14 oct 2024

20 artistes explorent les incroyables paysages d’AlUla dans une exposition à Paris

Depuis 2021, le site d’AlUla, en Arabie saoudite, invite des artistes internationaux à développer sur place des projets inspirés par son paysage et son histoire fascinants. Pour la première fois, les fruits de cette résidence sont à découvrir en France, dans l’exposition Orbis Tertius, présentée lors de la Semaine de l’art à Paris.

Marlon De Azambuja, “Cora” (2024). © Lorenzo Arrigoni.

AlUla : un site fascinant et inspirant pour les artistes

On la surnomme la “Pétra d’Arabie saoudite”. Avec ses plaines désertiques, ses impressionnants massifs de grès et ses oasis, ses anciennes cités et ses ruines antiques, le site d’AlUla s’est imposé comme une destination touristique incontournable ces dernières années. Si fascinant que, depuis 2021, il accueille une résidence d’artistes sur l’initiative de la Commission royale pour AlUla (RCU) et l’Agence française pour le développement d’AlUla (AFALULA). Chaque année, pendant plusieurs semaines, quelques chanceux ont ainsi le privilège de découvrir cet exceptionnel décor millénaire, où se sont succédé de nombreuses civilisations préislamiques.

L’exposition des résidents d’AlUla à Paris pendant la Semaine de l’art

Une vingtaine de résidents à ce jour ont parcouru ce site et rencontré des scientifiques et des travailleurs locaux, aussi bien archéologues que botanistes. C’est le fruit de ce travail de “terrain” jamais montré en France qu’Arnaud Morand, commissaire indépendant et responsable de l’innovation et de la création à AFALULA, met en avant dans une exposition présentée à Paris pour la Semaine de l’art. Du court-métrage de Monira Al Qadiri aux sculptures en terre de Maitha Abdalla, en passant par des œuvres signées Salomé Chatriot, Anhar Salem et Aïcha Snoussi, la sélection, réunie dans un bâtiment au cœur du Marais, offre un éventail de la création contemporaine, aussi bien sur le plan formel que conceptuel.

Louis-Cyprien Rials, “Fiery Oculus Melting Sundial – AlUla” (2024). © Courtesy the artist.
Hugo Servanin, “Environment 9” (2024). © Lorenzo Arrigoni.

Orbis Tertius : le fil rouge de l’exposition

Afin de connecter une quarantaine d’œuvres parfois très différentes, réalisées par des artistes issus de nombreux pays, le commissaire s’est fondé sur un ouvrage publié par Jorge Luis Borges en 1940 : Tlön, Uqbar, Orbis Tertius. Dans cette nouvelle aux airs de voyage initiatique et philosophique, l’écrivain argentin évoque une ville entre réalité et fiction, sorte de faille spatio-temporelle où vivrait une société parallèle à la nôtre.

Puisant dans la riche histoire d’AlUla et dans la puissance de son paysage, les pièces des résidents – comportant treize productions inédites –, semblent elles aussi provenir d’une dimension mystérieuse située aux confins des époques et des civilisations, dessinant ensemble une forme d’uchronie. Ainsi, là où l’installation de la Saoudienne Daniah Alsaleh esquisse l’histoire hypothétique d’une femme dont elle a découvert la tombe, les clichés touchants du photographe marocain M’hammed Kilito dévoilent quelques fragments de la vie des fermiers vivant aux alentours de la ville.

M’hammed Kilito, “Before it’s Gone” (2024). © Courtesy the artist.
Maitha Abdalla, “If … To Be Born” (2024). © Lorenzo Arrigoni.

Aïcha Snoussi, Hugo Servanin, M’hammed Kilito : des œuvres variées et audacieuses

Plusieurs artistes ont quant à eux choisi de créer dans la nature environnante, comme Hugo Servanin, avec une sculpture où du sable pleut continuellement sur une figure anthropomorphe, ou encore Sara Favriau, qui a invité sept performeurs à casser des cailloux récoltés sur place pour les transformer en poudre. Nourri par tous ces récits et expériences uniques, le corpus exposé dans “Orbis Tertius ”offre ainsi une incursion poétique dans une région fantasmée, renfermant encore d’innombrables énigmes. 

“Orbis Tertius”, première exposition en France du programme de résidences artistiques d’AlUla, jusqu’au 20 octobre, 5, rue Saint-Merri, Paris 4e.

Sabine Mirlesse, “Geomancy (’ilm al raml)” (2022). @ Flint Cultures Courtesy 2022.