How to Have Sex : le film bouleversant sur le consentement, l’adolescence et la fête

À tout juste 30 ans, la réalisatrice britannique Molly Manning Walker fait sensation avec son premier long-métrage How to Have Sex (2023). Récompensé du prix Un certain regard à l’occasion de la 76e édition du Festival de Cannes (célébrant les productions originales ou audacieuses), en mai dernier, le film sort enfin au cinéma ce mercredi 15 novembre 2023. Porté par l’actrice britannique Mia McKenna-Bruce (dans le rôle de Tara), le long-métrage dépeint les premières vacances d’un groupe de trois jeunes étudiantes anglaises en quête de rencontres et de fêtes débridées. 

How to Have Sex : un film bouleversant, lauréat du prix Un certain regard au Festival de Cannes 2023

Lâchées dans la faune enivrée d’un hôtel resort décrépi en Crête, le quotidien du trio de copines sera rythmé par les gueules de bois et les pool parties où l’alcool coule à flot. À travers les différentes expériences des protagonistes, la réalisatrice Molly Manning Walker livre un portrait émouvant d’une jeunesse entre deux âges, ne sachant plus trop où donner de la tête. Les jeunes filles doivent jongler entre leur volonté d’émancipation, leur envie de relacher la pression et leur peur de l’échec à l’approche des résultats des examens de fin de lycée.

La réalisatrice Molly Manning Walker déjoue les représentations sexistes liés à la sexualité 

Capturant avec justesse les moments d’euphorie comme les questionnements intérieurs que traverse Tara, l’une des héroïnes du film, Molly Manning Walker interroge également la pression sociale qui repose sur la première expérience sexuelle. En rentrant d’une soirée, les trois étudiantes font ainsi la rencontre d’un groupe de garçons occupant un appartement voisin. Dès lors, un rapport de séduction malsain s’installe entre Tara et Paddy (interprété par Samuel Bottomley). 

Rappelant le thème et l’esthétique aux couleurs saturées du film Spring Breakers (2013) d’Harmony Korine, Molly Manning Walker ajoute à son long-métrage un propos éminemment sociétal et féministe lorsque Tara subit un rapport sexuel non consenti. Effrayée à l’idée d’en parler à ses amies, l’adolescente préfère dans un premier temps garder pour elle le récit de cette expérience traumatisante, laissant poindre une sensation d’angoisse dès lors qu’elle croisera le regard de son agresseur. Avant que ses amies ne prennent conscience de la situation, Tara sera plongée dans une solitude profonde, révélant un sentiment d’oppression chez les spectateurs. 

À l’approche du dénouement de l’histoire, alors que le personnage de Paddy semble encore valorisé pour “l’avoir fait”, suscitant l’admiration dérangeante de ses homologues masculins, Tara donnera sa version des faits à ses amies qui la supporteront. Une conclusion qui, loin d’être moralisatrice, renverse une vision sexiste et patriarcale de l’acte sexuel, très souvent représentée au cinéma. How to Have Sex est sans doute l’un des films les plus forts et bouleversants sur le consentement et l’adolescence de ces cinq dernières années.

How to Have Sex (2023) de Molly Manning Walker, actuellement au cinéma.