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Gabrielle Chanel
Gabrielle Bonheur Chanel, dite Coco Chanel, née le 19 août 1883 à Saumur et morte le 10 janvier 1971 à Paris, reste l’une des créatrices les plus influentes de la mode. En libérant le corps féminin des carcans du corset et en imposant un style sobre et fonctionnel, elle bouleverse le luxe au XXᵉ siècle et invente une esthétique intemporelle.
Publié le 2 octobre 2025. Modifié le 20 octobre 2025.

Les débuts de Gabrielle Chanel
Gabrielle Chanel a vu le jour dans un milieu modeste. Son père, colporteur, sillonnait les routes, tandis que sa mère exerçait le métier de couturière. À l’âge de dix ans, la disparition de sa mère bouleverse profondément le cours de sa vie. Incapable de s’occuper d’elle, son père la remet aux sœurs de l’abbaye d’Aubazine, qui dirigent un orphelinat. L’univers strict de cette institution forge son goût pour les lignes pures et les vêtements dépouillés. Les uniformes, les mosaïques aux motifs géométriques et les couleurs sobres marquent profondément son regard esthétique. Dès l’adolescence, elle apprend la couture, héritant d’un savoir-faire qui deviendra sa première arme créative.
Les débuts entre couture et cabaret

À sa sortie du couvent, elle travaille comme couseuse à Moulins. Pour arrondir ses revenus, elle se produit le soir dans des cafés-théâtres. Elle y interprète des chansons dont « Qui qu’a vu Coco ? ». Ce refrain lui vaut son surnom. Même si elle ne se destine pas à la scène, cette étape lui permet de découvrir le pouvoir de l’image et l’importance de se forger un personnage. À la même époque, elle fait la connaissance d’officiers et de personnalités influentes. Étienne Balsan, l’un d’eux, lui offre un accès à la haute société, l’héberge dans sa propriété et l’aide à lancer sa carrière de modiste.
Première boutique et affirmation d’un style
En 1910, Coco Chanel ouvre une boutique de chapeaux au 21 rue Cambon à Paris. Elle y séduit une clientèle de femmes élégantes lassées des excès décoratifs de la Belle Époque. Soutenue par Boy Capel, son grand amour et mécène, Gabrielle Chanel développe rapidement son activité et affirme sa place dans le monde de la mode. En 1913, elle inaugure une maison à Deauville, haut lieu mondain, puis une autre à Biarritz. Pendant la Première Guerre mondiale, ses modèles simples en jersey rencontrent un succès fulgurant. En quête de vêtements fonctionnels, les femmes adoptent ses modèles, qui allient liberté de mouvement et élégance renouvelée.
La petite robe noire et le parfum N°5
Dans les années 1920, Chanel impose une silhouette devenue légendaire : la petite robe noire. Sobriété radicale et élégance universelle font d’elle un vêtement incontournable, capable de convenir à toutes les situations. Dans le même temps, elle lance son parfum Chanel N°5, conçu par le parfumeur Ernest Beaux. Avec son flacon géométrique, ce parfum devient une icône planétaire. Grâce à cette création, Chanel inscrit son nom au-delà du vêtement, affirmant que la mode peut également s’exprimer à travers les sens.
Expansion et innovations
La maison Chanel se développe rapidement. Elle introduit les bijoux fantaisie, mélangeant pierres précieuses et autres matériaux, défiant la hiérarchie des valeurs traditionnelles. Les sacs matelassés à chaîne dorée, créés en 1955 sous le nom de 2.55, ajoutent une touche fonctionnelle et élégante à l’accessoire féminin. Elle revisite les tailleurs, privilégie le tweed souple et les lignes droites, transformant le quotidien en exercice de style.
L’interruption pendant la guerre
À l’aube de la Seconde Guerre mondiale, Chanel ferme ses maisons. Installée au Ritz, elle mène une existence retirée. Après le conflit, elle s’exile un temps en Suisse, où elle médite sur son avenir. Ce retrait, cependant, ne marque pas la fin de sa carrière.
Le retour triomphal des années 1950
En 1954, à soixante-dix ans, Coco Chanel décide de relancer sa maison. Sa nouvelle collection séduit rapidement la clientèle internationale. Ses tailleurs en tweed souple, ornés de boutons dorés et portés avec des escarpins bas, incarnent une modernité discrète. Les actrices hollywoodiennes, comme Grace Kelly et Audrey Hepburn, s’approprient ce style et en font une référence.
Coco Chanel cultive une personnalité paradoxale. Sévère et volontaire, elle construit son mythe à force de travail et de détermination. Ses relations amoureuses, parfois tragiques comme la mort accidentelle de Boy Capel, nourrissent son indépendance. Elle fréquente artistes et aristocrates, de Pablo Picasso à Igor Stravinsky, et s’impose comme une figure centrale des cercles intellectuels parisiens.
Les derniers jours et la postérité
Gabrielle Chanel s’éteint en 1971 dans sa suite du Ritz. Sa disparition marque la fin d’une époque. Toutefois, son œuvre lui survit. Sa maison est reprise par les frères Wertheimer, déjà partenaires de son succès dans l’univers du parfum. Quelques années plus tard, Karl Lagerfeld reprend la direction artistique et insuffle une énergie contemporaine à son héritage. Depuis, le double C entrelacé continue de briller sur les podiums du monde entier.
Héritage universel
L’héritage de Chanel ne se limite pas aux vêtements. Elle a offert aux femmes une nouvelle façon d’habiter leur corps et d’affirmer leur liberté. La petite robe noire, le parfum N°5, le tailleur en tweed et le sac 2.55 sont devenus des symboles de l’élégance moderne. Sa philosophie repose sur une idée simple : la mode n’est pas un décor mais une seconde peau. Elle transforme le quotidien en théâtre de l’élégance. Son influence, encore palpable aujourd’hui, traverse la mode, la parfumerie, le cinéma et l’art.