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Isabelle Huppert en 5 rôles insolites
Isabelle Huppert incarne à elle seule le rayonnement du cinéma français. Habituée des films de Claude Chabrol, François Ozon… Elle a tourné avec les plus grands réalisateurs. L’actrice s’est démultipliée tout en se forgeant une image bien à elle, entre élégance et intensité. Alors qu’elle illumine le film La Femme la plus riche du monde, Numéro revient sur cinq de ses performances les plus improbables.
par Margaux Coratte.

Isabelle Huppert, star du film La Femme la plus riche du monde
En robe vert néon signée Balenciaga (évidemment), Isabelle Huppert faisait sensation en mai dernier à lors de sa montée des marches au Festival de Cannes 2025. Présente à l’occasion de la projection de son nouveau film La Femme la plus riche du monde par le réalisateur Thierry Klifa, l’iconique actrice française attirait tous les regards. Dans ce long-métrage, elle s’immerge dans l’une des affaires politico-financières françaises les plus médiatisées de ces dernières années… l’affaire Liliane Bettencourt.
Récemment récompensée du prestigieux Prix Lumière à l’automne dernier, qui célébrait ses 50 ans de carrière, Isabelle Huppert incarne Marianne Farrère, patronne du groupe Windler. Cette dernière se lie à un certain Pierre-Alain Fantin, écrivain célèbre et photographe interprété par Laurent Lafitte.

Les rôles les plus improbables de l’actrice
Après avoir irradié l’affiche des films Les Gens d’à côté et La Prisonnière de Bordeaux en 2024, l’actrice française Isabelle Huppert nous réserve donc de belles surprises pour 2025 et 2026. En effet, l’icône de cinéma se plongera également dans la peau d’une comtesse sanglante dans le prochain film de la réalisatrice allemande Ulrike Ottinger, intitulé The Blood Countess.
Isabelle Huppert n’en finit donc plus de surprendre le spectateur par ses choix éclectiques. Celle qui a tourné avec Otto Preminger, Hong Sang-Soo et Ira Sachs alterne désormais les comédies, les drames et les thrillers avec l’habileté d’un caméléon.
Lors de son entretien avec Numéro en août 2019, elle confiait pourtant que chacun de ses rôles comporte une forme d’autoportrait. Comme si, inconsciemment, elle choisissait des personnages à son image. Polymorphe, sa carrière foisonnante comporte même quelques pépites surprenantes… Là où on ne l’attend pas forcément. Numéro revient sur ses rôles les plus insolites.

Une ouvrière syndicaliste dans Passion
Si le fait qu’Isabelle Huppert ait tourné avec Jean-Luc Godard n’est pas vraiment une surprise, son rôle d’ouvrière dans le film Passion (1982) l’est un peu plus. Syndicaliste révoltée, elle est l’incarnation même de la lutte des classes, si chère au cinéaste, en jouant le rôle d’une jeune femme licenciée par un patron qui apprécie peu ses activités militantes.
Deuxième collaboration entre Godard et Isabelle Huppert après Sauve qui peut (la vie) en 1979, le film signe notamment les retrouvailles entre le réalisateur et son chef-opérateur Raoul Coutard. Regard acéré sur son personnage, sans fioritures ni complaisance, Passion rappelle parfois Le Mépris. Il y est question, aussi, de cinéma. L’actrice, qui a dû apprendre à bégayer pour le rôle, s’est aussi pliée au travail en usine afin d’entretenir un rapport plus concret avec la réalité du film.
Passion (1982) de Jean-Luc Godard, disponible sur Canal VOD.

Une maîtresse survoltée dans Coup de torchon
Dans le film Coup de torchon (1981), Isabelle Huppert campe un personnage à l’opposé de l’image altière qui la caractérise. Maîtresse de Philippe Noiret dans le film de Bertrand Blier, son personnage est survolté, grossier au possible et animé par une fureur de vivre amère.
On peine même à reconnaître la voix de l’actrice lorsqu’elle lance ses répliques acerbes. Battue par son mari, elle revient avec froideur sur sa mort. “Je regrette de pas avoir été là pour le voir crever ce fumier de salaud. Tu sais ce que j’aurais aimé faire ? Prendre un tisonnier chauffé à blanc et lui enfoncer dans le trou ». Un franc parler jouissif qui s’ajoute à la galerie de personnages cruels et lâches du film.
Coup de torchon (1981) de Bertrand Blier, disponible sur Canal VOD.

Une inspectrice masochiste dans Tip Top
Un filet de sang qui coule le long de l’arrête de son nez, une gouttelette qu’elle rattrape avec la langue… Isabelle Huppert est une inspectrice de la police en pleine enquête dans un commissariat corrompu dans le film Tip Top (2013). Pincée et autoritaire, son personnage décalé de commissaire Lafarge fait face à Sandrine Kiberlain et François Damiens, tout aussi gauches et grinçants qu’elle.
Alors que les uns sont des racistes assumés, des voyeurs ou flics apathiques, la commissaire retrouve son mari — Samy Naceri — dans sa chambre d’hôtel pour une partie de jambes en l’air sadomasochiste. Couverte de bleus, elle mène l’enquête à la baguette, faisant de ce rôle l’un des plus extravagants qu’elle ait tenus.
Tip Top (2013) de Serge Bozon, disponible sur Canal VOD.

Une dangereuse psychopathe dans Greta
Le film Greta (2019) de Jordan Neil fait écho à certains rôles terrifiants qui ont forgé l’image glaçante de l’actrice. Violette Nozière de Claude Chabrol (1978) la montrait en parricide sans âme ni remord. La Pianiste de Michael Haneke (2001) faisait d’elle une professeure de piano psychopate. Tandis que le film Elle de Paul Verhoeven (2016) la montrait détachée, insaisissable. Dans Greta, Isabelle Huppert incarne une veuve solitaire, recluse chez elle comme dans un donjon.
Alors que Frances (Chloë Grace Moretz) lui rapporte son sac à main trouvé dans le métro, la femme se révèle être un personnage dérangé, habitué à tendre des pièges à des jeunes filles pour faire de leur vie un enfer. Si ce rôle dénote dans le reste de sa carrière, c’est parce qu’il présente tous les codes du thriller. Un genre auquel l’actrice n’est pourtant pas habituée. Film noir farcesque et un peu kitsch, Greta prouve la grande capacité d’Isabelle Huppert à se renouveler et à choisir des rôles inattendus.
Greta (2019) de Neil Jordan, avec Isabelle Huppert, disponible sur Amazon Prime Video.

Isabelle Huppert dans son propre rôle dans Dix Pour Cent
La série est connue pour accueillir les grandes figures du cinéma français : Fabrice Lucchini, Nathalie Baye, Virginie Efira, Isabelle Adjani, Juliette Binoche ou encore Guy Marchand y défilent tour à tour dans un délicieux exercice d’autodérision. Entre Gérard Lanvin et Cédric Kahn, Isabelle Huppert fait elle aussi l’objet d’un épisode lors de la saison 3. Dépeinte comme un vrai bourreau de travail autoritaire, on la voit notamment réécrire ses lignes de textes et imposer sa vision du film à un metteur en scène désemparé…
Dix pour Cent (2017) de Fanny Herrero, disponible sur Netflix.
La Femme la plus riche du monde de Thierry Klifa, actuellement au cinéma.