Qui est Oliver Malcolm, ex-producteur de Cee Lo Green et nouvelle coqueluche du rock alternatif?
Après avoir fait ses armes en tant que producteur à Los Angeles, Oliver Malcolm endosse avec fierté son nouveau statut d’enfant terrible de l’industrie musicale. Anticonformiste et survolté, l’artiste mène une guerre sans relâche contre l’uniformité de la société. Fidèle à son image, sa musique transcende elle aussi les codes, s’inspirant à la fois des courants hip-hop, rock et électronique. Dans l’attente de la sortie de son premier album, Numéro s’est entretenu avec cette nouvelle sensation tout droit venue d’outre-Manche.
Par Allan Lemarchand.
“This is a Circle Line train going to Hammersmith.” (“Ce train de la Circle Line est à destination de Hammersmith”) C’est depuis la station de métro londonienne de Paddington qu’Oliver Malcom décroche son téléphone pour s’entretenir avec Numéro. De retour en Angleterre depuis le non-renouvellement de son visa américain, le jeune homme développe aujourd’hui son projet musical au pays des briques rouges et des bus à deux étages, loin des plages de la côte ouest des États-Unis. Toujours en mouvement, le jeune homme ne cesse d’évoluer dans des décors divers et variés, des campagnes suédoises où il vit jusqu’à ses trois ans, jusqu’aux studios d’enregistrements de Los Angeles où – de ses 16 à ses 19 ans – il produit des titres pour certains grands noms de l’industrie tels que Tinashe, Cee Lo Green ou Ty Dollar $ign.
Le jeune homme grandit en exerçant sa verve sur le hip-hop de 2pac, de Snoop Dog, mais aussi et surtout, celui de Dr. Dre, véritable idole du jeune artiste. Comme gravé dans son ADN, cet amour du hip-hop est transmis à Oliver Malcolm par son père qui, à chaque virée en voiture, fait trembler les enceintes du véhicule avec des titres comme In da Club ou Candy Shop. Avec sa mère, le jeune homme découvre la soul d’Aretha Franklin, la pop de Michael Jackson et le punk-rock des Clash. Près d’une décennie plus tard, Oliver Malcolm propose un son marqué par cet héritage musical, qui transcende les codes et fait honneur aux idoles de sa jeunesse : “On me qualifie souvent d’artiste hip-hop, mais je définirais plutôt ma musique comme alternative. Elle rassemble tellement d’influences différentes, il est difficile de la cantonner à un seul genre musical.”
L’univers d’Oliver Malcolm apparait alors comme une collection d’images psychédéliques, de rassemblements épiques inspirés par des batailles et des marches historiques, marqués par des déflagrations de grenades et des démonstrations d’amour. Ce cocktail détonnant prend alors tout son sens lorsqu’on visionne le clip de The Machine, une véritable ode anticonformiste aux sonorités rock typiques de groupes britanniques, rappelant l’irrévérence des Sex Pistols. Avec une attitude résolument punk et survoltée, Oliver Malcolm évolue – Doc Martens aux pieds – dans le décor urbain de Londres, entre parkings abandonnés et zones industrielles taguées, en élevant son majeur contre le système éducatif britannique qu’il perçoit comme une “machine” destructrice d’ambitions : “La machine se rapporte à tout ce qui va à l’encontre des libertés, tout ce qui privilégie le gain personnel, explique l’artiste. “À l’école, on te dit que le but est d’aller jusqu’à l’université pour avoir un bon travail. Mais on te parle en réalité d’un emploi bien rémunéré. Et au final, c’est tout ce dont il est question. Avec The Machine, je voulais illustrer le fait que souvent, le système éducatif – et la société en général – met l’accent sur les mauvaises choses.”
À tout juste 20 ans, Oliver Malcolm se pose comme observateur – et bien souvent, comme critique – de la société qui l’entoure et se fait le témoin actif de son époque. De retour dans la campagne anglaise depuis près d’un an, le jeune homme d’origine suédoise a pris le temps de se recentrer sur son projet musical et compose des titres en accords avec cette nouvelle perception du monde : “Depuis que je suis de retour en Angleterre, j’ai écrit Helen, The Machine, Kevin et d’autres chansons qui feront bientôt partie d’un EP. Ce changement d’environnement et de circonstances m’a aidé à étayer de nouveaux éléments de mon univers.” Sur Kevin – un titre rock alternatif rappelant l’esthétique punk du groupe londonien Gorillaz – le chanteur dresse le portrait d’un jeune homme issu de la classe ouvrière anglaise, incompris de son entourage : “Cette chanson parle d’une personne que j’ai rencontré lors de mon adolescence passée au Royaume-Uni. Nous étions au lycée ensemble, et il représentait toute une partie de la population du pays, la classe ouvrière. Ce titre se pose comme la perception de cette démographie, mettant en lumière nos similarités et les différences qui nous séparent.”
Personnage atypique et survolté, Oliver Malcom est en recherche perpétuelle de nouveaux moyens d’expression. Outre l’écriture de ses textes, le jeune homme utilise également l’habillement pour exprimer ses humeurs et ses envies. Dans ses clips, on le voit tantôt dans des costumes vintage, pantalons à taille haute et vestes graffées, tantôt en jean, marcel et chaussettes de sport apparentes : “Ce que j’aime avec la mode, c’est que d’une certaine manière, ça se rapproche beaucoup de la musique, ça change, ça fluctue”, commente l’artiste. “Comme pour l’écriture de mes titres, je m’inspire de beaucoup de choses différentes lorsque je m’habille. Je m’intéresse au vintage, j’achète énormément de pièces en friperie. Et parfois, j’ai la flemme ! Alors, je porte un jean et un t-shirt.”
La diversité semble alors être la notion clé pour comprendre le personnage d’Oliver Malcolm, que ce soit par ses influences musicales – du hip hop de Dr. Dre jusqu’au punk rock des Clash – ou par les différentes couleurs et imageries qu’il confère à son univers si particulier, le jeune artiste apparait alors inclassable et novateur, à l’image des titres qu’il propose. Et si Oliver Malcolm n’a pas encore eu l’occasion de monter sur scène pour défendre ses titres, le jeune homme est pourtant impatient d’écumer les salles du monde entier. En attendant de pouvoir prendre l’avion, Oliver Malcolm se contentera du métro londonien pour se rendre aux studios d’enregistrements, où il prépare la sortie de son premier album.
Outside (2020) de Oliver Malcolm, disponible.
Sortie d’un album prochainement.