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Michael Rider
Michael Rider, au parcours exemplaire, a collaboré avec des figures majeures de la mode comme Nicolas Ghesquière et Phoebe Philo.

Les débuts de Michael Rider
Michael Rider est un designer américain reconnu pour son parcours singulier. Il a grandi à Washington D.C., loin des capitales de mode. Très tôt, il s’intéresse à l’art et à l’écriture, mais son premier choix n’est pas la création vestimentaire. En 2002, il obtient un diplôme en sciences politiques à l’université Brown, l’une des plus prestigieuses des États-Unis. Pourtant, ce diplôme marque davantage un point de départ qu’une destination.
Installé à New York, Michael Rider se rapproche progressivement du monde créatif. C’est dans cette ville qu’il découvre l’univers de Nicolas Ghesquière chez Balenciaga. Ses premières expériences sont modestes, mais elles nourrissent un goût croissant pour l’innovation. En 2004, il prend une décision radicale : s’installer à Paris pour s’immerger dans le cœur de l’industrie.
Une formation exigeante chez Balenciaga
Arrivé dans la capitale française, Michael Rider est recruté par Balenciaga comme designer senior. Il travaille alors directement sous Nicolas Ghesquière, figure majeure du design contemporain. Cette période est essentielle : quatre années d’apprentissage intense forgent sa méthode.
Chez Balenciaga, il découvre l’importance d’un vocabulaire esthétique précis. Il apprend également à penser chaque détail de coupe, de texture et de silhouette. La collaboration avec Ghesquière lui offre une double leçon. D’une part, l’exigence créative, toujours poussée vers l’avant. D’autre part, la rigueur du travail en équipe, indispensable dans une grande maison.
Ce passage lui permet d’installer des fondations solides. La discipline et l’audace acquises durant ces années influencent durablement sa manière de créer. Son style, encore en construction, se nourrit de cette expérience exigeante.
Céline : une décennie auprès de Phoebe Philo
En 2008, un appel change tout. Phoebe Philo, nouvellement nommée directrice artistique de Céline, contacte Michael Rider. Elle voit en lui un talent capable de participer à la transformation qu’elle souhaite mener. Il rejoint la maison comme directeur du design et devient un acteur clé de cette nouvelle ère.
Sous la direction de Philo, Céline impose une esthétique appelée « quiet luxury ». Cette approche valorise la coupe, la matière et la subtilité. Le vêtement devient un manifeste d’élégance discrète. Pendant près de dix ans, Michael Rider accompagne cette révolution silencieuse. Il supervise les collections, coordonne les équipes et s’assure que chaque pièce incarne la vision de la maison.
Le succès est rapide. Le sac Luggage, lancé en 2009, devient un phénomène mondial et une icône de la décennie. La maison acquiert une réputation unique, à la fois désirée et respectée. Dans l’ombre de Philo, Rider consolide son rôle. Sa discrétion n’enlève rien à son importance : il participe directement à installer un style devenu culte.
Ralph Lauren : moderniser le style américain
En 2018, Michael Rider revient à New York pour relever un nouveau défi. Il est nommé directeur artistique de Polo Ralph Lauren Women’s. Ce poste marque une rupture avec l’univers minimaliste de Céline, mais il ouvre une nouvelle perspective. La mission confiée est claire : moderniser les codes du style preppy américain. Michael Rider affine les silhouettes et introduit des matières plus contemporaines. Il dynamise aussi l’image de la marque, qui gagne une clientèle plus jeune. Cette évolution permet à Ralph Lauren de retrouver une visibilité internationale.
Durant six années, il explore un vocabulaire stylistique plus direct et plus ancré dans la culture américaine. Cette expérience élargit considérablement sa vision. Il découvre les codes d’un marché global et gagne en polyvalence. En mai 2024, il quitte la maison. Très vite, son nom circule comme successeur potentiel de Hedi Slimane chez Céline.
Retour attendu chez Céline
En octobre 2024, le groupe LVMH officialise la rumeur. Michael Rider devient le nouveau directeur artistique de Céline. Il succède à Hedi Slimane, qui a profondément marqué la maison par son approche rock et photographique. La tâche est immense : Rider doit reprendre l’ensemble des lignes, du prêt-à-porter à la maroquinerie, sans oublier la couture.
Dès le début de 2025, il prépare sa première collection. Plutôt que de suivre le calendrier officiel, il choisit une présentation indépendante. Ce geste symbolique montre sa volonté de marquer son indépendance. Le 6 juillet 2025, le défilé printemps-été 2026 a lieu au siège historique, rue Vivienne. L’événement devient un moment fort de la saison parisienne.
Une première collection saluée
Le décor est sobre mais puissant : un immense foulard en soie suspendu dans la cour. Ce geste visuel installe une atmosphère intime et symbolique, évoquant l’héritage de Céline. La collection aligne soixante-douze silhouettes.
Les influences sont multiples. Certaines pièces rappellent les coupes slim héritées de Slimane. D’autres convoquent la fluidité élégante de l’ère Philo. Enfin, quelques détails révèlent un accent preppy inspiré de Ralph Lauren. Cette combinaison trace une ligne claire : Rider ne veut pas rompre, il veut prolonger. Les accessoires renforcent cette impression. Les bijoux sont massifs et sculpturaux, tandis que les chaussures optent pour la finesse. Ballerines, mocassins et bottines à petits talons apportent une élégance contenue. Le sac Luggage est revisité. Le zip, légèrement incurvé, modernise l’icône tout en respectant sa silhouette originelle. La presse spécialisée salue cet équilibre. Cette première collection installe Michael Rider comme un directeur artistique capable d’évoluer sans excès.
Entre héritage et avenir
Le luxe traverse une phase de mutation, marquée par un ralentissement économique. Michael Rider choisit une stratégie mesurée. Son objectif est clair : affirmer Céline comme une maison de raffinement durable, loin des effets de mode passagers. Son parcours lui confère une légitimité unique. Il a connu la rigueur de Balenciaga, la subtilité de Céline sous Phoebe Philo, puis l’énergie américaine de Ralph Lauren. Ce mélange d’expériences lui donne une vision large et une méthode précise.
Son style privilégie la continuité plutôt que la rupture. Il mise sur l’évolution progressive et la fidélité à l’esprit fondateur. Ainsi, son retour ne marque pas une révolution spectaculaire, mais l’ouverture d’un nouveau chapitre.Avec discrétion et précision, Michael Rider incarne une génération de créateurs décidés à renouveler la mode. Sa mission : inscrire Céline dans le futur, sans perdre ce qui fait sa force.