16 oct 2023

Meet Urs Fischer, the artist who’s unleashing a giant wave on Place Vendôme

Dans le cadre du programme public de la foire Paris+ par Art Basel, la place Vendôme s’apprête à accueillir un nouveau projet inédit : une immense vague en aluminium sculptée par l’artiste Urs Fischer. Depuis sa maison à Los Angeles, l’artiste suisse revient sur ce projet phare.

In collaboration with Paris+ par Art Basel.

En collaboration avec Paris+ par Art Basel.

In collaboration with Paris+ par Art Basel.

En collaboration avec Paris+ par Art Basel.

On a recent August morning in Los Angeles, I stumbled upon a stone-frozen snowman, as Urs Fischer, whose monumental sculpture Wave (2018) will be presented at Place Vendôme during Paris+ par Art Basel, led me into his sprawling domicile with an offering of coffee and a tour of the gardens. His steep garden is thick with cacti, along with huge marble statues of gape-mouthed witches, contented Buddhas, plaintive cats, money frogs, foo dogs, and stone-frozen snowmen. The statues are part of Swiss artist Peter Regli’s ‘Reality Hacking’ series, which invaded the hillside when Fischer invited Regli, a longtime friend, to take over the space.

 

Fischer’s Los Angeles home is not unlike a Fischer sculpture; the steep bank whose gardens and domestic spaces he has been rearranging, bricolage style, for over 20 years, is like a giant pile of mud with various toys and objects pressed fondly into it with a godlike hand.

Un matin d’août dernier, à Los Angeles, je suis tombée nez à nez avec un bonhomme de neige en pierre gelée. J’étais chez l’artiste Urs Fischer, dont l’œuvre monumentale Wave (2018) sera présentée sur la place Vendôme pendant Paris+ par Art Basel. Il me conduisait à travers son domaine tentaculaire et nous traversions un jardin escarpé, constitué de cactus épais et d’énormes statues en marbre représentant des sorcières à bouche béante, des Bouddhas satisfaits, des chats plaintifs, des grenouilles d’argent Feng Shui, des lions gardiens chinois et, donc, des bonhommes de neige en pierre gelée. Ces statues font partie de la série Reality Hacking de l’artiste suisse Peter Regli, un ami de longue date d’Urs Fischer, qui l’a invité à prendre possession de l’espace et à envahir sa colline. 

 

La maison d’Urs Fischer à Los Angeles n’est pas sans rappeler ses propres sculptures. La rive escarpée dont il a réaménagé les jardins et les espaces domestiques, dans un style proche du bricolage et depuis plus de vingt ans, ressemble à une sorte de tas de boue géant dans lequel une main divine aurait affectueusement pressé une multitude de jouets et d’objets.

On a recent August morning in Los Angeles, I stumbled upon a stone-frozen snowman, as Urs Fischer, whose monumental sculpture Wave (2018) will be presented at Place Vendôme during Paris+ par Art Basel, led me into his sprawling domicile with an offering of coffee and a tour of the gardens. His steep garden is thick with cacti, along with huge marble statues of gape-mouthed witches, contented Buddhas, plaintive cats, money frogs, foo dogs, and stone-frozen snowmen. The statues are part of Swiss artist Peter Regli’s ‘Reality Hacking’ series, which invaded the hillside when Fischer invited Regli, a longtime friend, to take over the space.

 

Fischer’s Los Angeles home is not unlike a Fischer sculpture; the steep bank whose gardens and domestic spaces he has been rearranging, bricolage style, for over 20 years, is like a giant pile of mud with various toys and objects pressed fondly into it with a godlike hand.

Un matin d’août dernier, à Los Angeles, je suis tombée nez à nez avec un bonhomme de neige en pierre gelée. J’étais chez l’artiste Urs Fischer, dont l’œuvre monumentale Wave (2018) sera présentée sur la place Vendôme pendant Paris+ par Art Basel. Il me conduisait à travers son domaine tentaculaire et nous traversions un jardin escarpé, constitué de cactus épais et d’énormes statues en marbre représentant des sorcières à bouche béante, des Bouddhas satisfaits, des chats plaintifs, des grenouilles d’argent Feng Shui, des lions gardiens chinois et, donc, des bonhommes de neige en pierre gelée. Ces statues font partie de la série Reality Hacking de l’artiste suisse Peter Regli, un ami de longue date d’Urs Fischer, qui l’a invité à prendre possession de l’espace et à envahir sa colline. 

