César 2019 : quels seront les nommés au meilleur espoir masculin ?
Dix-sept jeunes acteurs ont été retenus parmi les Révélations 2019, liste de présélection pour le titre de “meilleur espoir masculin” des César, dont la cérémonie, présentée par Kad Merad, aura lieu vendredi 22 février 2019. La liste finale ne retiendra que cinq candidats. D'Anthony Bajon à Karim Leklou, qui mérite de recevoir la précieuse statuette?
Les superstars : Félix Maritaud et Karim Leklou
Mis en lumière grâce au film 120 Battements par minute (grand prix du jury à Cannes et César du meilleur film 2017), où il jouait Max (un second rôle), Félix Maritaud est aujourd’hui pré-nommé aux César dans le film Sauvage réalisé par Camille Vidal-Naquet. Il y campe le rôle de Léo, un jeune homme gay de 22 ans qui se prostitue pour l'argent. Il enchaîne les prestations mais se désespère de ne pas rencontrer l’amour. Des rôles intenses qui lui permettent de montrer l’étendue de son jeu d’acteur.
Jamais pourtant l'ancien étudiant des Beaux-Arts n’avait envisagé cette carrière, lui qui a accumulé les boulots (barman, jardinier) avant d’être repéré et directement propulsé en haut de l’affiche à Cannes. En 2018, le comédien de 25 ans y a d’ailleurs représenté deux nouveaux films : Un couteau dans le cœur réalisé par Yann Gonzalez aux côtés de Vanessa Paradis et Sauvage pour lequel il a obtenu à Cannes le prix Fondation Louis Roederer de la Révélation Masculine à la 57e édition de la Semaine de la critique. Une récompense de bon augure pour celui qui déclarait il y a peu qu’il désirait “faire des chefs-d’œuvre et c’est tout !”
“J’ai eu un véritable choc à l’âge de 10 ans en regardant ‘Do the Right Thing’ de Spike Lee sur une VHS.” Karim Leklou
À 36 ans, l’acteur montant du cinéma français Karim Leklou est pré-nommé dans la catégorie “Meilleur espoir masculin” poiur Le monde est à toi de Romain Gavras où il campe le rôle d’un petit dealer dénommé François qui rêve de devenir le distributeur officiel de Mister Freeze au Maghreb. Ce rôle lui offre une nouvelle opportunité de remporter un César, deux ans après avoir été pré-nommé dans la même catégorie pour son rôle de Josef Bousou dans Coup de chaud réalisé par Raphaël Jacoulot. Une véritable ascension pour celui qui est tombé dans le monde du cinéma par hasard mais aussi par envie. Né à Sèvres (Hauts-de-Seine) en 1982, le comédien expliquait l’été dernier qu’il avait eu “un véritable choc à l’âge de 10 ans en regardant ‘Do the Right Thing’ de Spike Lee sur une VHS.”
Suite à de multiples castings, Karim Leklou intègre différentes productions. Il démarre par des courts-métrages avec sa bande de potes jusqu’à intégrer l’équipe du film Un Prophète réalisé par Jacques Audiard en 2009. Il obtient le rôle principal dans le film Marseille, la nuit en 2012 qui lui vaut le prix d’interprétation au Festival d’Angers. L’acteur enchaîne des rôles importants dans Les Anarchistes d’Elie Wajeman (2014) et dans Voir du pays réalisé par les sœurs Coulin (2016). Fin 2018, Karim Leklou brille dans la nouvelle série Hippocrate sur Canal+, tirée du film de Thomas Lilti, dans laquelle il incarne un médecin légiste franco-albanais.
Les “fils de” : Jules Benchetrit et Roman Kolinka
Repérés par casting sauvage, les deux gamins des quartiers nord de Marseille à l’affiche de Shéhérazade sont confrontés aux “enfants de”. Parmi ces derniers, les deux des fils de Marie Trintignant : Roman Kolinka, fils de Richard Kolinka, le batteur de Téléphone, ainsi que Jules Benchetrit, le fils du réalisateur Samuel Benchetrit. Ce dernier a débuté en 2011 dans le film Chez Gino, réalisé par son père, qui l'a ensuite fait tourner en 2015 dans Asphalte. Il a également joué sous la direction de Lisa Azuelos dans Une rencontre, avec Sophie Marceau et François Cluzet, qui a lui aussi partagé la vie de Marie Trintignant. Jules Benchetrit avait 5 ans lorsque sa mère est morte sous les coups de Bertrand Cantat. Il a ensuite été élevé par Samuel Benchetrit et Anna Mouglalis. Déjà pré-nommé en 2016, le beau brun de 20 ans incarne aujourd’hui Mathieu Malinski dans Au bout des doigts, un passionné de piano qui devient virtuose, aux côtés de Lambert Wilson et Kristin Scott Thomas.
