PAD London : qui sont les talents du design à suivre ?
Du 8 au 13 octobre, le PAD, célèbre salon du design, ouvre son édition londonienne, qui accueille une dizaine de nouvelles galeries internationales. De jeunes créateurs talentueux, des figures du design brésilien contemporain et un céramiste iconique font partie des révélations qui font une entrée remarquée dans l’exposition.
par Thibaut Wychowanok.
Juliana Lima Vasconcellos, un hommage à l’artisanat brésilien
Chez Brazil Modernist, galerie basée entre Paris et Sao Paulo, place d’honneur est faite à la designer contemporaine Juliana Lima Vasconcellos. La Brésilienne – déjà collectionnée par le Museum of Arts and Design de New York et grande habituée des classements de designers – propose au PAD London des pièces inspirées par le mouvement moderniste brésilien autant que par des références scandinaves et françaises.
Affectionnant les jeux de textures, elle associe, dans son très sculptural tabouret Mahog (une pièce brute et élégante d’une grande force, créée en 2016), un bois d’acajou africain à de la fibre de jute formant une sorte de coiffe surréaliste. Ce design anthropomorphique, qui évoque l’usage des perruques chez Martin Margiela (ne reste de la tête que la coiffe), est à nouveau à l’œuvre dans son plus récent tabouret né en 2024. Réalisées à la main par la designer elle-même, ces pièces rendent hommage à la vannerie artisanale vernaculaire du Brésil.
Les sculptures organiques de Heechan Kim
Sur le stand de la galerie Charles Burnand, on retrouve une pièce exceptionnelle de Heechan Kim, déjà repérée à l’exposition parisienne du Loewe Craft Prize en mai dernier. Le designer sud-coréen avait été distingué, à cette occasion, par une mention spéciale pour sa structure en bois de frêne et fil de cuivre.
“Dans le design, ‘usage impose normalement sa forme à l’objet, nous expliquait alors l’artiste. Je travaille à renverser la proposition en permettant à mon matériau de participer à la création de la forme de l’objet. Je plonge chaque morceau de bois finement raboté dans l’eau, puis je le plie à l’aide d’un fer chaud habituellement utilisé pour fabriquer des instruments de musique. Ce n’est qu’ensuite que j’assemble les différentes courbes obtenues. J’ai imaginé cette pièce à partir de cinq anneaux que j’ai reliés en me laissant porter par le matériau lui-même.”
L’entité bulbeuse tient comme miraculeusement par des fils de cuivre perforés et cousus à la main par le créateur, évoquant une croissance organique minutieuse et exponentielle.
Les céramiques sensuelles de Peter Schlesinger
Parmi les nouveaux venus du PAD London figure également la galerie Tristan Hoare. Elle met en exergue l’œuvre follement libre du sculpteur et céramiste iconique Peter Schlesinger. L’Américain de 76 ans aux multiples vies ne fut rien de moins, dans les années 60, que la muse de David Hockney. Il commença à cette époque à produire de nombreuses photographies, que la galerie Mariposa a exposées à Paris l’année dernière.
Peintre et sculpteur, il finira par se tourner vers la céramique à la fin des années 80. Amoureux de la sensualité de l’argile et de l’histoire de son médium, Schlesinger délaisse le tour de potier au profit de techniques manuelles plus anciennes et de la poterie en colombins lui permettant d’échapper à toute uniformité. À la fois naïves et sophistiquées, et très typées seventies, ses pièces ont connu un véritable retour en force ces dernières années. Pour preuve: sa collaboration avec Acne Studios dès 2015…
Bryan O’Sullivan : l’architecture vintage revisitée
Tout autre ambiance avec l’arrivée de Bryan O’Sullivan dans le salon. Élu designer d’intérieur de l’année par le Elle Deco UK en 2020, le Britannique s’est fait connaître avec ses réalisations estampillées “glamour” et éminemment instagrammables, de son salon privé au sein de l’hôtel Berkeley au restaurant Claridge’s à Londres.
En 2023, son studio dévoilait également sa première collection de meubles, de luminaires et d’objets, caractérisée par des références historiques reconnaissables alliées à un zeste d’irrévérence et à une multitude de matériaux, allant du textile au bois, en passant par l’onyx et la résine… Les pièces qu’il présente pour la première fois au PAD London sont inspirées, cette fois, par les “proportions classiques de l’architecture française et italienne des années 40, 50 et 60”.
hall.haus et Pool Studio : le futur du design français
Du côté des designers français, on trouvera notamment, chez le nouvel exposant Théorème Éditions, des pièces du collectif hall. haus ou encore du duo créatif Pool Studio. Créé par Léa Padovani et Sébastien Kieffer, ce dernier présente notamment son séduisant fauteuil Achille, dont la moelleuse assise en laine d’alpaga est soutenue par un cube en métal miroitant.
Révélé en 2021 par son fauteuil Curry Mango, le jeune collectif hall.haus s’est, quant à lui, largement imposé depuis lors dans le monde du design. Dans son studio de création situé en banlieue parisienne, il concilie innovation, arts décoratifs et problématiques sociales et populaires dans des projets holistiques, partant de l’objet pour s’étendre à l’architecture. Le mois dernier, le résultat de ses réflexions et ses dernières réalisations étaient notamment présentés à Lafayette Anticipations.
PAD London, du 8 au 13 octobre 2024 à Berkley Square, Londres.