 

La maison d’Urs Fischer à Los Angeles n’est pas sans rappeler ses propres sculptures. La rive escarpée dont il a réaménagé les jardins et les espaces domestiques, dans un style proche du bricolage et depuis plus de vingt ans, ressemble à une sorte de tas de boue géant dans lequel une main divine aurait affectueusement pressé une multitude de jouets et d’objets.

From clay to wax, Urs Fischer’s love of materials

 

Born in 1973, Fischer initially studied photography at the Schule für Gestaltung in Zurich, and spent time in London, Berlin, and New York before settling in LA. His practice has since sprawled out into sculpture, image, and installation, sprung from a unique realm were craft and Surrealism meet. His early wax sculpture series meticulously replicated everyday objects, like chairs and teddy bears, each bearing a delicate wick spine. Once lit, the figures slowly melted and morphed throughout their exhibition, hovering between sculpture and very, very, slow performance.

 

His installation at the 2011 Venice Biennale was a faithful yet scaled-up wax replica of Giambologna’s 16th-century sculpture Abduction of a Sabine Woman that also melted into a dripping state; the powerful Roman figure and his victims coming together as a single, mottled pile of wax. Scale is a recurring fascination for Fischer. His ‘Big Clays’ series is perhaps his most spectacular unity of references, not just to scale and craft, but the implied divinity of scale, the hushed reverence of craft. 

 

Despite their monumental size, Fischer’s ‘Big Clays’ always begin in the palm of his hand. Gripping a small portion or two of clay, he plays and squeezes and sort of improvises a form, sometimes with his eyes closed. The artist might make hundreds of these abstract bibelots before anointing one to be produced. It’s not unlike how an expressionist painter may create many ‘drafts’ of a painting before landing on one that captures the gesture of each stroke as they see fit.

De la terre à la cire, l’amour d’Urs Fischer pour la matière

 

Né en 1973, Urs Fischer a étudié la photographie à la Schule für Gestaltung de Zurich. Il a vécu ensuite à Londres, Berlin et New York, avant de s’installer à Los Angeles. Sa pratique s’est, depuis, élargie à la sculpture, l’image et l’installation, pour créer cet univers singulier dans lequel se marient artisanat et surréalisme. Ses premières sculptures en cire reproduisent méticuleusement des objets du quotidien comme des chaises et des ours en peluche. Chacune d’entre elles est dotée d’une délicate colonne vertébrale en mèches. Une fois celles-ci allumées, les figures fondent et se transforment lentement, le temps de leur exposition, en quelque chose qui oscille entre la sculpture et une forme très, très lente de performance. 

 

Son installation à la Biennale de Venise 2011 était une réplique de cire fidèle mais agrandie de la sculpture du XVIe siècle L’Enlèvement des Sabines de Giambologna. Cette œuvre a elle aussi fondu, ou plutôt dégouliné, réunissant ainsi la figure de l’homme romain puissant et de ses victimes en un seul tas de cire tacheté. Les questions d’échelle sont un thème récurrent chez Urs Fischer et le fascinent. Sa série des Big Clays (“Grands Argiles”) est peut-être son unité de références la plus spectaculaire, non seulement à l’échelle et à l’artisanat, mais aussi à la divinité implicite de l’échelle, à la révérence feutrée de l’artisanat.  

 

Malgré leur taille monumentale, les Big Clays d’Urs Fischer commencent toujours dans la paume de sa main. Saisissant une petite portion ou deux d’argile, il joue avec et improvise en quelque sorte une forme, parfois les yeux fermés. L’artiste peut fabriquer des centaines de ces bibelots abstraits avant d’en élire un pour être produit. Cela ressemble à la façon dont un·e peintre expressionniste crée plusieurs “brouillons” avant d’être satisfait·e par une toile qui capture bien, à ses yeux, le geste de chaque coup de pinceau. 

