Fervent soutien de l’art africain et ses diasporas, la galerie Mariane Ibrahim s’installe à Paris
Près de dix ans après avoir fondé sa galerie d’art contemporain à Seattle, puis deux ans après s’être installée à Chicago, la Franco-Somalienne Mariane Ibrahim inaugure un nouvel espace à Paris, avenue Matignon, en septembre prochain. L’occasion d’y poursuivre son accompagnement des artistes issus de la diaspora africaine en les introduisant au public européen.
Par Matthieu Jacquet.
À l’instar de nombreux domaines, le monde de l’art est de plus en plus souvent critiqué pour son important manque de diversité. À raison : si son marché laisse timidement depuis quelques décennies émerger quelques figures majeures, qu’elles soient africaines, asiatiques ou arabes, celui-ci reste encore très largement dominé par les artistes blancs et occidentaux. Cela fait bientôt dix ans que Mariane Ibrahim entend contribuer au renversement de ce paradigme. En 2012, la Franco-Somalienne inaugure à Seattle une galerie d’art baptisée M.I.A. gallery – la fusion de ses initiales avec l’acronyme de “Missing in Art” avec un objectif bien précis : défendre et accompagner des artistes contemporains issus de la diaspora africaine, et/ou dont la pratique puise dans l’histoire et dans les formes et réflexions post-coloniales.
Depuis la côte ouest des États-Unis, celle-ci part à la recherche de talents à exposer, faire découvrir au public et aux collectionneurs. Au fil des années, la liste de la galerie, renommée depuis sobrement Mariane Ibrahim, s’est élargie à quinze artistes, parmi lesquels on trouve le peintre ghanéen Amoako Boafo, dont les portraits sensibles ont notamment attiré l’attention du créateur britannique Kim Jones pour une collection Dior homme, la photographe new-yorkais Ayana V. Jackson, connue pour ses clichés revisitant l’histoire coloniale à travers les codes du portrait féminin historique, ou encore l’Allemande Zohra Opoku, dont les impressions et collages sur textile explorent les coutumes de son pays d’origine, le Ghana.
En 2019, Mariane Ibrahim quitte Seattle pour installer sa galerie à Chicago, où elle continue d’ancrer sa notoriété et celle de ses artistes à travers sa participation à des foires internationales, telles que Frieze, The Armory Show ou encore la FIAC, ou des propositions historiques, comme une exposition collective consacrée à des artistes afro-brésiliens l’an passé. Mais ses nombreux voyages en Europe et en France, d’où elle est issue, font naître chez elle un vif désir : celui de s’implanter dans son pays de naissance afin de poursuivre sa démarche d’ouverture et de visibilité. De plus, la galeriste n’est pas insensible au foisonnement artistique qui agite depuis quelques années la capitale française car, selon ses mots, “aujourd’hui, Paris revit, et renoue avec son faste culturel, artistique et historique d’antan”.
Portée par ce désir d’amener “Chicago à Paris et Paris à Chicago”, Mariane Ibrahim finit par trouver son espace au cœur de la capitale, dans le huitième arrondissement sur l’avenue Matignon – un quartier récemment réinvesti par de nombreuses galeries d’art contemporain, de Perrotin à White Cube en passant par Kamel Mennour et Almine Rech. Sur trois étages et une surface de 400 mètres carrés au total, Mariane Ibrahim pourra ainsi accomplir dans ce paysage son ambition entamée sur le territoire américain et dresser un pont entre les deux continents en diversifiant le paysage artistique parisien, en doublant sa programmation et en implantant ses artistes en Europe. Certains en sont d’ailleurs issus, comme le plasticien français Raphaël Barontini, qui inaugure demain une exposition personnelle au studio des Acacias. Son travail fera partie de l’exposition inaugurale de la galeriste, qui en septembre prochain accueillera son public avec une présentation générale des travaux de ses artistes. Son nom : “J’ai deux amours : mon pays et Paris”. Tout est dit.
La galerie Mariane Ibrahim ouvrira ses portes en septembre prochain Avenue Matignon, Paris 8e.