Pourquoi il faut voir The Sweet East, une pépite indé délirante avec Jacob Elordi
Le conte acide The Sweet East, premier film de Sean Price Williams qui a travaillé auparavant – en tant que directeur de la photographie – avec les frères Safdie, révèle au monde une actrice phénoménale, la jeune Talia Ryder, qui vole la vedette à Jacob Elordi.
par Violaine Schütz.
Que donnerait l’histoire d’Alice au pays des merveilles si elle était transposée dans l’Amérique des freaks et des paumés d’aujourd’hui ? C’est le pitch délirant du picaresque The Sweet East, l’un des films indépendants les plus attachants de ce début d’année. Le road trip loufoque a été présenté en avant-première à la Quinzaine des cinéastes du Festival de Cannes 2023 et a reçu le Prix du Jury au Festival du cinéma américain de Deauville 2023.
The Sweet East : une version hallucinée d’Alice au pays des merveilles avec Jacob Elordi
On y suit Lillian, une lycéenne dont on ne sait rien, vêtue d’un tee-shirt Led Zeppelin et pourvue d’un regard qui vous perce le cœur. L’adolescente qui s’ennuie sévèrement décide de fuguer durant un voyage scolaire à Washington DC. Elle va alors rencontrer une foule de personnages étranges et dérangeants, d’un punk qui lui dévoile son anatomie piercée (joué par le fils de Nick Cave, Earl Cave) à un professeur pédophile en passant par des anarchistes, une communauté rurale fondamentaliste, des réalisateurs snobs et des suprémacistes blancs. Elle croisera même la route du nouveau chouchou d’Hollywood, Jacob Elordi, dans le rôle d’un acteur célèbre qui va se faire très vite assassiner.
La révélation d’une actrice phénoménale : Talia Ryder
Porté par une actrice phénoménale, la révélation Talia Ryder (vue dans Dumb Money et Never Rarely Sometimes Always et n’ayant aucun lien de parenté avec l’excellente Winona Ryder), The Sweet East est un conte halluciné et détraqué sur tout ce qui va mal au fin fond des États-Unis, comme dans les grandes villes. On se retrouve embarqué dans un hôtel glauque de New York ou dans une cabane isolée située dans le Vermont, à travers la caméra dévergondée de Sean Price Williams, ancien directeur de la photographie des frères Safdie.
Par sa grande liberté artistique (Sean Price Williams puise autant chez Gregg Araki et Harmony Korine que dans le found footage, le fantastique, l’horreur et l’univers du conte), le réalisateur épouse parfaitement la vision de son héroïne blasée et solitaire, en quête de liberté et de possibilités. Une jeune fille qui veut juste vivre sa vie – selon l’expression de Godard – et échapper aux menaces de la domination masculine (les prédateurs masculins rôdent sans arrêt autour d’elle) et du capitalisme. Et cette Lillian est si touchante qu’on en oublie certains plans trop foutraques, trop trash et clichés (caricaturant le cinéma d’auteur américain des nineties) assez irritants.
The Sweet East (2024) de Sean Price Williams avec Talia Ryder et Jacob Elordi, actuellement au cinéma.