From clay to wax, Urs Fischer’s love of materials

 

Born in 1973, Fischer initially studied photography at the Schule für Gestaltung in Zurich, and spent time in London, Berlin, and New York before settling in LA. His practice has since sprawled out into sculpture, image, and installation, sprung from a unique realm were craft and Surrealism meet. His early wax sculpture series meticulously replicated everyday objects, like chairs and teddy bears, each bearing a delicate wick spine. Once lit, the figures slowly melted and morphed throughout their exhibition, hovering between sculpture and very, very, slow performance.

 

His installation at the 2011 Venice Biennale was a faithful yet scaled-up wax replica of Giambologna’s 16th-century sculpture Abduction of a Sabine Woman that also melted into a dripping state; the powerful Roman figure and his victims coming together as a single, mottled pile of wax. Scale is a recurring fascination for Fischer. His ‘Big Clays’ series is perhaps his most spectacular unity of references, not just to scale and craft, but the implied divinity of scale, the hushed reverence of craft. 

 

Despite their monumental size, Fischer’s ‘Big Clays’ always begin in the palm of his hand. Gripping a small portion or two of clay, he plays and squeezes and sort of improvises a form, sometimes with his eyes closed. The artist might make hundreds of these abstract bibelots before anointing one to be produced. It’s not unlike how an expressionist painter may create many ‘drafts’ of a painting before landing on one that captures the gesture of each stroke as they see fit.

De la terre à la cire, l’amour d’Urs Fischer pour la matière

 

Né en 1973, Urs Fischer a étudié la photographie à la Schule für Gestaltung de Zurich. Il a vécu ensuite à Londres, Berlin et New York, avant de s’installer à Los Angeles. Sa pratique s’est, depuis, élargie à la sculpture, l’image et l’installation, pour créer cet univers singulier dans lequel se marient artisanat et surréalisme. Ses premières sculptures en cire reproduisent méticuleusement des objets du quotidien comme des chaises et des ours en peluche. Chacune d’entre elles est dotée d’une délicate colonne vertébrale en mèches. Une fois celles-ci allumées, les figures fondent et se transforment lentement, le temps de leur exposition, en quelque chose qui oscille entre la sculpture et une forme très, très lente de performance. 

 

Son installation à la Biennale de Venise 2011 était une réplique de cire fidèle mais agrandie de la sculpture du XVIe siècle L’Enlèvement des Sabines de Giambologna. Cette œuvre a elle aussi fondu, ou plutôt dégouliné, réunissant ainsi la figure de l’homme romain puissant et de ses victimes en un seul tas de cire tacheté. Les questions d’échelle sont un thème récurrent chez Urs Fischer et le fascinent. Sa série des Big Clays (“Grands Argiles”) est peut-être son unité de références la plus spectaculaire, non seulement à l’échelle et à l’artisanat, mais aussi à la divinité implicite de l’échelle, à la révérence feutrée de l’artisanat.  

 

Malgré leur taille monumentale, les Big Clays d’Urs Fischer commencent toujours dans la paume de sa main. Saisissant une petite portion ou deux d’argile, il joue avec et improvise en quelque sorte une forme, parfois les yeux fermés. L’artiste peut fabriquer des centaines de ces bibelots abstraits avant d’en élire un pour être produit. Cela ressemble à la façon dont un·e peintre expressionniste crée plusieurs “brouillons” avant d’être satisfait·e par une toile qui capture bien, à ses yeux, le geste de chaque coup de pinceau. 

Wave: a five-metre-high aluminium sculpture

 

The process ‘is fast,’ Fischer tells me, all the while coordinating with fabricators and approving installation renderings of Wave, a 5-meter-high aluminum sculpture. The second work to be produced in the ‘Big Clays’ series, it is set to be installed at the Place Vendôme in October as part of Paris + par Art Basel.

 

He adds: ‘If you go past a certain point, it looks labored. This recently came to my mind: the works you make are not the good ones. The works that make themselves, just work. It’s funny. It’s almost more like dance. There is a thing that happens that feels right.’

