Lazaro Hernandez chez Loewe, Sarah Burton s’impose avec grâce.

    Le chemin le plus court vers l’élégance, c’est la simplicité.” Cette citation d’Hubert de Givenchy résonne derrière chacune des silhouettes de la collection printemps-été 2026. En 51 silhouettes, Sarah Burton dessine de nouveaux codes Givenchy, à la fois identifiables et contemporains.

    Le tailoring au-delà du costume

    Célébrée pour sa maîtrise du tailoring (origine anglaise oblige), Sarah Burton développe toute une garde-robe inspirée par le costume. Utilisant des matériaux fluides et du cuir, elle imagine des robes-chemises structurées, des jupes aux drapés gracieux et des tailleurs revisitées, d’une simplicité renversante et d’une élégance folle.

    Le nœud Givenchy

    Ambassadeur de l’élégance française, Hubert de Givenchy adorait les nœuds. Un ornement que la nouvelle directrice artistique a retravaillé à travers de nouvelles interprétations davantage minimalistes. Déjà aperçus en écharpe XXL lors du défilé automne-hiver 2025-2026, les nœuds deviennent une manche sur une robe asymétrique, décorent des sandales ou s’imposent sur des trenchs bouffants.

    Révéler la beauté des femmes

    Enfin, l’un des aspects les plus remarquables de cette collection Givenchy réside dans la manière dont Sarah Burton révèle les femmes. Les manteaux et chemises mettent délicatement en valeur les décolletés, tandis que la taille des jupes sont finement soulignées.

    Les mini-robes et les bodys se portent avec des ballerines, dans un jeu d’équilibre raffiné. À travers cette approche élégante et sensible, Sarah Burton transcende même ses propositions les plus osées. Son Givenchy comprend les femmes et les célèbre.

    Tous les looks du défilé Givenchy printemps-été 2026