Haider Ackermann transcende le porno chic de Tom Ford

Ce mercredi 1er octobre 2025, Haider Ackermann présentait son second défilé pour Tom Ford. Une collection printemps-été 2026 entre luxe audacieux et sexy graphique, qui ravive l’éclat de la marque.

par Léa Zetlaoui.

Publié le 2 octobre 2025. Modifié le 6 octobre 2025.

Le porno chic, la signature Tom Ford

Ce mercredi 1er octobre 2025, avait lieu place Vendôme un des shows les plus confidentiels de la Fashion Week : le défilé Tom Ford printemps-été 2026. Et cette deuxième collection signée Haider Ackermann réussit un tour de force. Celui de transcender le porno chic signature du fondateur éponyme de la marque fondée en 2005.

Emblématique du début des années 2000, la mode porno chic se cristallise au printemps-été 2003. À l’époque directeur artistique de Gucci, Tom Ford fait appel à la styliste Carine Roitfeld et au photographe Mario Testino, pour une campagne débridée qui va marquer les esprits. La photo de Carmen Kaas, déshabillée en Gucci, les poils pubiens taillés en G, s’apprêtant à recevoir un cunnilingus, restera gravée dans les annales. Ainsi, le fougueux trio va révolutionner l’industrie avec une idée simple : le sexe fait vendre.

Mais autres temps, autres mœurs. Et vingt ans plus tard, on croyait le porno chic définitivement mort et enterré. C’était sans compter sur Haider Ackermann. Créateur de 54 ans, connu pour sa mode sensuelle et graphique, succède au designer Texan il y a un an. À l’époque, qui aurait misé sur cet électron libre pour donner un nouveau souffle au porno chic ?

Haider Ackermann, une sublime mode sexy et graphique

Si tout est une question de timing, cela l’est d’autant plus lorsqu’il s’agit de mode. Industrie façonnée par le jeu des tendances, elle se réinvente sans cesse en propulsant certains styles au sommet, tout en reléguant les précédents au second plan. Ainsi, cette Fashion Week enterre définitivement le très beige et ennuyeux quiet luxury des saisons précédentes. Et c’est tant mieux.

Mais le retour à une créativité haute en couleurs et en audace ne justifie pas à elle-seule le succès du défilé Tom Ford printemps-été 2026. Si hier soir, Haider Ackermann nous a conquis, c’est grâce à son élégance nonchalante qu’il injecte avec délicatesse à l’héritage débridé de la marque.

Diplômé de l’Académie royale des beaux‑arts d’Anvers, le créateur de mode français né en Colombie se lance en 2001, avec le soutien de Raf Simons. Inclassable, il signe des collections empreintes de tailoring précis et de nomadisme sensuel. Pendant près de vingt ans – il ne défile plus depuis la pandémie de Covid-19 – son style graphique et poétique émerveille les professionnels de la mode. Mais jusqu’alors, difficile d’associer son univers au registre du sexy. C’est en habillant Timothée Chalamet d’un dos nu en satin à la Mostra de Venise en 2022 que la mue opère. Désormais, Haider Ackermann proposera une nouvelle vision de la séduction.

Le luxe en mode séduction

Là où le porno chic de Tom Ford pouvait sembler agressif, voire menaçant, celui d’Haider Ackermann se veut subtil. « La séduction est un dialogue, déclenché par un regard. Séduire, c’est voir et être vu par l’objet de son désir, s’en approcher, susciter le toucher. Le désir est ancré dans l’esprit de cette maison, diffusé comme un parfum enivrant dans les pièces où je continue de danser”, explique-t-il dans les notes qui accompagnent la collection.

C’est une veste graphique portée avec une jupe longue transparente qui laisse voir le string. Des costumes fluides aux couleurs éclatantes portés à même la peau. Ou encore des robes seconde peau suggestives, des jupes crayons en cuir vernis d’une élégance folle. Tandis que chez l’homme, la fluidité des matières confèrent une nonchalance affriolante. Pour citer Baudelaire, ici, “tout n’est que luxe, calme et volupté”.