 

The 10 existing ‘Big Clays’ have been exhibited as public centerpieces around the world, including Florence, New York City, and Moscow. In 2022, The Lovers #2 (2018–2022) was installed at Museo Jumex in Mexico City. Along with L’Arc (2016–19), which is permanently installed in Paris at Station F, the world’s largest startup campus, Wave is distinct from other ‘Big Clays’ in that it is finished with a unique milling process.

Wave : une sculpture en aluminium de cinq mètres de haut

 

Le processus “est rapide”, explique Urs Fischer tout en coordonnant le transport et l’approbation des rendus d’installation de Wave, une sculpture en aluminium de cinq mètres de haut. Deuxième œuvre de la série des Big Clays, cette pièce sera installée place Vendôme en octobre, dans le cadre de la deuxième édition de Paris+ par Art Basel. 

 

Il ajoute : “Si vous dépassez un certain stade, cela devient laborieux. J’ai compris quelque chose récemment : les œuvres que je fais moi-même ne sont pas les bonnes. Les œuvres qui se font elles-mêmes, en revanche, fonctionnent tout simplement. C’est drôle. C’est presque comme de la danse. Quelque chose se passe, qui semble juste.”

 

Les dix Big Clays déjà existantes ont été exposées comme des œuvres d’art publiques monumentales dans le monde entier, notamment à Florence, New York et Moscou. En 2022, Lovers #2 a été installée au Museo Jumex de Mexico. Avec L’Arc (2016-2019), qui est exposée en permanence à Paris à Station F, le plus grand campus de start-ups au monde, Wave se distingue des autres Big Clays en ce qu’elle a été achevée par un processus de fraisage unique.

Wave: a five-metre-high aluminium sculpture

 

The process ‘is fast,’ Fischer tells me, all the while coordinating with fabricators and approving installation renderings of Wave, a 5-meter-high aluminum sculpture. The second work to be produced in the ‘Big Clays’ series, it is set to be installed at the Place Vendôme in October as part of Paris + par Art Basel.

 

He adds: ‘If you go past a certain point, it looks labored. This recently came to my mind: the works you make are not the good ones. The works that make themselves, just work. It’s funny. It’s almost more like dance. There is a thing that happens that feels right.’

 

The 10 existing ‘Big Clays’ have been exhibited as public centerpieces around the world, including Florence, New York City, and Moscow. In 2022, The Lovers #2 (2018–2022) was installed at Museo Jumex in Mexico City. Along with L’Arc (2016–19), which is permanently installed in Paris at Station F, the world’s largest startup campus, Wave is distinct from other ‘Big Clays’ in that it is finished with a unique milling process.

Wave : une sculpture en aluminium de cinq mètres de haut

 

Le processus “est rapide”, explique Urs Fischer tout en coordonnant le transport et l’approbation des rendus d’installation de Wave, une sculpture en aluminium de cinq mètres de haut. Deuxième œuvre de la série des Big Clays, cette pièce sera installée place Vendôme en octobre, dans le cadre de la deuxième édition de Paris+ par Art Basel. 

 

Il ajoute : “Si vous dépassez un certain stade, cela devient laborieux. J’ai compris quelque chose récemment : les œuvres que je fais moi-même ne sont pas les bonnes. Les œuvres qui se font elles-mêmes, en revanche, fonctionnent tout simplement. C’est drôle. C’est presque comme de la danse. Quelque chose se passe, qui semble juste.”

 

Les dix Big Clays déjà existantes ont été exposées comme des œuvres d’art publiques monumentales dans le monde entier, notamment à Florence, New York et Moscou. En 2022, Lovers #2 a été installée au Museo Jumex de Mexico. Avec L’Arc (2016-2019), qui est exposée en permanence à Paris à Station F, le plus grand campus de start-ups au monde, Wave se distingue des autres Big Clays en ce qu’elle a été achevée par un processus de fraisage unique.

