Qui est Jim Cummings, lauréat du Festival de Deauville et nouveau visage du cinéma indépendant américain ?
Avec « Thunder Roads”, Jim Cummings raffle le Grand Prix de cette 44e édition du Festival de Deauville. Portrait d’un cinéaste bluffant, nouvelle figure de proue du cinéma indépendant américain.
Par Laura Catz.
Dans sa chanson intitulée Thunder Road, Bruce Springsteen narre l’histoire d’un homme qui invite une jeune femme à sortir de son trou afin de découvrir le monde. Thunder Road, c’est aussi le film qui vient de recevoir le Grand Prix du 44e Festival de Deauville, dont le réalisateur, Jim Cummings, y interprète aussi Jimmy, un flic borderline qui assiste impuissant à la chute de son monde suite à la mort de sa mère et à la perte de la garde de sa fille. Ode à la sensibilité masculine, Thunder Road convoque un héros (ou anti-héros) loin de la success story à l’américaine. Policier et père parfait, Jimmy évolue dans une ville reculée des États-Unis, qui pourrait en faire basculer certains dans la folie. Censé incarner un parangon de virilité, le personnage est constamment sur le fil, entre rire et larmes, raison et folie, ridicule et beauté. Burlesque – et poétique – à souhait, Jim Cummings n’est pas sans rappeler un certain Jim Carrey. Dans son flot de parole discontinu, il danse, pleure, hurle de rire, excelle dans la crise existentielle. Sa performance ne laisse aucun doute sur son statut : il est le nouveau roi du cinéma indépendant américain.
Ses factures, Jim Cummings ne les paie pas encore avec son talent, mais avec des publicités, qu’il réalise en freelance et tourne en quelques jours. Et si ce beau brun de 31 ans a très peu d’expérience devant la caméra – on l’aperçoit dans The Handmaids’ Tale – il sait à quoi “ressemble“ une bonne performance d’acteur, De Niro ou Steve Coogan en tête. Pour créer le personnage de Jimmy, ce natif de la Nouvelle Orléans qui fréquente trois fois par jour le vidéoclub du coin, s’est imprégné de son environnement pour conter les dérives de la toxic mascunility : des durs à cuir que le malheur ne semble jamais atteindre et qui ont toujours raison, mais en réalité incapables d’exprimer leurs émotions. D’où les pétages de plombs qui finissent en tueries nationales. Acteur, réalisateur, producteur, scénariste et compositeur, cet homme-orchestre n’est pas prêt de lâcher ses baguettes.
Si Jim Cummings vend sa bague de fiançailles (après avoir divorcé) pour financer la version courte de Thunder Road, récompensée au Sundance en 2016, il fait appel à des donateurs virtuels via Kickstarter, une plateforme de financement participatif, pour en faire un long-métrage. Pour ce qui est de convaincre les exploitants, il incite les internautes à indiquer leur salle favorite sur Twitter. Et pour la forme, ce génie du système D s’est entouré de ses amis pour tourner son opus à Austin dans le jardin des uns et des autres. Reflet d’une nouvelle génération de cinéastes indépendants et bricoleurs, Jim Cummings réinvente la manière de faire du cinéma à l’heure du numérique.
Thunder Road, en salles le 12 septembre.