La créatrice de bijoux Shourouk dévoile une exposition insolite qui célèbre les strass
Plébiscitée depuis 2007, pour ses bijoux ludiques hauts en couleurs et en fantaisie, Shourouk Raheim, fondatrice de la marque Shourouk, présente jusqu’au 13 juillet 2022, “C’est chouette la vie”, une exposition insolite à la galerie Pixi – Marie Victoire Poliakoff. Dans un décor façon super marché de nuit, elle dévoile des objets du quotidien, produits ménagers, boites de parfums et paquets de cigarettes sot délicatement sublimées de strass Swarovski. Numéro a rencontré la créatrice française qui a fait de l’opulence et du glamour teintés d’humour un style de vie.
Propos recueillis par Léa Zetlaoui.
NUMÉRO : D’où vient votre amour pour les strass?
SHOUROUK RHAIEM : Je dirai que ça vient d’abord de mon enfance et en particulier des séries Dallas et Dinasty que ma mère regardait. Je trouvais ces univers fascinants. Puis il y a le côté tunisien aussi, avec sa mode orientale très clinquante, ses femmes hyper élégantes qui ne sortaient pas sans brushing.
Les strass ont-ils toujours été présents dans vos créations?
Oui toujours, même à mes débuts dans la mode avant que je ne lance ma marque de bijoux. Je me rappelle chez Galliano, j’avais réalisé des broderies entièrement en strass. Mon prénom veut dire “lever de soleil”, je devais donc être prédestinée à aimer les choses qui brillent.
Comment avez-vous eu l’idée de couvrir de strass des objets du quotidien et des produits ménager ?
Cette exposition est comme une psychanalyse.J’ai vécu une enfance plutôt normale bien que marquée par une crise identitaire, tiraillée entre mes origines française et tunisienne. Plutôt livrée à nous-mêmes avec sœur nous regardions la télévision et je me rappelle avoir été fascinée par les publicités, et notamment les familles que l’on montrait.
Parmi toutes ses publicités, laquelle vous a particulièrement marquée?
Je rêvais de la famille de la publicité pour Ricoré, dont l’image était à l’opposée de ce qui se passait chez nous. J’ai d’ailleurs choisi la boite de Ricoré strass en affiche de l’exposition.
Vous étiez fascinée par le message que projetaient ces publicités.
Oui! Le rêve qu’elle véhiculait me semblait inaccessible. J’avais l’impression d’être Audrey Hepburn qui regarde ce collier chez Tiffany & Co dans le film Breakfast at Tiffany’s. Finalement quand on travaille, et que l’on se débrouille bien, on peut complètement avoir cette vie.
Comment avez-vous choisi les produits que l’on peut admirer dans l’epxo?
Je les ai choisi parce qu’il m’évoquait quelque chose. Le paquet de cigarettes Kent par exemple me rappelle mon père. Il y a une boite du parfum poison, le parfum que portait ma mère et dont je détestais l’odeur.
Ce sont des modèles d’époque ?
Oui, le paquet de Ricoré c’est celui des années 80. J’ai chiné les objets, dont certains nous viennent des années 60 et 70, car je voulais vraiment que l’on retrouve cet aspect vintage que l’on voit dans les publicités.
Comment ses objets intégralement strassés ont-ils été réalisés?
Les strass Swarovski sont intégralement appliqués à la main avec un cure dent sur les objets. Je suis aidée par une petite équipe, notamment pour les remplissages, mais dès que le motif devient compliqué comme un dégradé pu un visage, c’est toujours moi.
Combien de temps passez-vous sur chaque objet?
Ça dépend, par exemple le paquet de cigarettes, a l’air très simple, mais en fait c’était compliqué et ça m’a pris une semaine car je voulais qu’il reste fonctionnel. Si les objets ne sont pas fonctionnels ça ne m’intéresse pas. Je n’aime pas les objets qui ne servent à rien.
Mais tous les objets de cette exposition ne peuvent pas être fonctionnels…
Non, pas tous évidement. Mais par exemple, les paquets de lessive OMO sont remplis. C’est une œuvre d’art en un sens, mais on peut quand même l’utiliser. En réalité ça vient aussi d’une réflexion sur le fait que si Elizabeth Taylor lavait elle même son linge, elle le ferait avec un paquet en diamants.
Quand on regarde les objets de cette exposition, on pense aussi au travail d’Andy Warhol et au Pop Art.
L’inspiration ne vient pas d’Andy Warhol, cette exposition beaucoup plus personnelle et transformer ces produits du quotidien en pièces de joaillerie puisent vraiment dans mon enfance et le rêve de la famille parfaite.
Parmi tous ses objets, lequel est votre préféré?
Je dirai le paquet de cigarettes Kent qui me rappelle mon père, alors que je le déteste car il nous a abandonné ma soeur et moi. Sinon, il y a le savon Lux, le savon des stars, dont Catherine Deneuve était l’égérie.
“C’est chouette la vie” Exposition du 24 Mai au 13 Juillet 2022 à la Galerie Pixi – Marie Victoire Poliakoff, 95 rue de Seine 75006 Paris