A monumental work of art with many details

 

‘It’s simple, it’s a carving,’ Fischer says as we page through photograph after photograph of details and updates from the fabrication studio. Part of the appeal of the ‘Big Clays’ series is how the minute details of the artist’s hand, the hairline crevices and wrinkles, become cavernous and nearly abstract in their final, monumental state. Fischer is visibly animated when talking about the nuances that emerge from the milling process. For all the provisional quirks of the clay in its beginning stages, scaling them up makes every detail feel fated. The significance of the choices become scaled-up too. ‘But it’s okay. I don’t like it when sculptures get boring up close.’ 

 

The sometimes-fraught act of looking is a foundational concern for Fischer. This is particularly evident in the dizzying 360 cm³ digital cube sculpture Denominator (2020-2022), on view until November 4 at Gagosian Beverly Hills. The cascading sequence of decades of commercials that make up Denominator veer close to overwhelming. It’s like the idea of ‘cosmic latte,’ I tell him. If we look at anything too closely it blends too much, and everything becomes beige. Fischer nods, summing up the art of looking with a metaphor for the process of the ‘Big Clays’ series, and perhaps art-making writ large: ‘You gotta stop before it all works in on itself.’

 

Urs Fischer will present Wave (2018) on Place Vendôme in Paris with Gagosian (New York, Los Angeles, London, Paris, Geneva, Basel, Rome, Athens, Hong Kong, Gstaad), as part of the public program of Paris+ par Art Basel 2023. The artwork will be on view from October 18 to December 1, 2023.

 

Christina Catherine Martinez is a writer, actress, and comedian in Los Angeles. She is a recipient of The Andy Warhol Foundation Arts Writers Grant and author of the essay collection Aesthetical Relations (Hesse Press, 2019).

Une œuvre monumentale et de nombreux détails

 

“C’est simple, c’est une sculpture”, note Fischer tandis que nous feuilletons, photo après photo, les détails du processus de création dans l’atelier de fabrication. L’originalité de la série des Big Clays réside notamment dans la façon dont les moindres détails de la main de l’artiste, ses crevasses et ses rides, deviennent caverneux et presque abstraits dans leur état final et monumental. Urs Fischer s’enthousiasme en évoquant les nuances qui émergent du processus de fraisage. Malgré toutes les bizarreries que peut créer l’argile lors des premières étapes de son traitement, c’est lorsqu’il façonne l’œuvre dans sa taille définitive que chaque détail semble ironiquement intentionnel. L’importance des choix qu’il fait apparaît également une fois la taille finale atteinte. “Mais ce n’est pas grave. Je n’aime pas les sculptures qui deviennent ennuyeuses quand on s’en approche.” 

 

Le regard est une préoccupation fondamentale pour Urs Fischer. C’est particulièrement évident avec le gigantesque cube numérique de 3,50 mètres, Denominator (2020-2022), exposé jusqu’au 4 novembre à Gagosian Beverly Hills. Les décennies d’images de publicité qui s’affichent en cascade sur les parois de Denominator provoquent chez le·la regardeur·euse le sentiment d’être submergé·e. “C’est comme l’idée du café au lait cosmique, lui dis-je. Si nous regardons quelque chose de trop près, tout se mélange et devient beige.” Urs Fischer hoche la tête, résumant l’art de regarder par une métaphore du processus de la série des Big Clays et peut-être de la création artistique au sens large : “Vous devez vous arrêter avant que tout ne finisse par s’autodévorer.”

 

 

Urs Fischer, “Wave”, du 18 octobre au 1er décembre 2023 sur la place Vendôme, Paris 1er. Le projet est réalisé avec Gagosian (New York, Los Angeles, Londres, Paris, Genève, Bâle, Rome, Athènes, Hong Kong, Gstaad), dans le cadre du programme public de Paris+ par Art Basel 2023. 

 

Christina Catherine Martinez est une écrivaine, actrice et comédienne qui vit à Los Angeles. Elle est récipiendaire de la bourse d’écrivain∙e∙s artistiques de la Fondation Andy Warhol et l’auteure de la collection d’essais Aesthetical Relations (Hesse Press, 2019).

 

Traduction française : Yann Perreau.

