Rencontre avec Julie Gautier, apnéiste, danseuse et réalisatrice, amie de la maison TAG Heuer
Double recordwoman en France de la plongée en apnée, mais aussi danseuse et réalisatrice confirmée, Julie Gautier s’impose comme une sportive et artiste exceptionnelle à la carrière remarquable. Amie de la maison d’horlogerie TAG Heuer, Julie Gautier se confie à Numéro sur sa passion de l’apnée, de la danse et du monde sous-marin, à l’occasion de la campagne de lancement de la nouvelle collection de montres Aquaracer dont elle est l’une des protagonistes.
Propos recueillis par Léa Zetlaoui.
Née en 1979 sur l’île de la Réunion, Julie Gautier découvre la vie sous-marine dès son adolescence par son père, chasseur sous-marin, tandis que sa mère danseuse l’initie à cette pratique. À 18 ans, elle commence l’apnée en tant que sport et débute la compétition en 2000 au championnat du monde à Nice, avant de devenir double recordwoman en France d’apnée en poids constant (pratique qui consiste à plonger le long d’un câble sans le toucher), d’abord en en 2006 avec une profondeur de soixante-cinq mètres et puis en 2007 avec soixante-huit mètres. Tandis qu’elle arrête la compétition en 2009, Julie Gautier débute avec son compagnon l’apnéiste Guillaume Néry une carrière artistique en tant que danseuse et réalisatrice en apnée et signe de nombreux films notamment Free Fall (2010), Narcose (2014), Ama (2018). Ces vidéos puissantes nous plongent dans un monde sous-marin majestueux à la beauté époustouflante et se font les manifestes d’un besoin urgent de protéger la planète ainsi que la faune et la flore marines. Au cours de sa carrière, Julie Gautier a également participé au clip Runnin’ de Beyoncé, ainsi qu’au film Marie Madeleine (2018) de Garth Davis pour lequel elle réalise les prises de vue sous l’eau et double l’actrice principale Rooney Mara. Numéro a interviewé cette sportive et artiste exceptionnelle, à l’occasion de la campagne de lancement de la nouvelle collection de montres Aquaracer de TAG Heuer dont elle est l’une des protagonistes.
NUMÉRO : Quelle sensation recherchez-vous lorsque vous plongiez en compétition et aujourd’hui lorsque vous réalisez des films de danse sous l’eau ?
JULIE GAUTIER : Il s’agit de deux sensations totalement différentes. En compétition je suis à la recherche de la performance et du dépassement de soi, alors qu’avec la danse sous l’eau je cherche surtout à lâcher prise, c’est le sentiment de liberté qui prime.
En quoi est-ce différent de danser sur le sol et dans l’eau?
Danser sous l’eau en apnée c’est totalement l’inverse de danser sur terre. Quand on danse sur terre on essaie d’échapper à la gravité, de s’envoler. Au contraire, dans l’eau on essaie de s’ancrer dans le sol pour ne pas flotter. Mon idée première c’est d’apporter le mouvement de la danse sous l’eau. C’était vraiment un besoin de pesanteur, un besoin de travailler sur le sol. Il y avait beaucoup de choses qui avait été déjà faite au niveau de la danse dans l’eau, beaucoup de vidéos qui existaient de femmes faisant des mouvements en apesanteur, mais il ne s’agissait pas vraiment de danse, parce que pour danser il faut des appuis. Pour emmener la danse sous l’eau j’ai dû travailler sur le sol et cela m’a fait comprendre qu’au lieu de lutter pour m’envoler je devais lutter pour rester au sol, pour pouvoir par la suite m’envoler. C’est cela qui fait la force de la danse sous l’eau, cette capacité d’envol qui nécessite d’avoir un ancrage. Pour y arriver il faut avoir de fortes aptitudes en apnée et bien connaître son corps : c’est pourquoi ma carrière d’apnéiste m’a été très utile.
Qu’apporte la pratique de la danse à la pratique de l’apnée et inversement ?
Ça m’apporte beaucoup dans ma manière de filmer car je filme en apnée et je filme comme je danse, comme je bouge sur terre. J’utilise énormément ma souplesse, je me contorsionne dans tous les sens pour faire des mouvements fluides et gracieux que l’on peut voir à l’image.
Pouvez-vous partager un souvenir qui vous a marqué depuis le début de votre carrière ?
La première fois que j’ai montré mon film, Ama, en avant-première en Chine alors que jusque-là tous mes films avaient été diffusés en ligne mais sans projection. Dans cette grande salle avec beaucoup de public, j’appréhendais de projeter mon film car personne ne l’avait vu auparavant et c’est un projet qui me tenait à cœur. A la fin de la projection il y a eu un énorme silence… J’ai regardé les gens et beaucoup étaient en pleurs dans la salle, on sentait l’émotion dans le public. C’est ce que j’avais voulu transmettre dans ce film et cela a été une récompense extraordinaire de le ressentir dans la salle. Pour moi, ressentir l’émotion des gens est quelque chose de fort, qui vaut des millions de likes sur Youtube.
Dans l’eau la perception de l’espace et de la gravité sont différentes, qu’en est-il de celle du temps ?
Tout est ralenti dans l’eau. L’eau a ce pouvoir de ralentir le mouvement mais aussi le temps : on a l’impression de passer des heures dans l’eau alors qu’on y est resté beaucoup moins. Lors d’une plongée, je peux avoir l’impression de rester 3 minutes sous l’eau à filmer et bouger alors qu’en temps effectif je suis restée juste quelques secondes.
Aujourd’hui vous êtes amie de la maison TAG Heuer. En quoi le nouveau modèle Aquaracer est-il idéal pour la plongée en apnée et les sports aquatiques extrêmes ?
Une fois dans l’eau je ne veux plus avoir de rapport au monde, ni avec le te temps qui passe et j’y arrive grâce à la TAG Heuer Aquaracer. C’est une montre très ergonomique et confortable et surtout, on la sent peu. De même, quand je filme c’est appréciable d’oublier que je porte ma montre, car je dois me focaliser sur les sensations et oublier tout le reste.
Vous êtes également réalisatrice en apnée et lorsque vous avez tourné le film dirigé par le réalisateur Jonas Egi, comment est-ce que le tournage s’est déroulé puisque cette fois-ci vous n’êtes pas derrière la caméra ?
C’était très intéressant car j’étais là pour donner des conseils en termes de préparation parce que Jonas n’avait pas l’habitude de filmer dans l’eau. Donc nous avons discuté sur ce qui était faisable, comment gérer un tournage en apnée en termes de véhicule, de bateau, de technique… Au niveau esthétique j’ai trouvé génial de pouvoir être dirigée par quelqu’un d’autre et de pouvoir faire quelque chose de nouveau dans l’eau. Car d’habitude c’est toujours moi et mes idées alors que là je pouvais voir la vision de quelqu’un d’autre qui m’utilise en tant que personnage, c’était très enrichissant. De plus, il y avait tout un nouvel aspect avec les effets spéciaux notamment où j’ai dû sauter sur un trampoline avec ma combinaison et j’ai adoré ! C’est quelque chose que je n’aurai jamais essayé sans ce film, c’était une magnifique expérience.