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Simon Porte Jacquemus
Tout commence dans le Sud. À Mallemort, entre champs de blé et silences dorés, Simon Porte Jacquemus grandit loin des podiums mais au plus près d’une sensibilité brute.
Publié le 1 juillet 2025. Modifié le 22 juillet 2025.
Les débuts de Simon Porte Jacquemus
Lorsqu’il quitte la Provence à 18 ans pour monter à Paris, Simon Porte Jacquemus n’a pas de plan précis. Toutefois, il emporte avec lui un souvenir brûlant : celui de sa mère. Elle fut sa première muse, son ancrage solaire. Après sa disparition brutale, elle devient l’étincelle fondatrice. Ainsi, en son hommage, il lance sa propre marque en 2009. Rapidement, il impose un style singulier. Minimaliste mais vibrant. Dès ses premières collections, il séduit la critique. Sa voix ne parle pas la langue froide des tendances. Au contraire, elle évoque celle du cœur.
Dans une industrie souvent corsetée, il insuffle une fraîcheur radicale. Il évite le cynisme, tout comme les postures rigides. Grâce à une sincérité lumineuse, presque désarmante, il touche un public varié. À travers ses créations, il évoque sa terre, sa jeunesse et ses souvenirs. Peu à peu, il construit un univers immédiatement reconnaissable.
Le corps, le vent, la joie
Au fil des saisons, Jacquemus tisse une grammaire unique. Robes fendues comme des couchers de soleil, costumes oversize portés pieds nus, sacs miniatures devenus objets cultes : tout évoque la liberté. Mais derrière l’apparente simplicité, il y a du travail, une précision quasi architecturale, et un sens du cadrage digne d’un cinéaste. Le créateur ne fait pas que des vêtements — il compose des tableaux vivants, souvent en extérieur. Ainsi, ses défilés dans les champs de lavande, les salines roses ou les plages volcaniques deviennent viraux. Non pas pour choquer, mais pour émouvoir.
Un storytelling qui touche juste

Simon Porte Jacquemus comprend très vite les règles du jeu contemporain. Pourtant, plutôt que de s’y soumettre, il choisit de les réinventer. Il utilise Instagram comme un carnet intime, révélant ses doutes, ses amours, ses racines. Il partage ses émotions sans filtre, loin des communications calculées. Ainsi, il crée un lien direct et organique avec son public.
Plutôt que de parler en slogans, il utilise ses propres mots. Il écrit comme il dessine : avec simplicité et justesse. Cette proximité bouleverse. À l’ère des images retouchées, il ose la fragilité. Il expose aussi bien ses bonheurs que ses absences. En montrant l’homme derrière la marque, il capte l’attention et gagne la confiance.
Ce rapport authentique séduit une génération en quête de transparence. Tandis que les jeunes s’y reconnaissent, les célébrités s’y attachent. Même les médias, d’abord prudents, finissent par s’incliner. En effet, il ne joue pas un rôle. Il incarne une époque qui réclame davantage d’humanité. Sa communauté ne cesse de croître. Jacquemus conserve ainsi une dimension artisanale. Il parle de mode comme on parlerait d’un souvenir d’enfance, avec pudeur et ferveur.
Une nouvelle définition du luxe
Ni ostentatoire ni exclusif, le luxe selon Jacquemus est celui de l’émotion, du soleil sur la peau, du détail qui fait sourire. Il prône un glamour accessible, sensuel, libre. En 2022, l’ouverture de sa boutique avenue Montaigne le confirme : le garçon du Sud est devenu grand. Pourtant, il garde ce regard d’enfant. Chaque collection raconte une histoire — La Bomba, Le Gadjo, Le Raphia — comme un poème visuel aux allures de chanson populaire. Jacquemus est un conteur d’histoires. L’artiste ne cherche pas à dominer la mode. Il veut l’aimer, la réchauffer, la rendre vivante. Et c’est précisément cela qui le rend inoubliable.
Lors du défilé printemps-été 2026, Simon Porte Jacquemus dévoile sa collection « Paysan » à l’Orangerie du Château de Versailles. Le lieu, chargé d’histoire, évoque une douceur rustique et un retour aux racines. Ce décor naturel accompagne une mode empreinte de simplicité. Le créateur rend hommage à sa famille, à son enfance, à sa terre natale. Chaque silhouette exprime une émotion tangible, nourrie de souvenirs et de lumière.
Les matières, quant à elles, racontent le quotidien. Du lin, du coton, du tulle, mais aussi de la popeline habillent des corps libres. Les coupes s’allongent, flottent, frôlent le sol. Le blanc, le beige et les tons naturels dominent, comme pour mieux suggérer la paix.
Une œuvre en devenir

Aujourd’hui, Simon Porte Jacquemus figure parmi les créateurs les plus influents de sa génération. Pourtant, il reste en mouvement constant. Il explore de nouveaux formats. Il envisage le cinéma, le design, l’écriture. Il refuse de s’enfermer dans une définition figée. Il préfère chercher, encore et toujours.
C’est précisément cela qui le rend si précieux. Il n’a pas peur de changer. Il ne redoute pas la transparence. Grâce à cette honnêteté créative, il continue à inventer avec la même ferveur qu’à 18 ans.
Il honore le passé tout en regardant l’horizon. Jacquemus est devenu une marque mondiale. Mais plus encore, il est resté un souffle. Un souffle du Sud. Celui qui réchauffe les cœurs, défie les normes, et prouve que la beauté peut être simple, solaire, profondément humaine.