A monumental work of art with many details

 

‘It’s simple, it’s a carving,’ Fischer says as we page through photograph after photograph of details and updates from the fabrication studio. Part of the appeal of the ‘Big Clays’ series is how the minute details of the artist’s hand, the hairline crevices and wrinkles, become cavernous and nearly abstract in their final, monumental state. Fischer is visibly animated when talking about the nuances that emerge from the milling process. For all the provisional quirks of the clay in its beginning stages, scaling them up makes every detail feel fated. The significance of the choices become scaled-up too. ‘But it’s okay. I don’t like it when sculptures get boring up close.’ 

 

The sometimes-fraught act of looking is a foundational concern for Fischer. This is particularly evident in the dizzying 360 cm³ digital cube sculpture Denominator (2020-2022), on view until November 4 at Gagosian Beverly Hills. The cascading sequence of decades of commercials that make up Denominator veer close to overwhelming. It’s like the idea of ‘cosmic latte,’ I tell him. If we look at anything too closely it blends too much, and everything becomes beige. Fischer nods, summing up the art of looking with a metaphor for the process of the ‘Big Clays’ series, and perhaps art-making writ large: ‘You gotta stop before it all works in on itself.’

 

Urs Fischer will present Wave (2018) on Place Vendôme in Paris with Gagosian (New York, Los Angeles, London, Paris, Geneva, Basel, Rome, Athens, Hong Kong, Gstaad), as part of the public program of Paris+ par Art Basel 2023. The artwork will be on view from October 18 to December 1, 2023.

 

Christina Catherine Martinez is a writer, actress, and comedian in Los Angeles. She is a recipient of The Andy Warhol Foundation Arts Writers Grant and author of the essay collection Aesthetical Relations (Hesse Press, 2019).

Une œuvre monumentale et de nombreux détails

 

“C’est simple, c’est une sculpture”, note Fischer tandis que nous feuilletons, photo après photo, les détails du processus de création dans l’atelier de fabrication. L’originalité de la série des Big Clays réside notamment dans la façon dont les moindres détails de la main de l’artiste, ses crevasses et ses rides, deviennent caverneux et presque abstraits dans leur état final et monumental. Urs Fischer s’enthousiasme en évoquant les nuances qui émergent du processus de fraisage. Malgré toutes les bizarreries que peut créer l’argile lors des premières étapes de son traitement, c’est lorsqu’il façonne l’œuvre dans sa taille définitive que chaque détail semble ironiquement intentionnel. L’importance des choix qu’il fait apparaît également une fois la taille finale atteinte. “Mais ce n’est pas grave. Je n’aime pas les sculptures qui deviennent ennuyeuses quand on s’en approche.” 

 

Le regard est une préoccupation fondamentale pour Urs Fischer. C’est particulièrement évident avec le gigantesque cube numérique de 3,50 mètres, Denominator (2020-2022), exposé jusqu’au 4 novembre à Gagosian Beverly Hills. Les décennies d’images de publicité qui s’affichent en cascade sur les parois de Denominator provoquent chez le·la regardeur·euse le sentiment d’être submergé·e. “C’est comme l’idée du café au lait cosmique, lui dis-je. Si nous regardons quelque chose de trop près, tout se mélange et devient beige.” Urs Fischer hoche la tête, résumant l’art de regarder par une métaphore du processus de la série des Big Clays et peut-être de la création artistique au sens large : “Vous devez vous arrêter avant que tout ne finisse par s’autodévorer.”

 

 

Urs Fischer, “Wave”, du 18 octobre au 1er décembre 2023 sur la place Vendôme, Paris 1er. Le projet est réalisé avec Gagosian (New York, Los Angeles, Londres, Paris, Genève, Bâle, Rome, Athènes, Hong Kong, Gstaad), dans le cadre du programme public de Paris+ par Art Basel 2023. 

 

Christina Catherine Martinez est une écrivaine, actrice et comédienne qui vit à Los Angeles. Elle est récipiendaire de la bourse d’écrivain∙e∙s artistiques de la Fondation Andy Warhol et l’auteure de la collection d’essais Aesthetical Relations (Hesse Press, 2019).

 

Traduction française : Yann Perreau.