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11 août 2025

Le Museum of Failure : le répertoire des plus grands fiascos de l’histoire

Tout l’été, Numéro revient sur les musées les plus insolites inaugurés à travers le monde et les époques. Seconde étape : le Museum of Failure, qui répertorie les plus grands échecs des dernières décennies…

  • Par Éric Troncy.

  • La plus grande collection… d’échecs

    C’est un musée où l’on ne peut pas aller, alors pourquoi ne pas le visiter aujourd’hui ? Le projet de s’y rendre conduit à son sujet même : le Museum of Failure joue en effet cartes sur table, présentant “une collection de produits et de services des quatre coins du monde qui ont été des échecs”. Il y en a deux cents, répertoriés sur un site web (museumoffailure.com), et qui donnent lieu à des expositions temporaires : de Budapest à Shanghai, de Los Angeles à Taipei, difficile de résister au flop.

    L’apprentissage est le seul moyen de transformer l’échec en succès”, s’exclame le site en question, qui classe les bides concernés en différentes catégories assez discutables : “Le mauvais goût”, “L’absence d’innovation”, “Les catastrophes numériques”, “À quoi pouvaient-ils bien penser !?”, “Les erreurs médicales”…

    L’improbable “réserve” du Museum of Failure

    On y découvre par exemple l’existence posthume de Little Miss No-Name, une poupée mendiante et orpheline inventée par la compagnie Hasbro en 1965 pour faire concurrence à Barbie. Avec pour objectif d’apprendre l’empathie et la compassion aux petites filles : sa pauvre robe est en toile de jute, elle est pieds nus, elle n’est pas bien propre et une larme amovible coule sur sa joue gauche. Les petites filles furent terrifiées, la poupée sans nom fut exfiltrée du monde.

    On peut aussi admirer, parmi son hétéroclite collection, la “géniale” invention de la start-up autrichienne Amabrush – soit la première brosse à dents automatique consistant en deux dentiers superposés et garnis de poils –, qui promettait, pour la modique somme de 129 dollars, une révolution en matière d’hygiène dentaire puisque censée brosser toutes les dents en dix secondes. Si les précommandes financées par une campagne de crowdfunding, lancée le 5 juillet 2017, atteignirent rapidement les 7 millions de dollars, la déconfiture fut totale, l’engin ne lavant absolument pas les dents…

    Un musée virtuel fascinant

    Autre pépite du musée : Crystal Pepsi (1992-1993), une version incolore du célèbre soda inventée avec l’ambition d’exprimer la pureté. “Il aurait été bien de faire en sorte que le goût du produit soit bon” avoua plus tard la société, après que les consommateurs, jugeant la boisson peu sapide, l’eurent radicalement cancellée.

    Depuis l’hyperinflation au Zimbabwe jusqu’aux casques audio purificateurs d’air de Dyson, de l’infructueuse tentative de la société Colgate à lancer une ligne de plats préparés surgelés à l’infortune de Blackberry face à l’iPhone (2008), c’est un chapelet sans fin de flops rocambolesques que conserve le musée virtuel. Lequel nous renvoie aux musées que l’on connaît mieux. Ceux que l’on peut parcourir physiquement sont, peut-être, eux aussi, tout entiers consacrés à exposer une forme d’échec : celui de la conformité.

    museumoffailure.com. Ouvert 7j/7, 24h/24…