Quand la danse rencontre les arts visuels : 3 spectacles à voir au printemps
À Paris, le printemps est riche en spectacles éblouissants. Alors que cellules et corps se mêlent dans les pièces d’Hiroaki Umeda à la Villette, Olivia Grandville dévoile un match de judo sur fond bleu Klein au MC93 et Catarina Miranda invite des patins à roulettes sur une scène fluorescente du Centre Pompidou. Découvrez trois spectacles de danse plaçant l’art visuel au cœur de leur mise en scène.
Par Elliot Mawas.
1. Les corps et les cellules s’animent à la Villette
Hiroaki Umeda est l’une des figures majeures de la scène avant-gardiste japonaise. À la fois scénographe, chorégraphe et musicien, l’artiste réalise depuis une dizaine d’années des installations entre illusions d’optique et immersion physique. Dans cette lignée, il présente à la Villette deux nouvelles pièces chorégraphiques, Vibrance et Median, dans lesquelles les corps s’intègrent aux arts numériques et interrogent les limites de l’humain. L’artiste de 44 ans pour qui la danse réside dans toute matière mouvante s’inspire, dans Median, de ce que l’on voit au microscope. En arrière-plan, des cellules immenses grouillent sur un écran lumineux dans lequel évoluent et se fondent les corps chorégraphiés. Les frontières de l’humain et du non-humain sont alors brouillées pour intégrer le danseur dans cette relation symbiotique qui le lie à la nature. Dans Vibrance, l’artiste explore le popping, une danse funk dont les mouvements jouent sur la contraction et la décontraction des muscles, à travers un trio de danseurs japonais. Une autre manière de faire vibrer les corps au rythme de leurs palpitations.
Hiroaki Umeda, Vibrance et Median, du 7 au 9 avril à la Grande halle de la Villette, Paris 19e.
2. Un match de judo poétique sur fond bleu Klein au MC93
“D’abord, il n’y a rien, ensuite il y a un rien profond puis une profondeur bleue” déclarait Yves Klein en 1959 lors d’uine conférence donnée à la Sorbonne au sujet de sa couleur favorite, dont il a créé une teinte unique. Inspirée par ce texte dont elle apprécie le “phrasé incroyable, semblant émaner d’un illuminé, délirant et drôle”, et la passion de l’artiste conceptuel pour le judo qu’il pratiquait avec assiduité, Olivia Grandville a imaginé pour le MC93 une pièce intitulée sobrement “Klein“. Au son d’une musique électro sur laquelle la voix d’un comédien incarne les mots de l’artiste prononcés lors de sa conférence, deux judokas investissent un espace plongé dans le célèbre bleu Klein. Au rythme des prises, ils se fondent progressivement dans le monochrome qui les tache, devenant des silhouettes abstraites. Avec grâce et musicalité, le spectacle déploie ainsi une réflexion incarnée sur l’évolution de l’art vers l’immatériel, quête poursuivie par l’artiste français jusqu’à sa disparition prématurée en 1962.
Olivia Grandville, Klein, du 13 au 17 avril au MC93, Bobigny.
3. Un quatuor de patins à roulettes fluorescents au Centre Pompidou
Dans une salle sombre, seize roulettes s’allument et leur lumière verte fluorescente dévoile un quatuor de danseurs sur patins. La mise en scène imaginée par la jeune artiste portugaise Catarina Miranda dans Cabraqimera met en avant une relation à l’espace et à la vitesse. Le décor épuré se transforme au rythme de la musique, créant des zones de lumières et d’ombre qui dramatisent les interactions entre les danseurs : rencontre, confrontation, symbiose projettent alors les corps dans un espace aux frontières du rêve. Entre les mondes intérieurs et oniriques, l’installation vidéo Poromechanics explore des thématiques similaires. Exposée au Centre Pompidou en parallèle du spectacle, elle présente différents artistes filmés sur fond monochrome dans des états de transe, stimulés physiquement et auditivement. Hypnotiques, leurs mouvements lents et leurs expressions faciales soulignées par des jeux de lumières paraissent révéler leur inconscient.
Catarina Miranda, Cabraqimera, 18 et 19 mars au Centre Pompidou, Paris 4e. L’installation vidéo Poromechanics est visible du 18 mars au 2 avril.