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Balenciaga : un sublime premier défilé entre rupture et renaissance pour Pierpaolo Piccioli
Chez Balenciaga, le premier défilé de Pierpaolo Piccioli s’inscrit dans une volonté de rupture avec Demna et vers la renaissance de l’héritage de Cristóbal.
© Victor VIRGILE/Gamma-Rapho via Getty Images.
Par Léa Zetlaoui.
Publié le 5 octobre 2025. Modifié le 6 octobre 2025.
Au revoir Demna, buongiorno Pierpaolo
Ce samedi 4 octobre 2025, à 20 heures, l’Hôpital Laennec, situé rue de Sèvres, se transforme en décor du tout premier défilé Balenciaga signé Pierpaolo Piccioli. Dans l’enceinte de cet édifice de style Louis XIII, datant du 17e siècle, le couturier italien dévoile une collection inaugurale qui marque une rupture assumée avec celle de son prédécesseur. Et qui fut salué par une émouvante standing ovation…
Un choix de lieu hautement symbolique : en effet, le siège social du groupe de luxe Kering, installé à Laennec depuis 2016, avait accueilli en juillet dernier une exposition rétrospective consacrée aux dix années de création de Demna à la direction artistique de la maison.


Ainsi, ce défilé Balenciaga compte parmi les événements les plus attendus de la Fashion Week printemps-été 2026. Avant même qu’elle ne débute, celle-ci était d’ailleurs déjà qualifiée d’historique. Et c’est peu de le dire : pas moins de huit designers présentent leur première collection pour une maison de mode. C’est Demna qui ouvrait le bal le 22 septembre dernier à Milan, dévoilant son premier opus pour Gucci.
À travers cette série de débuts, deux approches se dessinent : celle de la continuité ou celle de la rupture. Chez Loewe et Bottega Veneta, le duo Jack McCollough et Lazaro Hernandez, ainsi que Louise Trotter, ont choisi de prolonger l’héritage de leurs prédécesseurs. À l’inverse, Jonathan Anderson chez Dior et Pierpaolo Piccioli chez Balenciaga ont préféré écrire un nouveau chapitre. Au revoir Demna, buongiorno Pierpaolo.


Le double défi Balenciaga
En réalité, pour Pierpaolo Piccioli, le défi est double. Sa première mission, la plus évidente : vendre. Sous l’ère Demna, Balenciaga avait su fédérer une communauté large et fidèle, tout en atteignant des performances économiques exceptionnelles. La maison fondée en 1919 avait en effet franchi le cap du milliard d’euros de chiffre d’affaires — passant de 185 millions en 2018 à 927 millions en 2019, puis à 1,18 milliard en 2021.
Mais la seconde mission de Piccioli s’annonce plus délicate. Le créateur romain, directeur artistique de Valentino jusqu’en 2024, a passé vingt-cinq ans au sein des studios de la maison italienne. Entré en 1999 au département des accessoires, il a ensuite co-dirigé Valentino aux côtés de Maria Grazia Chiuri à partir de 2008, avant d’en prendre seul les rênes en 2016.
À l’instar de Sarah Burton, autrefois chez McQueen et aujourd’hui chez Givenchy, la mode de Pierpaolo Piccioli demeure ainsi encore intiment lié à Valentino. Un style signature qu’il lui faudra désormais réinventer sous la bannière Balenciaga…


Un défilé inaugural qui divise
Dire que ce premier défilé Balenciaga par Pierpaolo Piccioli divise serait un euphémisme. Si les aficionados de Demna ne se retrouvent pas dans cette collection printemps-été 2026, ces détracteurs, eux, saluent le retour à l’élégance couture qui fait l’héritage de la marque.
Pour reprendre une expression populaire sur les réseaux sociaux : “Haters gonna hate”, autrement dit, “il y aura toujours des gens pour critiquer”. Et on suppose que si Piccoli a été choisi pour remplacer Demna, c’est justement pour raconter une nouvelle histoire.


Pierpaolo Piccioli rend brillamment hommage à Cristóbal Balenciaga
Comme l’expliquent les notes d’intention : « La première collection de Pierpaolo Piccioli en tant que directeur artistique de Balenciaga rend hommage à cette composante [la couture, ndlr] essentielle de la maison et du travail de Cristóbal Balenciaga, en la transposant dans le présent. Il ne s’agit pas d’un hommage, mais d’un rééquilibrage.” Ainsi, le créateur italien revient aux origines de la maison.
Surnommé le couturier des couturiers par ses pairs, Cristóbal Balenciaga [1895-1972] a introduit une nouvelle approche de la couture. Précis et intransigeant, ce fils de tailleur originaire du pays basque espagnol façonnait des vêtements comme personne. Et c’est cette approche technique que Pierpaolo Piccioli, également couturier, déploie ici.
Des coupes architecturées, mais légères. Des silhouettes raffinées, mais audacieuses. Le savoir-faire séculaire de la haute couture est transposé dans un vestiaire du quotidien. Un clin d’œil au fondateur de la maison qui avait cessé son activité en 1968, justement parce que le prêt-à-porter prenait alors de l’ampleur. Côté matière, le célèbre Gazar crée par le Balenciaga en 1958, revient dans une version plus légère, mais toujours aussi structurée.
Enfin, on notera que, loin de faire table rase de l’héritage de ces prédécesseurs, Pierpaolo Piccioli fait des clins d’œil à Nicolas Ghesquière (directeur artistique de Balenciaga de 1997 à 2012) et Demna, à travers le sac City et les lunettes de soleil qui dévorent le visage.
Tous les looks du défilé Balenciaga printemps-été 2026












































