Le défilé Dilara Findikoglu automne-hiver 2020-2021
Dans une salle de réception, entre des tables rondes où étaient assis les invités, Dilara Findikoglu présentait un nouveau défilé sombre et transgressif.
Par Matthieu Jacquet.
C’est du côté de la psychanalyse que la créatrice turque s’est tournée cette saison, puisant tout particulièrement dans les subtilités de l’âme et de la conscience humaines. Inspirée par des figures féminines telles que la poétesse américaine Sylvia Plath et la sculptrice Camille Claudel, toutes deux stigmatisées pour leur supposée “folie”, Dilara Findikoglu s’est inspirée de ces moments où la santé mentale fut vectrice d’enfermement et d’oppression – une réflexion qui se matérialise dans sa collection par une dualité entre l’obscurité et la lumière, exprimant le côté obscur et le côté lumineux de chaque individu. En découle une gamme colorée polarisée par des contrastes entre les noirs profonds, le bleu marine et le violet de certains ensembles, auxquels répondent des pièces blanches, bleu ciel ou bien illuminées par l’utilisation de tissus moirés, argentés ou cuivrés. Couleur fétiche de la créatrice, le rouge se retrouve quant à lui décliné sur des satins, des velours et des toiles de jute, jusqu’à former des pétales de roses assemblées aux bretelles d’une robe.
Chez Dilara Findikoglu, l’histoire du costume occidental n’est jamais bien loin : elle réapparaît à travers des références à l’époque victorienne, manifestée par des cols montant et froufrous, des clins d’œil à la mode rococo à travers les corps des hauts et leurs formes triangulaires évoquant les corps baleinés, ainsi qu’un rappel au vestiaire religieux par les voiles qui encadrent le visage. Chers à la créatrice, les ornements amenés par les broderies, le soutien-gorge décoré de croix argentées ou encore les ceintures de perles portant son nom – une signature récurrente dans ses collections – renvoient quant à eux au costume ottoman. comme un pied-de-nez au puritanisme vestimentaire de la mode du XXe, Dilara Findikoglu réinterprète le tailleur en proposant des ensembles de veste et jupe raccourcies.
Pour clore le défilé, une mariée dénudée s’avance, vêtue seulement d’une brassière et d’une culotte reliées par une bretelle et d’un long voile traînant derrière elle. L’héritage de la créatrice turque est clair : inscrite dans le sillon de l’excentrisme sexy de Jean Paul Gaultier, le déconstructivisme de Comme des Garçons et le tailoring punk de Vivienne Westwood, la mode de Dilara Findikoglu sonde les profondeurs de l’âme par ses pièces hybrides et sensuelles, entre occultisme et subversion.