Charles de Vilmorin dévoile sa première collection haute couture dans un film féérique
Pour sa première collection en tant que membre invité du très convoité calendrier de la haute couture, le jeune Charles de Vilmorin dévoile une collection baroque et multicolore intégralement peinte à la main où joie, amour et poésie s’incarnent dans le petit théâtre de son imaginaire fertile.
Par Matthieu Jacquet.
Rejoindre le prestigieux calendrier officiel de la haute couture en tant que membre invité est un objectif que partagent beaucoup de créateurs, mais ils sont peu nombreux à l’atteindre. À seulement 24 ans, Charles de Vilmorin peut se prévaloir d’avoir déjà coché cette case. Diplômé de l’IFM, le créateur parisien attirait déjà, il y a deux mois, l’attention du créateur Alessandro Michele qui le choisissait parmi les 15 jeunes créateurs soutenus lors du GucciFest. À cette occasion, le premier film présenté par le jeune homme installait déjà clairement les fondements de son univers : un monde merveilleux peuplé de créatures féériques, une profusion de couleurs et de volumes, une nostalgie euphorique des années 80 et un amour évident du dessin et de la peinture. Dévoilée hier à travers un nouveau mini-film réalisé par Studio L’Etiquette, la collection haute couture printemps-été 2021 du créateur s’empare à nouveau de cette base féconde. En ouverture, ce dernier s’y montre sur un drap blanc qu’il macule à la bombe du titre de sa collection. Plus tard, il réapparaît une carabine à dans les mains et tire des jets de peinture orange sur les murs blancs, un écho non dissimulé aux fameux Tirs de Niki de Saint Phalle – toiles-performances réalisées suivant ce même procédé.
Car au sein des onze silhouettes dévoilées dans cette collection, chaque pièce est méticuleusement peinte à la main et donc unique. Des paires d’yeux, visages et femmes dénudées, des fleurs et cœurs autant que des papillons et dragons s’y déploient gracieusement dans un jaillissement multicolore et romantique rappelé, au milieu de la vidéo, par la présence d’un ara au plumage arc-en-ciel. En véritable coloriste, Charles de Vilmorin joue avec les rencontres tranchées entre rouge, jaune, rose, vert et bleu, accentué par les contrastes de volume de ses ensembles : d’immenses manches ballons, bombers rembourrés, basques bouffantes rappelant des hauts-de-chausses et jupe matelassée – technique qui s’affirme comme sa signature – sont contrebalancés par des collants et justaucorps qui habillent le corps comme une seconde peau. D’ailleurs, la peinture s’étend même jusqu’aux escarpins et cuissardes moulantes signées Francesco Russo et jusqu’aux visages intégralement maquillés pour envelopper les femmes dans leur intégralité. Les références du créateur sont claires : John Galliano chez Dior, Kansai Yamamoto, Jean-Charles de Castelbajac et même un soupçon de Christian Lacroix, dont le jeune talent semble déjà partager le goût pour la mise en scène, le rêve et le fantasme. Dans l’une des séquences du film, deux mannequins tirent d’ailleurs ensemble les ficelles de leurs propres ensembles, tels des pantins que le créateur activerait dès la tombée du jour, au moment d’ouvrir le théâtre de son propre imaginaire….