Si Jules Benchetrit a pour demi-sœur Lily-Rose Depp, il a aussi pour demi-frère Roman Kolinka. Fils aîné de Marie Trintignant né en 1986, le jeune homme s'est retrouvé très tôt devant une caméra puisqu’il a été dirigé par sa grand-mère, Nadine Trintignant, dans le téléfilm Victoire ou la douleur des femmes, en 2000. Elle l'a à nouveau fait jouer dans L'île bleue puis dans Colette, une femme libre, le dernier rôle de Marie Trintignant, décédée peu avant la fin du tournage. S’il gère un restaurant à Uzès avec sa femme Yoko depuis 2016, l’acteur poursuit sa carrière au cinéma avec l’auteure-réalisatrice Mia Hansen-Løve, pour laquelle il avait déjà tourné dans Eden et L’Avenir. Aujourd’hui, il campe le rôle d’un reporter de guerre qui s’éprend d’une jeune Indienne dans Maya.
Les concurrents : Dylan Robert et Idir Azougli
Si Shéhérazade est le titre premier long-métrage de Jean-Bernard Marlin, c’est pourtant bien un homme qui est la tête d’affiche de cette romance explosive. Dans les quartiers populaires de Marseille, Zachary est rejeté par sa mère alors qu’il sort de prison. Il rencontre Shéhérazade, mineure comme lui, prostituée qui survit comme elle peut. Et qui va choisir de s’abandonner à Zachary.
“Incandescent”, “électrisant”… le film a bousculé la Croisette lors de la Semaine de la Critique, mais aussi révélé deux jeunes acteurs non professionnels, dénichés lors d’un casting sauvage. Le jeune Dylan Robert qui campe Zachary, et Idir Azougli, 23 ans, qui interprète Ryad et s'illustre dans un somptueux monologue au tribunal. D’ailleurs, ce sont vraiment eux, les petites frappes du vieux port, que l’on découvre dans le film, rejouant leurs propres vies. Les voilà intégrés à la liste des César, pré-sélectionnés dans la catégorie “Meilleur espoir” grâce au radical Shéhérazade, à la croisée du cinéma naturaliste et du cinéma de genre.
Anthony Bajon, l'acteur sacré
La moue encore enfantine, le comédien Anthony Bajon est pré-nommé aux César pour le rôle de Thomas dans La Prière, le film réalisé par Cédric Kahn. Le jeune homme de 23 ans y incarne un jeune drogué qui, pour se sortir de la dépendance, va rejoindre une communauté isolée dans la montagne formée d’anciens addicts. Une expérience qui lui permettra de découvrir un environnement plus équilibré où les valeurs comme l’amitié, l’amour et la foi règnent en maître. Pour ce rôle, Anthony Bajon a reconnu s’être inspiré de son expérience personnelle, mais aussi de sa conception de la foi qu’il a découverte très jeune “après avoir traversé une mauvaise passe dans sa vie”.
Récemment récompensé par le prix d’interprétation masculine au Festival de Berlin pour cette performance, le jeune homme a toujours été attiré par le monde du cinéma. Le bac en poche, Anthony Bajon hésite à intégrer les cours de théâtre du Studio Muller, mais le côté scolaire l’en dissuade. Il scrute les annonces de castings et décroche de petits rôles dans différents films comme Rodin de Jacques Doillon (2017) ou encore Nos années folles d’André Téchiné (2017). Des expériences et des rencontres qui forgeront le jeu du comédien en herbe dans la préparation de son rôle pour La Prière, lui qui a besoin de jouer de façon très instinctive.
Découvrez la liste complète des révélations comédiens :
Idir Azougli dans Shéhérazade
Max Baissette de Malglaive dans Monsieur Je-sais-tout
Anthony Bajon dans La Prière
Jules Benchetrit dans Au bout des doigts
Shaïn Boumedine dans Mektoub, my love : canto uno
Amir El Kacem dans Abdel et la comtesse
Thomas Gioria dans Jusqu’à la garde
Sofian Khammes dans Le monde est à toi
Roman Kolinka dans Maya
William Lebghil dans Première année
Karim Leklou dans Le monde est à toi
Grégoire Ludig dans Au Poste !
Andranic Manet dans Mes Provinciales
Félix Maritaud dans Sauvage
Christophe Montenez dans Le Retour du Héros
Dylan Robert dans Shéhérazade
Ahmed Sylla dans Chacun pour tous