A tribute to my great friend Karl Lagerfeld
Babeth Djian, directrice et fondatrice de Numéro, rend hommage à son ami Karl Lagerfeld, disparu aujourd’hui.
Par Babeth Djian.
“Les mots me manquent pour exprimer ce que je ressens au plus profond de moi-même en apprenant cette nouvelle bouleversante. Rien ne pourrait suffire à évoquer toute la complicité, la tendresse et l’amour qui nous unissaient depuis tant d’années. Quand j’ai rencontré Karl la première fois, lors d’un déjeuner au Studio 7L – son lieu de prédilection sur la rive gauche parisienne comparable à la Factory d’Andy Warhol – j’ai été immédiatement fascinée par ce personnage hors du commun, si créatif, si inspirant, un homme d’esprit à la repartie sans égale. C’était il y a vingt ans, au tout début de Numéro, à l’aube d’une longue collaboration qui l’a vu signer, en tant que photographe, les séries haute couture du magazine. Karl était aimé par tous ses collaborateurs, qui louaient sa générosité sans bornes, et qui lui sont restés fidèles au fil du temps. Tourné vers l’avenir, sans nostalgie aucune, Karl n’avait peur de rien. Porté par une capacité exceptionnelle à se réinventer, il excellait dans tous les domaines. Au cours des séances photo que nous avons réalisées ensemble pour Numéro, son énergie communicative n’avait d’égale que son exigence envers lui-même et son autodérision. Au-delà d’un créateur, Karl était une icône contemporaine, et nos shootings nocturnes généraient de véritables attroupements dans les rues de la capitale : c'était une véritable rock star. Outre sa finesse extraordinaire et son érudition incomparable, il brillait toujours par son humour. Pendant des années, il m’a appelée “Madame Babeth”, en référence aux filles de Madame Claude ! Il avait l’art de tout dédramatiser, et adressait systématiquement un petit mot bienveillant à ceux qui l’approchaient. J’ai toujours admiré son extrême pudeur, son immense liberté d'esprit et son intelligence du cœur. Karl sera toujours présent et vivant dans le mien. C’est un véritable ami que je perds aujourd’hui.”
Babeth