La BNF expose les travaux d’Amos Gitaï, cinéaste israélien engagé contre son gouvernement
Réalisateur très prolifique de fictions comme de documentaires, Amos Gitaï ne cesse de marquer de son empreinte l’histoire du cinéma. Alors que son dernier film, Laila in Haifa, a été présenté à la Mostra de Venise en septembre, c’est une partie colossale son travail qui s’invite à la BNF à Paris à l’occasion d’une exposition d’archives.
Par La rédaction.
Tandis que le conflit israélo-palestinien fait rage, l’un des cinéastes qui l’a le plus documenté et filmé est mis à l’honneur à Paris, où il présente à la Bibliothèque nationale de France (BNF) un nombre colossal d’archives. Au détour de fictions et de documentaires, Amos Gitaï radiographie depuis quarante ans l’état de son pays – comme dans Kippour, où il parle de la guerre de 1973 ou Free Zone (2005), avec Natalie Portman, où il personnifie la frontière entre Jordanie et Israël –, se faisant très critique envers le gouvernement israélien et produisant des œuvres radicales. Dans Ana Arabia (2013), il décrit, à l’aide d’un plan séquence de 81 minutes, la vie d’une petite communauté de marginaux juifs et arabes près de Jaffa tandis que dans Le Dernier Jour d’Yitzhak Rabin (2015), célèbre long-métrage du cinéaste, il documente l’assassinat survenu en 1995 de Yitzhak Rabin, Premier ministre israélien, après un long discours pacifiste. Le Prix Nobel de la paix a en effet été assassiné par un étudiant juif religieux d’extrême droite.
Souvent sélectionnés dans les plus grands festivals internationaux – notamment Laila in Haifa, dernière œuvre du cinéaste, qui a été présentée à la 77e Mostra de Venise en 2020 – les films d’Amos Gitaï font figure d’informations essentielles pour déchiffrer le monde et analyser ses tourments. À la BNF, sont donc présentés 30 000 documents et 150 000 fichiers, lesquels sont issus du travail effectué sur trois films, Donnons une chance à la paix (1994), L’Arène du meurtre (1996) et Le Dernier Jour d’Yitzhak Rabin (2015). Longeant l’allée Julien-Cain, on retrouve des scénarios, des articles de presse et autres photos de tournage récoltés sur vingt-cinq ans de travail. Un travail monumental, réuni sur dix-neuf téraoctets de disques durs contenant 150 000 fichiers, qui informe et dénonce le fanatisme religieux, tout en honorant un cinéaste culte quasi lanceur d’alerte.
Yitzhak Rabin/Amos Gitai, Bibliothèque nationale de France, Paris 13e. Du 19 mai au 7 novembre.