Mannequin

Natalia Vodianova

Digne du conte de Cendrillon, Natalia Vodianova est passée d’une profonde précarité à la prospérité absolue. Son secret ? Une beauté incontestable, avec une bienveillance égalée.

Les débuts de Natalia Vodianova

Née le 28 février 1982, Natalia Mikhailovna Vodianova grandit dans un foyer modeste. Aînée d’une fratrie de trois enfants, elle passe son enfance à Nijni Novgorod, grande ville industrielle de Russie. Très tôt, elle aide sa mère à tenir un petit commerce de fruits et légumes. En parallèle, la jeune Natalia s’occupe de sa sœur cadette Oksana, atteinte d’autisme, tout en essayant de soutenir le foyer. Cependant, malgré tous leurs efforts, la famille manquait souvent de ressources alimentaires. Cette précarité semblait normale pour elle à l’époque, inscrite dans le quotidien de nombreuses familles russes. Aujourd’hui, avec le recul, la mannequin perçoit ces années autrement. Lors d’une interview accordée à ELLE en 2008, elle confiait combien cette expérience avait façonné son regard sur la vie.

Paris : un miracle pour la mannequin russe

À 16 ans, la vie de Natalia Vodianova prend un tournant décisif grâce à son petit ami de l’époque. Fréquentant une école de mannequinat locale, il l’encourage avec bienveillance à le rejoindre et paie même ses frais d’inscription. Dès lors, sa carrière débute modestement. Elle foule le parquet d’un petit défilé, qui lui rapporte un salaire inédit pour elle. Selon Gala, cette somme dépasse largement ce qu’elle gagnait en un mois sur les marchés russes. Si défiler lui procure un plaisir certain, les castings constituent une épreuve bien différente. Entre silhouettes élancées, compétition rude et caractères parfois névrosés, la jeune Natalia peine à trouver sa place. Derrière son apparente rébellion se cache surtout l’angoisse de ne pas être retenue.

Finalement, une offre professionnelle l’amène à Paris, capitale de la mode. Là, elle rencontre Cyril Brulé, patron de l’agence Viva, qui la signe immédiatement. Fasciné, il la décrit comme « la nouvelle Romy Schneider », annonçant déjà son destin hors du commun.

Succès fulgurant : Gucci, Yves Saint Laurent, Louis Vuitton

Très vite, Natalia Vodianova devient l’égérie de Gucci pour la collection automne-hiver 2002. Sous l’ère Tom Ford, alors directeur artistique, la maison italienne célèbre une féminité sensuelle et assumée. Dans cette campagne, la mannequin pose devant un fond blanc, vêtue d’un manteau de fourrure, le regard perçant. Ces clichés hypnotiques recouvrent d’immenses panneaux publicitaires et propulsent la jeune Russe au rang de star mondiale.

La même année, elle attire la vision singulière du photographe Juergen Teller. Devant son objectif, Natalia apparaît enceinte, capturée sous une lumière diffuse, posant nonchalamment sur une plage sablée. En 2003, elle ouvre également le défilé printemps-été Yves Saint Laurent, vêtue d’un look sensuel teinté de grunge. Dès lors, elle s’impose comme figure incontournable de la mode, affectueusement surnommée « SuperNova » par la presse.

L’année 2003 marque une véritable accélération. Natalia incarne d’abord la campagne haute en couleurs de Louis Vuitton, signée Mert Alas et Marcus Piggott. Elle devient ensuite le visage des parfums Gucci et de la marque de cosmétique L’Oréal. Enfin, photographiée par Annie Leibovitz, elle se transforme en ingénue moderne dans une série de portraits commandée par Vogue. Inspirée du roman de Lewis CarrollAlice au Pays des Merveilles, cette série confirme sa place dans l’imaginaire collectif.

Héritage dans la mode : de Demarchelier à Calvin Klein

En 2004, Natalia Vodianova reçoit deux opportunités rares qui marquent un tournant. La première consiste à poser pour Patrick Demarchelier, figure emblématique de la photographie de mode. Dans une série de portraits intitulée A Clean Slate, réalisée pour Vogue US, son charisme magnétique s’impose. Chaque cliché confirme sa capacité à captiver l’objectif et à s’imposer comme une véritable icône contemporaine.

La seconde opportunité, tout aussi prestigieuse, l’ancre définitivement dans l’industrie. Elle signe un contrat d’exclusivité avec Calvin Klein, rejoignant ainsi la lignée de Kate MossKristy Turlington et Brooke Shields. Cette collaboration emblématique redéfinit sa carrière et élargit la vision internationale de la beauté.

Devenue figure majeure de la mode, Natalia utilise rapidement sa notoriété à des fins sociales. Toujours en 2004, elle fonde la Naked Heart Foundation, organisation destinée à soutenir financièrement les enfants russes défavorisés. Ce geste philanthropique traduit sa volonté de « faire les choses correctement ». Pour gérer ce projet avec sérieux, elle suit des cours de management à l’INSEAD, prestigieuse école de commerce.

En 2007, son succès atteint des sommets. Selon le magazine Forbes, elle fait partie des mannequins les mieux rémunérés au monde. Ses revenus approchent alors les 4,7 millions de dollars, consacrant définitivement son statut de star internationale.

Un charisme envoûtant au cinéma

En 2008, Natalia Vodianova reçoit un honneur exceptionnel : le numéro de mars de Vogue Russie lui est entièrement consacré. Devant l’objectif de Steven Meisel, elle incarne une muse des années folles, vêtue de longues robes drapées. Cette consécration coïncide pourtant avec une pause temporaire des podiums, la mannequin choisissant de privilégier d’autres projets personnels et professionnels.

En 2009, elle surprend dans un nouveau rôle. Sublime, elle co-présente les demi-finales de l’Eurovision aux côtés d’Andrei Malakhov. La même année, elle s’associe à la marque Etam pour créer une collection de lingerie éponyme, baptisée Natalia. Ce partenariat illustre sa capacité à conjuguer notoriété et créativité entrepreneuriale. En 2010, elle apparaît sur grand écran dans Le Choc des Titans. Elle y incarne Méduse, partageant l’affiche avec Ralph FiennesMads Mikkelsen et Nicholas Hoult. Cette incursion cinématographique confirme sa polyvalence et son attrait pour des univers différents.

Trois ans plus tard, elle joue Ariane dans La Belle du Seigneur (2013). Le film, adapté du roman d’Albert Cohen, explore romance et adultère dans les années 1930, peu avant la Seconde Guerre mondiale. La même année, elle incarne une héroïne sensuelle dans le court-métrage publicitaire La Légende de Shalimar pour Guerlain. Entre mode et cinéma, la star russe affirme une identité artistique multiple, capable de naviguer entre glamour, drame et icône publicitaire.